“Pas sans failles, (a) period. n'est pourtant pas loin de la perfection!”
1 Period 01-Foreword 6:15
2 Period 02-Transverse Axis 6:24
3 Period 03- A Bluetiful Day 7:45
4 Period 04- Somewhen 8:49
5 Period 05- Befallen 7:16
6 Period 06- Haphazard 6:39
7 Period 07-Evermore 7:58
8 Period 08-Overpass 6:37
9 Period 09-Ambivalent 8:42
10 Period 10- Evocatory 5:03
(CD/DDL 71:33)
(Psybient, Tribal Dark Ambient)
C'est avec un gros vent. Un gros vent creux et bourdonnant que Foreword s'installe entre nos oreilles. Chaque souffle poussant un autre, le titre progresse par ces sourdes impulsions attachées à une nappe de basse vampirique. Cette texture atmosphérique est récurrente sur les 10 périodes de (a) period. Par la suite, chaque titre respire de sa liberté. Des premiers accords tintent et leurs projections lumineuses projettent une aura plus ou moins translucides qui donne cette vision de crème onctueuse se lovant dans un café noir. Et c'est la magie! Dans ce magma de sons infusés à la sidérurgie, la lente procession de Foreword se passe dans un univers de métal qui expose sa fragilité à s'alliant avec des éléments de psybient. Ils se faufilent entre des percussions qui répondent de leurs échos et des cerceaux métalliques qui se disloquent afin de créer une illusion de mélodie. Du glitch et de son attirance naît ce rythme lent, résonnant comme le baiser d'une ventouse, dans une usine où on fabrique des percussions et leurs effets sataniques. Il se dépose une mélodie aérienne peinte des couleurs chtoniennes qui se fait aspirer par le non-être de la musique alors que tranquillement fond Foreword et ses trompettes méphistophéliques dans un milieu où seul les adeptes de Aes Dana se sentent à l'aise; l'inconnu et ses sombres secrets révélés par antennes spirituelles. Il fallait un album fort pour survivre à Inks. Vincent Villuis passe le test en allant en sens inverse. Dans un album bien plus mystérieux, puisque très sombre, où les rythmes revêtent des textures tribales avec des tapements de pas sourds calquant des hymnes spectraux, il entraîne son auditeur dans un univers où les sons lapent leur imagination dans une fascinante fontaine de jouvence sise là où même nos rêves ont ce besoin d'une imagination transversée par une autre entité. Les structures de rythme ici fuient le modèle Électronica, à quelques exceptions près, pour embrasser des textures secrètes, étant trop assourdies par une enveloppe sonore peinte de sépia. S'ils sont différents, puisque souvent morcelés et structurés en deux et même 3 phases dans un même titre, les ambiances ont un parfum plus métallique, plus industriel avec des bourdonnements aux teintes évolutives, des cerceaux qui s'entrechoquent toujours et encore ainsi que des pluies venant de caniveaux secrets. Derrière les portes closes de mes paupières, j'ai imaginé des scènes de Underworld dans une couleur verdâtre. Humm…et je n'avais pas encore atteint la limite de mes antidouleurs!
Transverse Axis rempli mon casque d'écoute, la meilleure des options pour se laisser submerger par (a) period., de bourdonnements au diapason de toutes les nuances. Les vents sombres chuchotent les murmures de la déchéance dans une mare suspendue à l'envers au-dessus de nos oreilles. L'eau suinte et les indices sonores métallurgiques ne mentent pas quand aux origines de ce nouvel opus de VV. Les vents mugissent dans une montée d'adrénaline sonore qui fait pleuvoir ces mares utopiques jusqu'à ce que les chants du dieu Éole n'assèche les derniers moments de Transverse Axis. A Bluetiful Day! Cette très belle, et en même temps triste, pièce de musique vit par les élans sourds d'une nappe de basse grugeant les restants du remix fantôme de Fade To Grey, du groupe Visage. Tout se passe dans une nébulosité à peine perceptible. Un peu comme si des spectres fredonnaient cet élan rythmique de leurs bouches édentées et dénuées de cordes vocales avant que la mélodie de A Bluetiful Day étale ses songes sur un rythme hyper lent. Un ballet à deux temps pour un amant refusant de laisser partir le fantôme de sa bien-aimé. Somewhen a besoin d'un gros 3 minutes pour faire éclore un rythme sourd que l'on peut imiter de la langue sur notre palais, peu importe le débit. Mais pas le décor qui est constituer de gaz métalliques et de murmures freudiens bien à découvert sur une nappe de voix absentes. Les indécisions sonores se balancent en suivant les zigzags aériens alors que l'eau suintante des cavernes finie par inonder un plancher de danse avec une illusion de transe dans un moment trop court et une finale trop hâtive.
Nous sommes dans le cœur de (a) period., surtout avec Befallen et sa texture rythmique divisée entre une première approche de rythme tribal et une seconde approche plus électronique avec un noyau de basses-pulsations sautant nerveusement sur un qui-vive artificiel. Divisé en 3 phases, Befallen se termine dans une approche de rock tribale électronique avec de solides percussions et des éléments percussifs électroniques. Un gros titre! Et dans l'album et dans la discographie de Aes Dana. Haphazard a à peine besoin de 90 secondes pour laisser choir la structure la plus près de Inks dans (a) period. Du rythme électronique assourdissant avec ces cerceaux aux lames bien aiguisées qui tranchent les ambiances pour stimuler une texture rythmique morcelé entre une période de psybiances avant de reprendre une forme plus invitante. On glisse dans un long passage ambiant avec Evermore pour revivre avec la vision plus Électronica de Overpass. Le rythme roule comme un train avec ses ombres percussives et son cœur artificiel sous une bruine métallique et des cerceaux dont les entrechoquements créent des masses flottantes bleutées. Overpass aurait pu aussi faire partie de Inks. Plus ambiant que rythmique, l'univers de Ambivalent se développe à travers les nuances de ses bourdonnements sous une pluie radioactive qui nous projette aisément dans les visions de Blade Runner. Le titre porte très bien son nom avec une structure hésitante qui attaque le rythme près de 5 minutes plus loin avec des orchestrations à vous fendre le cœur en deux, tellement c'est poignant. Une courte phase très Électronica nous rappelle le côté psybient de Aes Dana qui termine son dernier opus avec Evocatory où les joyeux cris d'enfants trappés dans une texture où les ténèbres de Vincent Villuis luttent aussi avec une quiétude qui se fond à une finale sibylline.
Pas sans failles, (a) period. n'est pourtant pas loin de la perfection! C'est un album qui se découvre par écoute, chacune d'elle dévoilant son prochain bijou à apprivoiser. Les ambiances respirent les visions de Aes Dana dans tout ce qu'il y a de plus coutumier. C’est au niveau de la texture des rythmes, de l'émotivité et de la couleur sépia des panoramas sonores que (a) period. se démarque par rapport à Inks quoi est juste un autre chapitre dans l'histoire Aes Dana
Sylvain Lupari (02/08/21) ****½*
Disponible chez Ultimae Records
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