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Writer's pictureSylvain Lupari

BREIDABLIK: Alduorka (2022) (FR)

De violent à rêveur, il y a de la superbe MÉ au pouce carré dans cet album

1 Alda 20:52

2 Orka I 3:25

3 Rán 3:56

4 Hraznō 7:42

5 Himinglæva ok Kolga 7:06

6 Orka II 4:33

Apollon Records Prog ARP053CD

(LP/CD/DDL 47:34)

(Dark ambient Prog Berlin School)

J'aime la musique de Breidablik! Au fil des ans le groupe de Morten Birkeland Nielsen a réalisé de solides albums qui intégraient une vision de MÉ progressive aux structures de Berlin School vintage auxquelles le groupe scandinave nous avait habitué avec la venue de Penumbra en 2017. Si Omicron flirtait avec l'excellence, ALDUORKA l'est! Même son moment le plus vulnérable, Himinglæva ok Kolga, trouve sa façon de nous enchanter. Pourtant, Morten n'a jamais été si peu convaincu d'un album que celui-ci. Il avait une crainte que le public rencontre une difficulté à vivre avec une approche nettement plus progressive. Et pourtant! Cet album inspiré par le mouvement de l'eau océanique et de ses vagues est excellent de A à Z. Tout d'abord, fini l'influence de Tangerine Dream! Il s'y trouve une fabuleuse empreinte de Heldon dans cet album où le Berlin School n'est pas plus différent ici qu'ailleurs. Un petit chef-d’œuvre de notre petit groupe Norvégien.

Le séquenceur est très actif en ouverture de Alda. Il structure une ligne de rythme qui grimpe une roue perpétuelle tout en libérant une autre ligne de rythme, plus en mode basse, qui roule dans son ombre. Ça donne un excellent Berlin School avec ces deux lignes ascendantes tissées tellement serré qu'aucune nano seconde de vide réside entre chaque ion sautant. Le synthé lance ces ondes et ombres avec d'étranges cris, donnant cette texture sibylline qui inonde les sens alors qu'une ligne de basse pulsatrice ajoute une dimension stroboscopique à Alda qui tranquillement érode son mouvement de vagues rythmiques avant d'atteindre la 6ième minute. S'ensuit une phase d'ambiances aussi intense que celle du rythme avec de multiples couches de synthé dont la couleur bleu acier flirte avec l'écarlate. Ces couches planent dans un décor structuré pour une bonne dose d'ambiant ténébreux (Dark Ambient). Une autre structure de rythme séduit nos oreilles quelques 6 autres minutes plus loin. Bien qu'ascensionnel, le mouvement est plus modéré et s'appuie aussi sur des riffs de six-cordes électrique que Håkon Oftung met en boucles, tout en créant une bonne dose de solos flottants. Ce sont de beaux solos qui atteignent des pointes d'émotivité lorsqu'ils sont maintenus dans une forme de cercles horizontaux. Lorsque la guitare se tait, le rythme perd un peu de sa tourmente temporairement pour réapparaître dans de denses nappes de voix et d'ombres chtoniennes.

Titre hyper-entraînant, Orka I dévoile sa nature par un mouvement du séquenceur sorti d'une sourde nappe du synthé. Scintillant et sautillant dans une forme ascendante, le mouvement se fait harponner par de bonnes percussions. La basse de V'ganðr est mortelle avec un jeu efficace qui épouse la forme du séquenceur. Tranquillement, notre esprit s'éclaire avec un sentiment qu'on a déjà entendu ce son. Et lorsque la guitare, furieuse et précise dans ses solos, nous atterrit dans les oreilles, on pense tout de suite à Richard Pinhas dans East-West et de même qu'à George Grünblatt dans l'excellent K-Priss. Rán offre une belle texture de musique flottante avec des ondes qui s'ajoutent et poussent les autres dans un beau setting d'implosions. Il y a une délicate texture de voix dans ce titre qui approfondit son côté abscons. Toujours en relation avec les vagues, Hraznō s'agrippe à nos oreilles avec un bon Berlin School pimenté d'éléments organiques et aromatisé de beaux solos de flûte. Si la première partie de Hraznō est lyrique, sa deuxième emprunte la voie d'un Berlin School furieux. Un Berlin School roulant sur un séquenceur sans parcelles de vide entre les ions sauteurs et où la guitare tente une invasion de solos qui sont timides versus la voracité du rythme. On arrive aussi sur Himinglæva ok Kolga par le bruits des vagues sur les berges. Son éclosion permet à la guitare de lancer des harmonies avec du riff lourd dans les accords. Un léger mouvement de rythme circulaire, arqué sur le fruit d'un séquenceur aux arpèges limpides tournoyant comme une comptine astrale, amène Oftung à donner plus d'émotions à ses solos. Le guitariste troque sa six-cordes pour sa flûte, le temps que le séquenceur polisse ses arpèges qui amènent une vision plus poétique à une berceuse de nuit se développant sans cesse dans une tourmente atmosphérique. Un très beau titre pour âmes sensibles. Je n'avais pas assez de Orka I! Alors Orka II arrive avec une texture plus rock à la Heldon avec un furieux jeu de Trond Gjellum aux fûts sur le jeu limpide du séquenceur dont le jumelage avec la batterie est tout simplement exceptionnel.

Quel magnifique album! Disponible à partir du 11 février sur l'étiquette Apollon Records Prog, ALDUORKA n'a aucun point mort. De violent à onirique en passant par une belle fusion prog Berlin School, cet album vogue sur une séduisante mer de styles tous interconnectés. Il y a de la grande musique électronique (MÉ) au pouce carré dans cet album qui sera disponible autant en vinyle qu'en CD et en format téléchargeable. Chapeau messieurs de Breidablik!

Sylvain Lupari (07/01/22) *****

Disponible au Apollon Records Prog Bandcamp

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