“CUT est une magnifique symbiose entre deux artistes dont les antipodes se soudent dans tout le respect de leurs styles respectifs”
1 Evenfall 7:24 2 6AM 7:00 3 Cut 5:52 Ultimate Records | INRE072
(DDL 20:16) (Psybient)
Pulsations vrombissantes, où chaque coup résonne dans une acoustique métallique et dont les charmes caoutchoutées infiltrent nos oreilles comme une danse de ventouse sur amphétamines, sur un fond sonore éclaboussée de pluies acides et de bruits blancs, mais enjolivé aussi d'une délirante mélodie spectrale, Evenfall explique à lui seul tous les charmes de CUT, et par ricochet toutes les audaces de ce savoureux label qu'est Ultimae Records. Pas étonnant que je sois tombé en amour avec les productions de ce label, et ce même si le genre musical est à des années-lumière de ce qui m'a amené à aimer le style Berlin School. Les coups sourds de l'introduction sont vifs, voire brutaux. On entend les cerceaux de métal trembloter, de même que ces voix absentes fredonner, et des arpèges hésitants qui forment des arabesques et dont les contours lumineux semblent geler dans un environnement sonique imperméabilisé d'une aura industrielle. Le rythme s'écrase sur un suave et sensuel down-tempo où des copeaux de métal broyés par une sécheuse, des grésillements d'outre-monde et des claquements de doigts d'une bête invertébrée sont le nid d'une envoûtante ligne de basse et des ses vives pulsations qui sont hypnotisées par cette mélodie dont les airs vont et viennent, comme une âme errant entre la luminosité et les ténèbres, entre ici et un là qui échappe à notre perception. Les percussions claquent et résonnent, perturbant la délicate balance de Evenfall avec d'épars coups brusques et mordant un beat écarlate qui se réfugiera dans une soporifique finale ambiante. Tout une ouverture! Quelle belle façon de débuter cette première collaboration entre Aes Dana & Miktek où deux autres E.P. sont prévus à l'agenda du label Lyonnais. Après cette finale pour le moins reposante, 6 AM s'accroche à nos tympans avec des pulsations pétulantes qui revitalisent chacun de ses coups dans cette mare de tonalités grésillantes dont les fritures ornent les parures de paillettes industrielles de CUT. Ici le rythme est fragmenté. Claudiquant entre un up-tempo et un tempo plus mou que doux, il fait du stop'n'go dans une enveloppe éclectique où l'ambiant questionne le genre acid-house, avant de se cloîtrer dans une autre finale ambiante. La pièce-titre me rappelle un peu le climat de schizophrénie qui orne le générique d'ouverture de la série American Horror Story. Les pulsations basses dressent un genre de techno morbide. Une danse molle pour zombies où la pluie tombe du plancher et les billes pétiller sur le plafond. La richesse des tons et des sons est savoureuse alors que la musique, et ses artifices qui regorgent d'idées lumineuses, incite à la paranoïa. Une belle ligne de mélodie, très près de l'antre de la folie, rôde comme le Malin tentant de nous inviter à un délicieux banquet où la luxure sonique déborde de mille tentations. Des rythmes fragmentés, fracturés qui se dissolvent dans des phases d'ambiances futuristes et se ressoudent dans des tumultes moléculaires, CUT est une magnifique symbiose entre deux artistes dont les antipodes se soudent dans tout le respect de leurs styles respectifs. On retrouve la touche rêveuse de Miktek qui résiste aux morsures très acides de Aes Dana, qui n'a pas son pareil pour insuffler à ses ambiances et ses rythmes des éléments qui nous amènent aux lucarnes d'une toute autre dimension. CUT est le premier volet d'une collaboration qui nous promet deux autres E.P. J'ai déjà hâte au tome II. En fait, j'ai toujours hâte d'entendre les délices du label Lyonnais.... Sylvain Lupari (13/12/14) ****½*
Disponible au Ultimae Records Bandcamp
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