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Writer's pictureSylvain Lupari

AeTopus Cup (2023) (FR)

Il faut se donner le temps pour découvrir un album comme CUP

1 Pure 4:45

2 Clean Break 3:40

3 Beam 6:34

4 Relic 5:45

5 Sygna 5:10

6 Drue 4:24

7 They Know 4:57

8 Glance 2:05

9 Access 4:47

10 Sundial 5:23

11 Advert 4:13

12 Memento 4:56


13 Softgreen 7:02

(CD-Digipack/DDL 63:46)

(Ambient Prog New Age Psybient)

Au fil de mes découvertes sur la musique électronique (MÉ), j'ai souvent remarqué que cette forme d'art s'exportait toujours un peu mieux sur des titres dont les durées permettait aux oreilles d'aller de découvertes en audaces. Les titres plus courts manquaient cruellement de temps pour se justifier et servaient toujours un peu mieux la cause de bandes sonores. C'est cette première impression que j'ai eu en partant à la découverte de CUP. Ce premier CD de AeTopus sur le label Spotted Peccary propose une palette de 13 titres dont la durée moyenne ne dépasse pas les 5 minutes. AeTopus, c'est le projet de Bryan Hughes, un musicien qui roule sa bosse et qui a touché à tous les styles, sauf le rock et le rock progressif, depuis les années 80. Ses grands-parents étaient fans de Kitaro et de Ray Lynch, d'où cette subtile approche New Age derrière les mélodies fragmentées et/ou flottantes qu'on retrouve ici et là dans les dimensions de CUP. Son 3ième album, Between Empires, a d'ailleurs été voté meilleur album New Age de 2012. CUP est son 8ième album et il s'inspire du mouvement Zen et d'une parabole de la Coupe Brisée qui enseigne l'acceptation face au malheur. Concrètement, ça se traduit par une MÉ axée sur une richesse tonale découlant d'un maillage des textures sonores de la nature à des instruments acoustiques, genre guitare et percussions, et à des instruments de MÉ. Il faut s'habituer aux structures courtes qui sont remplies d'une horde de sons, notamment une très belle sélection d'accords cadencés, de percussions et d'éléments de percussions dans des panoramas luxuriants où la nature et le cosmos fusionnent leurs concepts. L'album démarre lentement pour finalement offrir une seconde partie qui justifie les attentes et qui recommande de réécouter l'album depuis ses débuts. En gros, une belle découverte!

Pure débute cette aventure au pays des sons de Bryan Hughes avec une structure de rythme en suspension. De courtes séries d'accords cadencés défilent par saccades dans les sillons d'un synthé qui trace une ligne de mélodie ondulante comme fantôme et son air légèrement mélancolique. Ce mouvement, dont l'impétuosité est pleine de retenue, et la mélodie se déroulent dans un contexte minimaliste qui hantera nos oreilles jusqu'à tard dans la journée. On remarque d'entrée de jeu la riche portée musicale du titre avec des tonalités acoustiques qui s'entremêlent à celles plus électroniques dans une fusion rythme et ambiance qui s'harmonisent en dépit de leurs courts intermèdes sans fils conducteurs. La structure et le panorama de Pure est un concept qui s'étend à la majorité des structures de CUP. Son dernier tiers fait évoluer cette vision de bouts de rythmes et d'harmonies répétitifs avec l'arrivée de percussions, de riffs de clavier et d'orchestrations qui donnent plus d'énergie à Pure dont le décor est agencé par d'autres arpèges et effets qui flottent et dérivent dans une ambiance plus ésotérique que cosmique. La démarche de Clean Break s'appuie sur une texture de séquences qui sculptent une avancée en pas-de-loup. Le synthé s'en détache pour faire rouler une belle mélodie. Les effets sonores, les nappes de voix séraphiques et l’ajout d'autres séquences, qui sautillent dans l'ombre de la structure principale, sont les principaux éléments de charmes qui ceinturent ce mouvement circulaire qui déploie de beaux zigzags harmoniques dans sa finale. Les vents de bruine qui sont à l'origine de Beam se transforment en banc de drones flottants. Des percussions et leurs cliquetis ornementaux sont des éléments plus décoratifs que rythmiques dans cette ouverture sous le signe de la méditation. Des nappes de voix, certaines sont sibyllines, et des orchestrations vaporeuses sont aussi des compléments à cette ouverture qui me rappelle qu'il faudrait bien que je réécoute In the Mood de Robert Plant plus tard. Une cassure intervient dès la 4ième minute avec un séquenceur actif qui lance des accords résonnant de vie organique, ces effets de croassement vont et viennent sans volonté rythmique et sont secondés par une ligne de séquences sous-jacente, dont les arpèges brillent en suspension, et des percussions qui structurent une finale plus entraînante. Relic est un des bons titres dans ce CUP qui s'apprivoise tout de go! Il est servi dans une enveloppe sonore à peu près similaire à celle de Beam, moins l'eau, mais plus riche de ses éléments de percussions disparates qui structurent un rythme lent, sautillant et harmonique. Les percussions ici sont performées par Mike Bajuk qui est aussi d'office sur Glance et Sundial.

