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Writer's pictureSylvain Lupari

AKIKAZE: Deadlock (2020) (FR)

Ce que nous avons ici est un MÉ exceptionnelle avec des solos de synthé fantastiques sur du gros Berlin School, mais ...la pochette

1 Deadlock 19:06

2 Lockdown 20:14

3 Deadline 15:28

4 Crackdown 17:12

5 Resurrection 7:37

(CD/DDL 79:38)

(Berlin School)

J'entends bien une voix feutrée derrière les harmonies mélancoliques d'un synthé coulant sur des nappes sombres et sobres remplies de poussières d'étoiles. Ce synthé est très beau avec une précision inouïe dans les détails. Et il est cent fois plus beau lorsque Deadlock enfonce la pédale à fond un peu après la 4ième minute. Le rythme est en vrai Berlin School avec des oscillations qui virevoltent nerveusement, agitant la fébrilité d'un séquenceur analogue qui y va d'une bonne figure de va-et-vient, monte-et-descend typique du Berlin School vintage. Gracieux et audacieux, Akikaze dessine les plus beaux solos, certains ont même cet effet de voix qui nous fait sursauter tant c'est réel, que mes oreilles ont entendues. C'est le Jimmy Page des synthésistes en habillant ses solos d'un léger parfum d'improvisation qui finissent toujours par rejoindre la naissance d'un tel mouvement ou d'une telle harmonie pour un gros 10 minutes, et même plus. Il y a un beau pont vers la 10ième minute, construit par des voix chthoniennes avant que les solos ne reviennent comme ce Eddie Van Halen dans la plus belle de ses formes. Un excellent titre qui va rejoindre ma liste, assez longue, de bons titres à amener sur une île déserte. C'est par la suite que DEADLOCK se détériore. Mais encore là, ça dépend des perceptions!

Il faut voir ce dernier album du synthésiste Hollandais comme une trame sonore d'un film d'horreur ou encore d'un documentaire planétaire sur la récente et actuelle pandémie. Chaque titre est ainsi représenté en musique et en effets sonores. Ce qui a retenu le plus notre attention dans cette pause planétaire est le laxisme des nombreux paliers administratifs des USA vis-à-vis le racisme des forces de l'ordre. Il y a eu aussi ces émeutes qui étaient contre les effets restrictifs du confinement planétaire. Bref, la Terre en a eu pour son rhume! Ce sont ces évènements, et non de douces nappes planantes ou encore ce point construit autour d'un panorama méditatif, que Akikaze a choisi pour faire transiter sa musique vers d'autres directions. Il en résulte que nous sommes constamment perturbés par des bruits et de la violence concentrés en bulles transitoires qui nous font sursauter et que j'ai trouvé profondément désagréable. En fait, on regarde la pochette et c'est en plein l'esprit de la musique!

Un coup sourd et une gargantuesque nappe de synthé symphonique tente un envol sur les gros cliquetis métallique et une voix âgée criant; let me out. Les résidus de cliquetis persistant, Lockdown, un titre musicalement divin, lance les amarres. Des violons dansants un ballet onirique dans le cosmos nous fait oublier cette ouverture pour le moins inusitée, sinon déplacée. Cette première phase de musique est comme un rêve astral où nos oreilles frémissent de tendresse. Le second mouvement de révolte captée dans les effets sonores arrive autour de la 7ième minute. C'est pas si mal, mais je doute de sa nécessité. C'est une sonnette d'alarme d'incendie qui fait cette première transition de Lockdown. Il n'y a pas beaucoup de bruit et l'alarme suit ce train de la Berlin School qui se met en marche et opte pour la ligne à petites dunes rapprochées où les zigzagues sont oblongs et se font en douceur. Les solos de synthé sont festifs et la vision rythmique est divisée entre ces bulles oscillatrices et cette basse séquence qui roule à perdre haleine tout en tentant d'échapper à ces mini émeutes. Mais les solos de synthé mes amis! Ouf que des flashes de Michael Garrison remontent à la surface. Entrainant et surtout mélodieux au point de tatouer des frissons. Une autre courte phase de léger tintamarre métallique et le rythme reprend toujours aussi fluide avec son air cabotin sous ses solos enjôleurs. Lockdown roule jusqu'à la 13ième minute où un gros déraillement dans des effets sonores iconoclastes, on dirait un film de John Carpenter, dure au-delà des 2 minutes et casse définitivement le charme. À tout le moins, le mien. Lockdown a beau repartir dans une enveloppe moins vivante et recoupée une autre fois pour finir en queue de poisson que je suis toujours enragé.

Deadline nait de ce tapage pour offrir une douceur qui éclot comme un lit de roseraies où une fée joue de la flûte en compagnie d'un lutin à la guitare acoustique. C'est un beau moment champêtre dont le passage à un rythme lourd et effréné passe par une immense chaudière qui déferle sa larve bouillante sur la piste de ce rythme dont les doigts au clavecin donnent tout simplement le vertige. J'aime cette fusion électronique à la vision bucolique de ce titre qui est un furieux rock électronique aussi lourd que Deep Purple dans Highway Star. Akikaze est comme une pieuvre ayant une paire de main à chaque bras qui manipule le clavier comme le synthé et le séquenceur dans moment énergique d'une rareté…rare. Et paf! Le rythme casse subitement autour des 8:30 minutes où des tic-tacs, des voix et des cloches d'église détournent notre attention pour une vingtaine de secondes afin que Deadline redevienne dans une phase champêtre méditerranéenne cette fois. Le séquenceur s'accroche et résiste à une autre intempérie sonore tentant de donner un second souffle rythmique au titre et re-paf! C'est la fin des haricots, injustifiée, d'un superbe titre qui n'avait nullement besoin de ces effets sonores pour grandir. Des murmures de la foule et du cassage de bouteilles se colle aux sombres ambiances de l'introduction de Crackdown. On va se le dire; c'est du gros bruit tout simplement désagréable si nous sommes ici pour écouter de la musique. Car elle est belle avec cette guitare acoustique flairant la romance de ces violons empereurs de notre zone de méditation. Un très court moment, puisque la musique vire de bord dans une vision de course entre deux antagonistes; le flic et le tueur. Si ce rythme est efficace, les harmonies du synthé le sont tout autant avec des pleurnichements qui nous ramène à la belle époque des années 70 où les musiciens rivalisaient de génie en créant une musique qui collait vraiment à l'esprit de la musique. Autre phase, la plus violente d'entre tous qui présente une foule essuyant les rafales des balles et missiles des soldats de Trump sur ses concitoyens, et la musique reprend une nouvelle direction avec une approche plus nerveuse.

Une chance qu'il y ait l'intense Resurrection pour terminer un album qui serait excellent sans ces innombrables phases de bruits. J'espère qu'un jour Akikaze reprenne cet album, musicalement divin, sans ces bruits qui m'ont plus exaspéré que séduit. Mais ça peut plaire à un autre public…

Sylvain Lupari (24/10/20) ***½**

Disponible chez Groove nl

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