“Avec ses multiples visages soniques, Solstice est un album qui se déguste à n'importe quel moment de la journée”
1 Jacob's Ladders 7:18
2 Halo 17:06
3 Autumn Mist 5:16
4 Solstice Part 1 17:26
5 Solstice Part 2 13:03
6 Northern Light 19:20
(CD 79:43) (Berlin School)
Dans mes lointains souvenirs, il me semble avoir déjà entendu la musique d'Akikaze. En fait, j'avais un ami qui en parlait en bien et il m'avait même prêté un CD, je crois que c'était In High Places, afin que je découvre la musique du musicien Hollandais. Je n'avais pas vraiment accroché. Et, à l'écoute de ce SOLSTICE et de ses structures en continuel mouvement, je ne comprends pas comment ai-je pu avoir louper un tel artiste. Cet album m'a totalement pris par surprise. Et, question de ne pas m'emballer trop vite, j'ai pris le temps de bien écouter ce dernier opus d'Akikaze dont les grandes lignes furent présentées au festival E-Live en Octobre 2015 (Gert Emmens y jouait même les percussions). Verdict? Il n'y a pas de doutes! J'ai bel et bien découvert une autre petite perle dans le vaste océan de la MÉ. Pour une raison que j'ignore, j'avais associé le nom d'Akikaze, qui signifie vent d'automne en japonais, à du New Age à la Kitaro. Le label allemand SynGate avait d'ailleurs ressorti quelques-uns de ses albums sur sa plateforme Bandcamp à la fin de 2015 dans un silence qui laissait planer un doute sur la direction artistique de Pepijn Courant, l'homme derrière Akikaze. Et puis vint ce SOLSTICE sur le label de Lambert Ringlage une maison de disque qui se spécialise dans le style Berlin School avec une touche harmonieuse et qui a l'habitude de signer de bons artistes.
Des effets torsadés qui déferlent en une vague de sons continus garnissent une introduction plutôt festive de Jacob's Ladders. Une ligne de séquences, avec une tonalité harmonique qui n'est pas sans rappeler les très beaux mouvements du Synclavier d'Eddie Jobson dans le très poétique et glacial Theme of Secrets, fait rouler ses ions qui sautillent en mouvements circulaires. Les nuances et les échancrures du mouvement rend une noblesse harmonique qui séduira, sous différents angles, tout au long de cet album. Les harmonies coulent comme la grâce d'un ballet qui personnifie une danse des cygnes alors qu'en arrière-plan des éclats de murmures restent tamisés par la ténacité d'un voile ombragé. Minimaliste et circulaire, le principal mouvement de Jacob's Ladders étire ses charmes jusqu’à ce qu'une ligne de basse séquences les bouscule avec un mouvement vif et son aura de tension qui fait pianoter nos doigts. Des nappes de voix ensorcèlent ce bref changement de direction avant qu'un 3ième changement de peau amène Jacob's Ladders vers une phase d'ambiances plus éthérée avec des accords de guitare acoustique qui rêvent dans des nappes sibyllines. Trois changements de direction pour 7 minutes? Faut s'y faire, car SOLSTICE se tient loin de tout ce qui concerne l'homogénéité. Halo débute avec un duel entre accordéon, flûte et harpe. La harpe sort vainqueur et nous tisse une somptueuse mélodie que l'on voudrait tant éternel. Des voix chantonnent derrière une nouvelle association entre harpe et six-cordes acoustique. C'est comme un petit concert d'anges dans le nouvel Éden qui s'égare dès la 3ième minute avec un mouvement sphéroïdal du séquenceur où se greffent des accords de clavier. Un clavier qui ajoute d'autres accords, avec des ombres plus cristallines, et nous attire dans les terres de la Berlin School avec de bons effets et une gradation dans le rythme qui reste toujours ambiant. Le synthé étend de belles harmonies et de bons solos tandis que d'étonnants, et très inattendus, effets percussifs s'invitent dans cette toile en mouvement qui cherche constamment à déjouer l'ouïe avec des modifications qui détourent légèrement l'axe de Halo sans pour autant renier son genre, ni sa destination. Autumn Mist est une mélodie très Vangelis dans des ambiances Berliner. J'ai trouvé ça très séduisant.
