“AE n'a pas perdu l'ombre de sa touche dans ces moments troublants”
1 The Voice of the Desert 12:57
2 X Edition 9:06
3 Infinity Train 21:31
4 MicroCosmos 8:00
(DDL 51:35)
(Berlin School, Movie EM)
Divisé entre 2 longs titres et 2 autres plus courts, X EDITION est conçu dans la grande influence des années 85-90 de Klaus Schulze sur la musique de Mihail-Adrian Simion. Les influences du film Dune de Denis Villeneuve y sont aussi présentes, notamment dans le langage cybernétique, et très réaliste, qui se trouve. Comme d'habitude, cette nouvelle musique de Alba Ecstasy n'est disponible qu'en téléchargement et comme d'habitude la qualité est au top de la part de cet ingénieur du son et développeur de patchs de synthé.
Si vous avez justement visionné Dune récemment, le langage synthétique de The Voice of the Desert vous sera familier. Outre cette voix de gorge cybernétique, la musique vit sur une tentante offrande de deux accords percussifs dont le timbre bas, la texture de staccato et l'écho projettent une structure de rythme caoutchouteuse. Le clavier couche aussitôt une séquence d’arpèges qui se dandine vivement dans les modulations d'un mouvement ascendant de style Berlin School. Suivant l'ombre de la basse, une ligne de basse-séquences s'immisce en même temps que les premières stries écarlates du synthé autour de la 2ième minute pour se coller à la structure du clavier, accroissant encore plus la vivacité de cette structure de rythme soutenue. Alors que des claquements métalliques annoncent la venue de la 3ième minute, AE tricote de nombreux solos de synthé sur une présence accrue des chants de gorge qui caquètent comme des canards usurpateurs. Et quelques secondes avant la 5ième minute, la musique prend une tangente plus dansable avec l'arrivée de percussions pulsatoires et de leurs tssitt-tssitt magnétisants. Bien installé sur cette structure minimaliste très enlevante, The Voice of the Desert fait rouler sa structure qui sautille sous de superbes solos aux longues boucles sinueuses et spectrales ainsi que ces caquètements qui procurent à ce titre cette délicieuse texture organique évolutive. Ce rythme a épuisé ses réserves dès la 9ième minute franchie, laissant musique et ambiances pénétrées une zone psychédélique encore plus organique dans un 4 minutes qui conserve toujours la curiosité de nos oreilles en éveil.
La pièce-titre suit avec une structure de rythme fanfaronne qui sautille sur un maillage de séquences, percussions et d'effets rythmiques organiques très subtils. Ce rythme très entraînant est conçu de façon à recevoir des solos de piano, de clavier et de synthé dans un décor garni de stries fantomatiques et des effets d'écho liés à ce timbre bas et résonnant d'accords plus dans le genre Funk Cosmique. C'est un peu la même recette de The Voice of the Desert mais apprêtée de façon différente. Le résultat est aussi le même, enlevant et très bon! Le très long Infinity Train nous fait revivre les visions cauchemardesques liées aux superbes albums Dreams et En=Trance de KS, ainsi qu'au classique de Remy; Exhibition of Dreams. Cette très longue structure minimaliste offre un rythme saccadé et sautillant avec des accords percussifs répétitifs auxquels se greffent une sournoise ligne de basse-pulsations et une série d'accords percussifs ayant une délicate vision d'effroi nocturne. Des séries d'arpèges, autant harmoniques que complémentaires au rythme, s'invitent sporadiquement ainsi de de courtes présences de solos d'un synthé plus dédié aux effets spirographes pulsatoires qu'aux solos. Un long titre magnétisant comme à la belle époque! MicroCosmos est un titre atmosphérique dont les lentes nappes de synthé me lancent des souvenirs de Blade Runner. Le titre développe une texture rythmique qui reste en retrait dans une enveloppe cinématographique inspirée par la musique de Vangelis.
Moins prolifique mais tout autant pertinent, Mihail-Adrian Simion n'a pas perdu l'ombre de sa touche dans ces moments troublants que notre planète vit depuis plus de 2 ans. X EDITION est un excellent album-téléchargeable sans failles qui magnétise l'écoute encore plus à chacune de ses nouvelles découvertes. Un nouvel opus qui s'ajoute ainsi à cette collection de joyaux éparpillés dans l'immense discographie de Alba Ecstasy.
Sylvain Lupari (18/03/22) ****½*
Disponible au Alba Ecstasy Bandcamp
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