“Des accords cristallins qui tournent sur des structures rythmiques en constante évolution. La recette d'un autre très bon album de AE”
1 Tangent One 9:07
2 Betelgeuse 10:50
3 Tellurium 6:00
4 Lost in Transition 12:40
5 Comuting Between Private Planets 7:05
(DDL 45:45)
(New Berlin School)
Mihail-Adrian Simion s'est procuré un nouveau synthétiseur. Un Roland Jupiter-Xm! Et c'est à partir des multiples possibilités de ce synthé, et de ses limpides tonalités, qu'il propose une nouvelle collection de musique électronique (MÉ), Stories From a Distant Space dont il nous présente un premier volume avec 5 titres qui éclatent d'une fraicheur musicale dans des structures polymorphiques, tant rythmiques que mélodiques.
Nous sentons déjà un frétillement, une effervescence derrière les pads de synthé qui s'accumulent en ouverture de Tangent One. Des accords de clavier se mettent à danser nerveusement, créant une ritournelle rythmique où les aspects saccadés et fluides fondent à merveille leurs différences. Les arpèges ont cette teinte cristalline dont les reflets et la fine trainée sonore tissent une structure en continue où tombent d'autres arpèges toujours nerveux et par conséquent toujours vivants. Des pétillements percussifs, comme des scintillements d'étoiles, ornent ce premier passage alors que déjà Tangent One prend une nouvelle tangente avec une suite d'arpèges qui tombent sèchement, donnant une apparence subtilement spasmodique à un rythme toujours sphéroïdal. Les percussions et basses pulsations tombent après la 4ième minute, insufflant une approche technoïde à cette structure qui a toujours flirté avec une vision Électronica alambiquée. On y danse, comme on y tournoie! Je suis un habitué des messes électroniques du musicien Roumain et à ma connaissance, c'est la première fois qu'il propose autant de couches de rythmes, de lignes de mélodies rythmiques adjacentes et de ritournelles électroniques minimalistes dans un laps de temps aussi court. Betelgeuse fut le premier titre à sortir des sessions de STORIES FROM A DISTANT SPACE – Vol. 1. Alba Ecstasy l'a mis sur YouTube une semaine avant la sortie de l'album. Voici le lien; Betelgeuse. Pour informations, c'est le musicien qui a tout performé et programmé les touches afin que la musique défile continuellement. Ce titre est un pur bijou avec une structure de rythme en continuel mouvement où tournoie une mélodie rythmique qui sonne comme si Crystal Lake, album Mirage de Klaus Schulze, était performé en accéléré. Les coups de caisson grave et les pétillements métalliques donnent une texture technoïde à la musique où s'ajoute inlassablement cette mélodie rythmique minimaliste. Et cette sensation que cette mélodie gambade avec innocence sur un ruisseau rythmique incontrôlable est tout à fait exquise. C'est le GROS titre de cet album!
On peut admirer toute la brillance des accords lumineux et de ses innombrables parfums de subtilité du Roland Jupiter-Xm dans Tellurium. Ce titre respire autant, sinon plus, le royaume de Schulze entre ses années Angst et l'excellent Miditerranean Pads et dont le rythme furtif ici en est étroitement lié. Le synthé tisse des solos magiques qui ont cette texture de Jazz d'une époque pas encore découverte, tout en élaborant des pièges mélodieux tissés en parallèle et qui tournoient comme des strobes harmonieux. Lost in Transition défile une longue structure minimaliste saccadée. Une ligne de basse grommèle en arrière de ce limpide et actif miroir harmonique, créant une texture furtive à la Tellurium qui reste toujours en hors-balance versus le rythme minimaliste accéléré de la mélodie. Des solos de synthé et effets organiques parachèvent une ritournelle minimaliste qui recèle de nouveaux charmes à chaque nouvelle écoute. C'est le genre de titre qu'il faut entendre plus d'une fois pour en saisir toute la dimension, même dans sa texture répétitive. Deux structures de rythme guident le très cosmique Comuting Between Private Planets. La première épouse une sorte de procession bien cadencée alors que la seconde propose un séduisant contrepoids avec une vision plus zigzagante. Les deux forment une étrange chorégraphie électronique, parfois fluide et/ou saccadée, qui sert de lit à de bonnes harmonies ainsi que des échanges de dialogue d'un synthé un peu en avant de son temps. Un titre cosmique qui a du mouvement!
Malgré un avalanche de MÉ abondante, plus calme depuis quelques mois, Alba Ecstasy réussit toujours à séduire et même étonné. STORIES FROM A DISTANT SPACE – Vol. 1 propose un renouveau dans la carrière de Mihail-Adrian Simion. Même si l’essence de sa musique respire toujours les années cristallines de Schulze, il y a quelque chose d’infiniment plus attirant ici qu’ailleurs dans des albums du musicien Roumain. Un très bel album que j’ai plus apprécié avec mes haut-parleurs, le son est tellement clair et précis, que dans mes écouteurs.
Sylvain Lupari (30/08/22) ****¾*
Disponible au Alba Ecstasy Bandcamp
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