“Une belle soirée d'ambiances et de rythmes de ce trio au séquenceur explosif et à la MÉ sauvage”
1 Stage I (12:38)
2 Stage II (17:19)
3 Stage III (14:59)
4 Stage IV (15:58)
(DDL 60:56) (V.F.)
(Berlin School)
AirSculpture fait partie de cette génération de groupes Anglais, comme Radio Massacre International, Redshift, Arcane, Kubusschnitt, Cosmic Jokers et autres, qui puisaient leurs inspirations suivant les concerts de Tangerine Dream des années 73 à 77. De longs titres improvisés qui trouvaient toute leur fureur en concert. Avant les explosions, il y avait de longues phases exploratrices ambiantes. Quelquefois ça peut être long, d'autres fois moins. BURN est déjà le 11ième opus du trio composé de Adrian Beasley, John Christian et Pete Ruczynski. Enregistré au 2ième Festival de Hampshire Jam en novembre 2002, cet album circulait en enregistrement pirate et faisait les délices des fans d'AirSculpture qui avaient été témoins de cette haute voltige pour séquenceurs totalement déjantés. La magie Internet rend cet enregistrement disponible en toute légalité en format téléchargeable de haute qualité sonore comparable à un enregistrement CD. Aujourd'hui, on peut même l'obtenir en Wav ou en AIFF. BURN est un long titre divisé en 4 actes sobrement intitulés Stage 1 à Stage 4.
Stage I débute avec une longue intro sombre et traînante. Du Air Sculpture comme j'en ai un lointain souvenir. Des sonorités de vielles orgues s'accouplent à un mellotron aux chœurs discrets et à un synthé aux lignes fantomatiques. On croirait entendre les souffles d'un saxophone perdu dans un labyrinthe cosmique où l'absence de mouvement est à peine remarquable, tant la masse sonore est mouvante et dense. Sons sur sons, dans un contexte sans rythme où l'improvisation et l'accord des sons est à la base de cette intro, Stage I fini par s'animer avec des arpèges cristallins qui se répercutent en cerceaux de verres et oscillent sur une plaquette en prisme. Ces ronds de sons qui s'entrechoquent ne sont pas sans rappeler le brillant univers stratosphérique d'Eddie Jobson sur son étonnant Theme of Secrets. Ces tintements s'engouffrent dans une muraille statique qui refuse d'évoluer, préférant gober toute sonorité et l'étouffer dans une sphère psychédélique inerte plutôt que de la libérer dans une ambiance un peu plus musicale. Stage I est une lente introduction à ce concert et dépasse les limites de Stage II qui continue cette exploration des ambigüités soporifiques avec des strates aussi lentes, formant une nébulosité opaque qui semble infranchissable. De fines pulsations animent le mouvement qui hennie sous un synthé aux souffles désertiques. Nous restons dans un univers psychédélique où croassements électroniques de tous genres agacent la tranquillité morphique, avant de se transformer en une étrange séquence qui moule un rythme lent et progressif avec des séquences plus nettes et plus enjouées. Disons que c'est un bon moment rempli de bons solos de synthé qui agrémentent une structure minimalisme séquencée à la rétro Berlin School. Une structure qui devient spasmodique avec ses séquences abondantes et frénétiques qui accélèrent un rythme toujours saisi par des solos de synthé plus tranchant. Stage III crache le feu avec des séquences qui s'entrecroisent pour former un carrefour de rythme ambivalent et toujours nerveux. L'univers multi-rythme des séquenceurs se déploie avec une subtilité croissante et ça tapoche pour vrai. Une vraie leçon sur l'art du séquenceur et de ses énormes possibilités rythmiques. Ce rythme s'accroche à un univers sonore intensément créatif qui oscille entre le psychédélique et le progressif, toujours sur les prémisses d'un rock électronique pesant et puissant. Un mouvement fou qui s'étend jusqu'à Stage IV et sa structure circulaire qui découpe un rythme plus fou qu'effréné dans une danse féérique de synthés totalement discordants. C'est ça AirSculpture!
BURN est un petit bijou de MÉ explosive et sauvage. Intense, nerveux et archi indiscipliné, c'est un album qu'on apprivoise lentement à cause de sa vision de musique abstraite à quelques endroits et d'une plus grande part d'ambiances que de rythmes. Mais son cœur bat d'une vie folle qui nous réconcilie aisément avec ce léger décalage entre rythme et ambiances.
Sylvain Lupari (25/03/09) *****
Disponible au AirSculpture Bandcamp
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