“Malgré ses si nombreux albums téléchargeables, Alba Ecstasy trouve une façon de séduire à chaque coup. La chanson titre de Sublunary est l'exemple parfait”
1 Profane Path 8:31 2 The Third Choice 12:20 3 Sublunary 18:28 4 Immortal 4:24 Alba Ecstasy Music
(DDL 43:45) (Mix of Vintage, New Berlin and Roumanian Schools)
J'ai toujours de la difficulté à trouver une quelconque crédibilité artistique à ceux qui produise de la musique au même rythme, ou à peu de choses près, qu'une personne peut éternuer en période d'allergie au pollen. Et si j'étais un musicien qui travaille d'arrache-pied afin de produire un album de qualité, qui parfois peut prendre plus de 6 mois voire un an avant de voir le jour, je serais certainement très frustré de constater que j'ai des confères qui peuvent arriver au même résultat en mois d'un mois de travail. En Août dernier, j'ai reçu les 3 derniers albums d'Alba Ecstasy qui sont parus avec une intervalle d'un mois entre chaque dont SUBLUNARY. Depuis, 2 E.P. et 1 compilation sont apparus sur le site Bandcamp d'Alba Ecstasy. J'avais déjà lancé cette question à savoir si Mihail Adrian Simion, l'homme derrière Alba Ecstasy. est aussi talentueux que très prolifique. La réponse était oui, sinon très près, parce que sur chacun de ses albums vous allez trouver quelque chose qui vous charmera. Comme ici sur SUBLUNARY. Et j'ai eu un plaisir fou, quasiment coupable, lors de cette excursion sonore qui fut autant séduisante pour les oreilles que très interrogative sur la façon de faire les choses de Mihail Adrian Simion…
Profane Path démarre les choses en grand! Un bon mouvement de rythme séquencé sombre et souple, comme dans les bonnes années vintage, mord nos oreilles et plante une structure minimaliste qui sert la cause à des solos de synthé noyés dans une lointaine tonalité brumeuse. La musique est accrochante alors que la mélodie, qui nous semble si loin de l'action, reste une décoration scénique. Alba Ecstasy mise ici sur le jeu du séquenceur, une 2ième ligne de rythme plus mélodieux est déjà apparue, et des percussions électroniques pour décorer une très bonne structure qui plaira assurément aux aficionados de la Berlin School rétro. Une fois que Mihail Adrian Simion a trouvé sa structure de rythme, il devient dominant. Si c'était vrai pour Profane Path, ce l'est tout autant pour The Third Choice. Cette fois-ci la structure respire les approches contemporaines de Klaus Schulze avec des orchestrations et des chants de synthé qui virevoltent comme des feuilles en automne sur une structure rythmique en mode trance méditative. Il y a beaucoup d'effets sur ce rythme pulsatoire qui reçoit l'appui de bonnes percussions/pulsations. D'harmonies répétitives en mode rossignol à des réverbérations rauques, le synthé tisse un décor riche avec des structures harmoniques qui entrecroisent leur hétérogénéité dans un fascinant chassé-croisé harmonique alors que l'approche minimaliste du rythme dévie subtilement vers une phase plus stroboscopique.
La pièce-titre est le happening de cet album! Sublunary évolue avec tous les secrets connus, et quelques-uns encore inconnus, de la MÉ. Soit une intro nébuleuse, un rythme en attente avec des séquences incertaines et des harmonies qui le sont tout autant. Ce long titre, fortement imprégné du style Indra est construit dans un modèle de Tour de Babel sonique où le foutoir reste tout de même assez bien coordonné. Des arpèges volettent dans ces ambiances, multipliant les cabrioles qui roulent sur le tapis du néant sans répit. Les ambiances sont bardées d'une brume métallique d'où crissent des vocalises et chantent des arias d'opérette incomplètes. Dans ce tumulte ambiant, on devine une éclosion rythmique lorsque les orchestrations moulent des mouvements de staccato très modérés. Et ce rythme arrive après la barre des 5 minutes avec des séquences percussives qui structurent un rodéo rythmique stationnaire. Des effets électroniques enrichissent cet embryon de rythme, alors que tout doucement ce pattern de transe planante à la Indra est inondé par une avalanche de percussions manuelles dont chaque charge répond à l'autre. C'est délicieux dans les oreilles et magnétisant. Et cet effet de lente vélocité qui mord notre ouïe assez tôt dans les 18 minutes du titre séduit autant qu'une transe hypnotique qui cherche une dynamique dramatique. Mihail Adrian Simion éparpille alors ses solos de synthé et amené les émotions de ce titre vers un pinacle auditif. Les minutes passent avec regret. Et finalement des voix rauques, comme des incantations de didgeridoo, habillent une finale qui cherche le confort d'un état de musique ambiante. Un superbe titre qui jette trop d'ombre à la vivacité de Immortal. Un titre court, vivant et efficace qui aurait dû se retrouver en 3ième position, juste avant que Sublunary n'envahisse nos oreilles qui ont effectivement besoin d'un temps d’arrêt, ne serait-ce que pour apprécier encore plus les 18 dernières minutes. Un titre géant dans un très bon album d'Alba Ecstasy qui trouve encore ce moyen de séduire dans une production artistique de masse!
Sylvain Lupari (12/09/17) *****
Disponible au Alba Ecstasy Bandcamp
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