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Writer's pictureSylvain Lupari

AIRSCULPTURE: Before The (Full) Moon (2006) (FR)

Updated: May 12, 2022

Voici un enregistrement de la performance déjantée du trio autour du thème de Ricochet au légendaire Ricochet Gathering

La Gomera Concert Part. 1 (49:52)

La Gomera Concert Part. 2 (63:07)

(CD-r 112:59)

(Berlin School)

Dans le cadre des concerts thématiques de Ricochet Dream, le Ricochet Gathering de 2005 se tenait dans les fabuleuses Îles Canaries aux côtes de l'Espagne. Le thème de ce grand festival, réunissant des noms aussi prestigieux que Steve Joliffe, Paul Lawler, Paul Nagle, Polaris, Star Sounds Orchestra et Air Sculpture, était l'album culte de Tangerine Dream, Ricochet. Le label de Vic Rek, Ricochet Dream réalise de bons CD-R de ces concerts, de même que d'autres CD manufacturé à pressages limités, et offre un double CD-R de la prestation d'Air Sculpture; BEFORE The (FULL) MOON. Nous sommes dans des territoires d'une MÉ improvisée avec ses beautés et ses rythmes de plomb, de même que certaines phases d'ambiances qui peuvent paraître assez longues pour ceux qui cherchent à s'initier à l'univers du trio Anglais. Mais ces moments d'évasions sonores nous amènent à des niveaux de créativité cérébrale encore insoupçonnée. Voici donc l'intégral de ce spectacle où les origines de Ricochet sont transcendées pour y ajouter un brin de contemporanéité.

Une longue et sinueuse ligne de synthé ouvre La Gomera Part I. Une lente et oblongue ligne qui contourne des éléments imperceptibles pour suivre une tangente invisible à l'œil mais perceptible à l'ouïe tout en sillonnant un étrange désert océanique, fidèle aux longues introductions improvisées du trio Anglais. Air Sculpture aime prendre le temps de dessiner ses toiles sonores avec la passion et la patience d'un artiste aux gestes lents mais qui sait où il va. Et La Gomera Part I avance à coups de rames dans une eau sans oxygène. Des coups de rames encerclés de sonorités cosmiques et de tortueuses réverbérations, un peu comme si l'on pénétrait un univers abscons et interdit. Cette lente intro s'étale sur plus de douze de minutes, là où les souffles spectraux se mêlent à des réverbérations qui forment des boucles sonores pour aspirer les éléments abstraits et faire place à une douce approche séquencée. Ces poussières sonores devenues éléments de rythme percent un nuage caustique pour tambouriner dans les territoires nocturnes et les réverbérations de son intro entourée d'une fine brume du mellotron. La Gomera Part I prend vie sur des séquences qui sautillent nerveusement dans les douces nappes oniriques d'un synthé enveloppant ce mouvement hypnotique. Un mouvement survolé de doux solos harmonieux qui chantonnent sur un tempo qui flirte avec une approche Techno. Les séquences s'agitent. Elles résonnent de lourdeur sous les charmes d'un synthé aux solos divins, d'un mellotron à la brume mystique et d'une ligne fantomatique qui surplombent un mouvement hypnotique, tout près d'une transe hallucinatoire. Nous sommes dans les interstices de Ricochet.

Vers la 29ième minute, le rythme casse sec et prend une tangente inattendue avec des percussions doucement frénétiques, comme des tam-tams d'une jungle en alerte. Une fine ligne de basse ajoute une profondeur au mouvement, alors qu'un synthé se transforme en guitare et lance de furieux riffs qui résonnent lourdement sur une structure ambivalente qui hésite entre le rythme ethnique et le mouvement de transe. On croirait entendre Ashra au Japon sur Echo Waves. Martelé par des tam-tams plus pressants, le tempo s'active encore plus avec des percussions qui pilonnent une rythmique déjà survoltée. Les synthés étalent de longs solos chaleureux encerclés de cerceaux de résonances syncopées et d'une belle nappe brumeuse, alors que les frénétiques percussions se calment, amenant La Gomera Part I vers les sommets de la tranquillité. Une tranquillité relative! Car après que les austères nappes d'un synthé en mode mellotron ait égarés ses orchestrations brumeuses sous les complaintes d'un synthé solitaire louvoyant à la lune, de fines percussions dactylographient une nouvelle tangente rythmique. Un tempo qui croît candidement sous des synthés aux souffles et aux lignes hybrides accompagné d'un beau clavier aux accords dansant sur des percussions finement martelées.

L'intro de La Gomera Part II est plus directe. Un doux piano électrique joue sous les reflets d'une lune solitaire en étant accompagné par un synthé et ses ondes sinueuses. Une délicate intro, un peu jazzy, qui charme et subjugue tant le dialogue entre les notes de piano et le synthé aux ondes fuyantes semble réaliste. Nettement plus mélodieuse et musicale, l'intro de La Gomera Part II flotte comme du baume sur la mélancolie. Une intro qui s'évanouit doucement dans une lourde impulsion du séquenceur qui structure un galop dans des plaines rendues mythiques par les nappes brumeuses du mellotron. Le clavier lance une harmonie qui s'arrime aux accords du séquenceur. Ses notes limpides scintillent autour d'un synthé aux solos tournoyants. Nous sommes en plein cœur d'un Ricochet renouvelé sur des interversions de mouvements du séquenceur qui coulent librement, fonçant dans les abîmes atmosphériques de La Gomera Part II. Un bref interlude s'impose avec des tonalités bigarrées qui donnent un caractère psychédélique à cette phase, juste avant de sombrer sous le charme d'une délicate flûte enchantée. Prélude à l'instauration des séquences aux sonorités des tam-tams africains et de l'approche rythmique qui a déferlé en 1ière partie? Mais ici, le tempo est plus suave. Un tempo qui semble se coller au décor des Iles Canaries avec un doux piano électrique qui couche ses accords mélodieux sur un rythme qui ondule plus lourdement et un synthé aux souffles légèrement spectraux. La Gomera Part II dévie vers un rythme plus lourd et frénétique, fortement inspiré de Ashra, pour se conclure sur une rythmique débridée où percussions électroniques martèlent fébrilement une lourde structure techno et house. C'est une finale grandiose qui est à la hauteur de ces conclusions nées des improvisations avec un mouvement sauvage, frénétique et syncopé, digne des planchers de dance, qui entouré d'effets sonores bigarrés ainsi que des percussions qui s'entrechoquent comme des feuilles de tôles.

Si les ambiances des albums Phaedra, Rubycon et Ricochet vous interpellent, BEFORE The (FULL) MOON de AirSculpture vous est destiné. C’est un concert survolté, de près de 2 heures qui reflètent ces concerts endiablés du Dream dans les années 74 à 77. Il y a un furieux mélange du vieux Tangerine Dream et de la tournée Japonaise de Ashra à la fin des années 90. Hautement recommandé, même avec ses quelques longueurs et les erreurs très mineures de l'enregistrement qui se perdent de toute façon dans ce torrent de musique démentielle.

Sylvain Lupari (09/11/10) ***½**

SynthSequences.com

Disponible au Ricochet Dream CD shop


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