“Parmi mes révélations de 2011, Station Platforms est une belle surprise et un album étonnant rempli de rythmes et d'ambiances en continuel mouvement”
1 Ice Train 6:29 2 Central Station Nowhere 14:05 3 Abandoned 9:00 4 Share my Wheels 9:09 5 Traffic at 5.52am 14:34 6 The Transmission 8:50 7 Der Gast Wartet 12:49 Syngate| CD-RAN05
(CDR 74:56)
(Progressive Berlin School)
Des échantillonnages de voix transmettant des directives aux passagers, des portes qui claquent et des trains qui sifflent; l'intro de Ice Train nous amène à la gare du Nord. Une séquence lourde se faufile un passage parmi les voyageurs. Elle sautille et frétille ardemment. Elle ondule avec force, libérant des ions fous qui s'agitent en tous sens dans un captivant et puissant chassé-croisé rythmique. Et les percussions, géniales en passant avec ses coups qui sonnent comme des sifflets de train, qui s'arriment à ce mouvement moulent une furieuse approche rock électronique que des couches de synthé enveloppent de ces sonorités de vieux claviers qui harmonisaient les rocks progressifs des années 70. Bienvenue dans STATION PLATFORMS; la dernière fantaisie d'Alien Nature qui brode un solide album de MÉ où les séquences et percussions façonnent des rythmes et ambiances aux odeurs des belles années de rock prog électronique.
Ça faisait un bail que j'ai pas entendu la musique d'Alien Nature. En fait le dernier album que j'ai écouté fut le tendre et romanesque Anna et ça rien à voir avec STATION PLATFORMS qui est un album concept sur le voyage d'un train entre la Terre et le Cosmos. Un voyage sculpté à travers des rythmes de plomb et des errances électroniques à la hauteur du New Berlin School et de ses multiples méandres mélodiques. Un voyage enveloppé de ces synthés aux lignes soyeuses et cosmiques qui s'arrête dans 7 stations où l'auditeur embarque dans un voyage musical aussi intense que musical organisé de main de maître par Wolfgang Barkowski. Central Station Nowhere passe d'une gare à l'autre avec une très belle et poétique couche de synthé qui jette un voile obscur à son intro. On flotte avec cette main invisible qui nous amène aux portes des rêves lorsqu'une séquence sautille avec frénésie, initiant une autre solide approche rythmique qui palpite avec des cymbales électroniques papillonnantes et des pulsations cardiaques arythmiques. Toujours aussi ténébreux, le synthé encercle ce rythme magnétique qui oscille entre les hypnotiques mouvements de Berlin School et un rock électronique, avec un voile spectral. De fins accords de clavier volettent en introduction de Abandoned, traçant une très belle approche mélodique castrée par un synthé aux ondes sournoises. Guidée par le séquenceur, ils forment un rythme léger et progressif que des pulsations et percussions enracinent dans un beau Berlin School doux et hypnotique. Des chœurs fredonnent sur ce lent mouvement de ces séquences discrètes, l'enveloppant d'une fine aura de mystère. C'est de loin mon morceau préféré sur Station Platforms.
Après un autre rythme léger et mélodique en Share my Wheels, Traffic at 5.52am
nous plonge dans les envoûtantes phases polyrythmiques d'Alien Nature. Sur des percussions claquantes à la Jean-Michel Jarre, le plus long titre de STATION PLATFORMS est segmenté en 3 arrêts/départs. De délicates séquences percent son voile introductif de pour tournoyer finement avant de pianoter un rythme saccadé sous des solos d'un synthé sculpteur de rêves enchanteurs. Le rythme est sec et saccadé, comme un train en pleine course. Pliant sous les coups d'un séquenceur effréné, il sautille sous une fine brume qui cerne ces percussions claquantes. Il permute après un passage à niveau pour onduler avec plus de force dans une ascension spiralée où pulsations glauques, cymbales agiles et accords Teutoniques nous pousse dans les rythmes et univers de Robert Schroeder. Ce rythme fait peau neuve après un troisième passage atmosphérique nappé de très belles ondes cosmiques. Des séquences aux pulsations échoïques s'agitent dans un bouillon rythmique cerné de nappes aux effets boomerang. Les synthés tissent des couches ensorcelantes qui enveloppent un rythme nourri de ruades spasmodiques, créant une étonnante diversion rythmique où les réminiscences de Jean-Michel Jarre et Tangerine Dream remplissent nos oreilles. C'est un très bon titre complexe et progressif qui est à la mesure de toute cette panoplie d'équipement d'un monde musical sans frontières. The Transmission débute dans les souffles de vents arides. C'est une lente intro qui se donne aux abondantes percussions d'un rythme tribale avant de succomber aux charmes d'une emprise atmosphérique. Et le rythme éclate peu après les 4 minutes. Furieux, il est dessiné dans les frappes de ces percussions claniques qui moulent une étrange transe tribale sous un ciel noirci dont les souffles brumeux flottent sur un rythme païen. On va de surprise en surprise sur STATION PLATFORMS! Et Der Gast Wartet en est toute une. Après une autre intro atmosphérique de 4 minutes, un rythme galopant s'installe. Enragé, il serpente les flancs de montagne sinueux où ses séquences pétillent à l'ombre des percussions à venir. Enfourchant le rythme avec aplomb, une ligne de basse étreint solidement ces percussions qui martèlent un rythme débridé, secondant ces séquences ardentes qui explosent sous un ciel nourri de superbes solos torsadés avant de se repaître d'une tranquillité méritée dans des ambiances caustiques à la Klaus Schulze.
STATION PLATFORMS est une très belle surprise. C'est un album puissant bourré d'approches rythmiques et de designs atmosphériques en continuelle évolution. Alien Nature juxtapose avec minutie des rythmes riches et lourds à des ambiances nébuleuses et poétiques dans un univers bouillonnant de surprises. J'ai passé 75 belles minutes à dévorer cet album avec des oreilles parfois incrédules face aux nombreux rebondissements qui moulent l'univers aussi complexe et harmonique de STATION PLATFORMS Un audacieux album que je recommande sans hésitations aux oreilles friandes d'un autre genre de MÉ.
Sylvain Lupari (03/06/12) *****
Disponible au Alien Nature Bandcamp
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