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Writer's pictureSylvain Lupari

A.D.S.R.: UNO (2020) (FR)

UNO est un album de musique ambiante qui explore les diverses structures appartenant au genre dans un contexte de libre penseur

1 Morgennebel 1 10:05

2 La Fleur 12:01

3 Cosmodrone 6:39

4 La Noche 10:24

5 Isolation 8:55

6 Atmodrone 15:54

7 Morgennebel 2 7:04

(CD-R/DDL 71:04)

(Dark Ambient Music)

Je pourrais débuter cette chronique en vous disant que ce nouveau projet de SynGate est un album ambiant comme il y en a des centaines, des milliers voire. Mais, ce n'est pas le cas. Oui, A.D.S.R. est un autre groupe ou artiste obscur du label Allemand. On me souffle à travers les notes de presse que ce sont deux musiciens connus qui ont décidé de produire un album qui tourne principalement autour de Drones Ambiants à la recherche de réalité (Ambient Drones Searching Reality). Et si c'était le cas, pourquoi préférer l'anonymat? MOBS (Detlev Keller) a fait le coup avec le majestueux Aus dem Nichts en 2014. Puis vint Wolfgang Nachahmer l'année suivante, on ne sait toujours pas qui c'est, et là A.D.S.R. et un premier album, UNO, qui devrait chasser les craintes d'une musique ambiante noire et nébuleuse, car…Voici ma chronique pas signée dans l'anonymat 😊

Un son bourdonnant étend son lugubre manteau, alors que danse tout autour une note de clavier et ses effets de réverbérations cristallines. Morgennebel 1 déploie ses longues ailes ambiantes où se cachent différentes tonalités et tintements, dont une ligne et son air spectral. Les ambiances frisent l'étape de Méphistophélique alors que des larmes de guitare les cisellent avec des lamentations aux intonations variées, un peu comme si l'auteur voulait garder son identité secrète. Et peu importe les origines de ses effets, de la faune bruitale et de ces lointains cris de guitare, Morgennebel 1 reste dans son tissu de musique noire que des lamentations shamaniques confirment encore plus. La Fleur exploite une partie, la plus méditative, de cette zone ténébreuse de Morgennebel 1. Peu à peu, la musique prend une tangente plus céleste avec une symphonie des vents qui est poussée par de bons arrangements orchestraux. Des éléments shamaniques ornent sa première partie, sans pourtant lui donner cet air ténébreux, alors que les lourds wooshh résonnants de la deuxième partie accueille une divine mélodie pianotée par un claviériste rêveur. Des fredonnements de déesses des vents accompagnent cette mélodie sans avenir jusqu'aux lourds drones de Cosmodrone. Quoi que chaque titre soit séparé, on sent un intime lien qui les relie. Ici, la couleurs des drones et leurs effets dansant sur la tuile de leur réverbération se traduit en accords solitaires qui gambadent en jouant innocemment avec leurs ombres. Des nappes chloroformiques, fortement teintées par les essences de lieux de cultes comme une église, ajoutent un zest plus célestin aux ambiances qui se font courtiser par des chants flûtés. De grands ombres de drones recouvrent ces chants de flûtes et cloitrent cet esprit libertin qui rôdait autour des ambiances de ce titres que l'on oublie avec cet avalanche de nappes intenses qui recouvre l'ouverture de La Noche. Les airs vibrionnant qui sortent de ces nappes d'orgues poussées en ligne par-dessus ligne donnent une vision intense qui est propre aux 3 premiers titres de UNO. La Noche nous amène vers une phase de percussions tibétaines et dévie tranquillement vers son univers sombre et ténébreux avec une présence d'un troisième type qui scrute à l'oreillette cette diversité des tons et leurs fascinants chants qui sont ficelés à ces multicouches de synthé dérivant avec des accords qui se regroupent le temps d'une courte mélodie évasive qui conclut ce titre, un peu comme La Fleur avait fait.

Les 9 minutes de Isolation expliquent assez bien ce qui se passe autour des 62 autres minutes de UNO. Des whoo-whoo et de faibles effets percussifs, je pense ici aux ambiances de The Keep par Tangerine Dream, sont les témoins de ces grandes nappes de synthé balayant les horizons, comme ces vieux phares guidant les bateaux la nuit. La texture des ambiances est lugubre et cache une faune bruitale qui devient des éléments de rythme évanescents. Les lignes de synthé s'empilent en balayant ces horizons noirs avec des intonations variées, jouant entre une texture sombre et une autre plus musicale avec des parfums de TD. La musique évolue constamment, privilégiant même une structure de rythme soutenue et qui garde sa forme malgré la lourdeur des réverbérations qui ont une substance caverneuse. C'est le plus beau titre de l'album qui reprend cette tangente atmosphérique lourde de ses drones et de ses multiples lignes de wooshh et de waashh pour un gros 8 minutes. Par après, une mélodie se dandine entre des gros cognements et leurs échos. Jouant en concerto avec un clavier et une guitare, elle nous fait oublier les lourdeurs de l'ouverture et arrive même à séduire encore lorsqu'une présence très agressive des drones finie par l'absorber dans les deux dernières minutes de Atmodrone. Décidemment, la 2ième partie de UNO nous réserve ses meilleurs moments. Morgennebel 2 n'a rien à voir avec le titre d'ouverture et propose une diversité, tant en rythmes en mélodies qu'en ambiances qui permutent avec fluidité dans ses 7 minutes. Il y a des moments où les nappes de synthés sont intenses et poignantes, comme ce moment où les effets sonores restituent des reflux de fluide ou encore ce rythme naissant d'un bruit. La flûte est nettement plus entendable ici et s'articule très bien dans ce concept de musique vivante et interchangeable de Morgennebel 2.

En conclusion, UNO est un album de musique ambiante qui explore les diverses structures appartenant au genre dans un contexte de libre penseur. En fait l'album est comme un immense collage musical auquel les auteurs ont greffés des moments de musique qui vont plus ou moins bien dans cette toile poussée par les réverbérations de multicouches de synthé. Ainsi, A.D.S.R. est libre de toutes obligations et fait un pêlemêle qui à la fin devient plus tolérable à ceux qui ne peuvent tolérer cette musique brouillée par des drones. C'est le meilleur des deux mondes quoi!

Sylvain Lupari (01/11/20) ***½**

Disponible au SynGate Bandcamp

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