Comme bien des titres de cet album, Sygna est une oasis de sons pour les oreilles. Son ouverture est riche d'une flore sonore où de lointains pépiements se perdent dans une nappe de brume bourdonnante. Des arpèges y tintent, le synthé y pépie alors que des rush de bourdons ajoutent une vision cinématographique inspirant un drame annoncé. Ici aussi, AeTopus est créatif au niveau du choix de ces tonalités percussives qui ajoutent toujours des bonbons de miel sonore dans les oreilles. Si des arpèges éclatent en morceaux d'étoiles rythmiques, les percussions structurent une lente procession faunique. Un rythme tribal ambiant que l'éclat des arpèges accompagnent d'une vision harmonique spectrale. Un peu plus et nous sommes dans le psybient! Les accords gras et les orchestrations amplifient la teneur dramatique du titre. À partir de Relic, on sent que Bryan Hughes se dégêne tranquillement. Rythme et non-rythme qui gravitent sur des phases en suspension, Drue est de la même facture que la musique de Patrick O'Hearn dans ses albums Ancient Dreams à Eldorado. Un titre méditatif avec des orchestrations tissées dans l'intensité émotionnelle! Autre titre de dimension cinématographique, They Know est à la dimension de Drue, avec en prime une petite mélodie orientale derrière son lourd canevas méditatif. On reste un peu dans cette dimension asiatique avec Glance, un titre axé principalement sur le pouvoir des percussions et d'accords percussifs qui se développe avec une bonne dose d'intensité. À mon avis, c'est trop court! Autre titre qui est aussi trop court; Access dont le rythme flirte avec les frontières de la EDM dans une enveloppe musicale et sonore qui embrassent celle des meilleurs moments de Solar Fields. C'est très bon, tout comme Sundial qui est le titre de MÉ plus conventionnelle à mes attentes; soit de découvrir d'autres sources de Berlin School. D'ailleurs, la tonalité des séquences est comme la belle époque. Au début, elles gambadent sans entrain dans des vents de cristaux bourdonnants et d'orchestrations. Rythmiques comme harmoniques, exactement comme Software, elles vont et viennent avec de séduisantes modulations dans les timbres et leurs élans hésitants. Le séquenceur active de bons effets de cliquet alors que les percussions suivent une progression entre leurs charges distancées pour finalement migrer vers un bon rock électronique. Ces 2 titres viennent grossir la section meilleurs titres de MÉ de 2023 dans mon lecteur réseau audiophile. Advert coule dans nos oreilles comme une pluie d'accords qui hésitent à tomber. Une ombre de basse s'installe et ses arcs modulatoires tissent des arabesques courbées où tintent ces accords et leurs ombres dimensionnelles. Les percussions, ou leurs effets, les séquences et les basses pulsations battent sans jamais atteindre une homogénéité rythmique, gardant une musique éveillée comme nos sens et nos oreilles à demi subjugués par ce petit univers de paradoxes. Parlant d'arcs ondulatoires, Memento est un superbe titre avec des ondes qui virevoltent doucement dans une chorégraphie astrale dont l'évolution et les orchestrations nous font lever le poils sur les bras. Il a aussi rejoint cette liste de mon lecteur réseau Cambridge. Softgreen termine CUP un peu sur le même modèle que Memento. Plus entraînant, avec une fine ossature rythmique spasmodique, la musique est aussi plus électronique-orchestrale, développant des phases rotatoires en mode boléro sous un bel alliage entre séquenceur, nerveux et saccadé, et de percussions sobres. Dans la lignée des bons titres de Software!

Il faut prendre le temps, se donner le temps pour découvrir un album comme CUP. La musique de AeTopus, à tout le moins ici, est une véritable mine d'or pour ceux qui aiment découvrir une riche flore sonore et la contradiction qui différencie sa nature. À cet égard, le mixage et le mastering sont tout simplement époustouflants. Il y a de petits bijoux dans cet album qui vaut amplement le temps de s'y arrêter. Un autre excellent coup de Spotted Peccary!

Sylvain Lupari (13/11/23) *****

Disponible sur Spotted Peccary Music Bandcamp

(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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