Composé pour le festival E-Live, la pièce-titre est la pierre d'assise de cet album. Les 6 premières minutes de Solstice Part 1 sont un beau moment de romance avec une guitare acoustique qui condamne sa mélodie à errer dans des nappes brumeuses qui se transforment en arrangements assez saisissants. Une ligne de séquences spiralée injecte un rythme circulaire qui est fortement happé par de très bonnes percussions. Le mouvement devient alors une bonne phase de rock électronique progressif avec un essaim de mélodies qui survit et qui charme malgré la sévérité des frappes de percussions. Alors que mes oreilles deviennent de plus en plus folles de plaisir, Akikaze déroule ses solos uniques aux années vintage qui prennent des formes et des couleurs aussi créatives que dans ces belles années. De la très belle musique qui jettera un peu d'ombre sur Solstice Part 2 et de son parcours tissé dans la continuité, ici les 6 premières minutes sont forgées dans la mélancolie avec une délicate flûte et son fragile chant bucolique. Des séquences vives papillonnent et figent une rythmique stationnaire après les 6 minutes, forgeant un rythme plus électronique, malgré les percussions, qui séduit tout autant avec le très beau synthé, et la façon dont il s'en sert, d'Akikaze. À cause de son caractère très changeant, et ses nombreux arrangements puisés dans les 60 autres minutes de SOLSTICE, Northern Light m'a demandé plus d'une écoute afin de trouver satisfaction entre mes oreilles. Avec des pulsations hésitantes dans une enveloppe sonore organique et des carrousels de séquences miroitant sur place, l'introduction est teintée d'une approche cousue de mystère. Une première ligne de séquences mobiles émerge après 120 secondes. Le rythme devient fluide avec une course qui oscille allègrement dans des nappes de voix en forme de riffs. Un autre mouvement de séquences basses court comme dans celui de Jacob's Ladders alors qu'une 3ième cimente une approche plus harmonique. Ces 3 couches alternent entre les phases de rythme soutenus, ambiants et harmoniques dans un mouvement ascendant qui se nappe d'une douce chorale sibylline et de nappes d'orgue cauchemardesques. Un premier pont d'ambiances surgit vers les 7 minutes, amenant Northern Light sur un sentier sculpté par des séquences qui marchent à pas-de-loup. De belles orchestrations jettent une dose de passion sur les harmonies devenus plus rauques des séquences devenues moins incertaines. Doucement, l'univers de Northern Light bascule à nouveau mais cette fois-ci vers une course plus harmonique. Le synthé déploie ses charmes plus discrets tandis que miroitent toujours cet essaim de séquences qui va et vient en toute discrétion. Les nappes d'orgue sont plus chthoniennes et le rythme qui suit plus ambiant, conduisant les destinées de Northern Light consumées par une berceuse aussi morphique que très onirique.
Des couches de rythmes qui s'entrecroisent et se succèdent dans un décor électronique qui allie le rétro et le nouveau Berlin School et des synthés, surtout des synthés, qui tissent de bons solos aussi enchanteurs que les mélodies dans un paysage sonique pas trop rempli ni trop terne, Akikaze réussit son entrée chez Spheric Music de façon remarquable. Avec ses multiples visages soniques, SOLSTICE est un album qui se déguste à n'importe quel moment de la journée. On a envie de belles mélodies sur des rythmes légers, SOLSTICE est là. On désire du coffre et de la robustesse enrobée de solos magiques, SOLSTICE est encore là. On cherche de la complexité qui coule comme du fluide sans abrasif, SOLSTICE est toujours là. Et sans s'en rendre compte on passe d'une phase à l'autre sans trop être dépaysé, ni avec regrets. Un très bel album mes amis…
Sylvain Lupari (18/10/2017) *****
Disponible chez Spheric Music et chez CD Baby
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