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Writer's pictureSylvain Lupari

ALIEN NATURE: The Airtight Garage of Jerry Cornelius (2013) (FR)

Updated: Sep 2, 2019

“The Airtight Garage of Jerry Cornelius est à la grandeur d'Alien Nature qui n'a jamais eu peur de sortir de sa zone de confort”

1 Things to Come 6:56 2 Star Billard 5:26 3 The Motionless Bird 6:54 4 Malvina 5:59 5 Arm Jourth 5:46 6 The Archer 2:31 7 The Tall Building 5:18 8 Room No 6 7:36 9 The Intermediate Zone 8:02 10 Megalithic City 11:28 11 Altered Reality 6:53 12 Room No 9 6:58 SynGate | CD-r AN07

(CD-r/DDL 79:47)

(Hard and Heavy e-rock)

D'agiles séquences soubresautent en de vives oscillations dans un corridor sonique truffé de portes grinçantes et des murmures d'angoisses chevrotants. Et bang! Des percussions timides ramassent l'intro de Things to Come pour le propulser dans un univers de hard-rock électronique où les lourdes lignes de basse font équipe avec des riffs de guitare hachurés et des séquences qui courent à bride abattue. Alors que le synthé lance ses harmonies, qui se transforment en solos très musicaux, le rythme respire plus librement pour allier sa fougue à quelques passages plus tranquilles qui flottent sur les ailes brumeuses d'un Mellotron très inspirant. C'est toute une onde de choc qui envahit nos oreilles avec cette toute nouvelle création d'Alien Nature. THE AIRTIGHTGARAGE OF JERRY CORNELIUS est un album de pur rock électronique, grignoté par de brèves intermèdes ambiosphériques, construit autour de la thématique d'une nouvelle de science-fiction écrite par Jean Giraud (Moebius) vers la fin des années 70 pour le magazine Franco-Belge; le Metal Hurlant. Et autant vous le dire d'emblée; la musique est tout aussi jouissif que les improbables histoires rocambolesques de Jerry Cornelius. Tout est bien ficelé autour de cette nouvelle sonique. Les ambiances sont riches et Wolfgang Barkowski réussit à transmettre en musique les visions très aventureuses de Jean Giraud à travers une symphonie de solos de synthé qui chantent les aventures du héros obscur sur des thèmes musicaux qui collent à merveille avec les irréalités de cette BD culte. Ainsi Star Billard déploie son intense intro noire avec des strates de violon qui hachure le drame. Si le mouvement est lent, il est aussi très pesant. Des bouffées d'un Mellotron viral le transporte dans un sublime lento que des riffs et des percussions morcellent de vives et subtiles attaques. Du mou sur du lourd qui fini par dévaler les pentes d'un rythme galopant maintenant à vive allure sur les sinueuses vapeurs des solos d'un synthé aux roucoulements très harmoniques. Les riffs! Toujours ces riffs de Thomas Droste qui nourrissent une fureur soutenue par des percussions débridées dont la discrétion des roulements condensent le rythme dans une enveloppe morphique trop lourde pour faire dormir. The Motionless Bird offre les premiers véritables moments ambiants de THE AIRTIGHTGARAGE OF JERRY CORNELIUS avec la guitare rêveuse de Martin Rohleder qui fait flâner ses solos sur une structure qui se développe tranquillement pour plonger insidieusement dans un genre de mid-tempo inondé par une aura électronique de mystère et d'angoisse. C'est comme entendre du Jean-Michel Jarre sur le Solar Fire de Manfred Mann's Earth Band. C'est très bon et assez viral. Et c'est très à l'image de THE AIRTIGHTGARAGE OF JERRY CORNELIUS qui fait défiler ses 12 titres en une longue fresque sonique de 80 minutes.

Que ce soit avec Malvina et son rythme sautillant comme un galop intersidéral, le lourd et Babylonien Arm Jourth avec ses puissantes percussions, le noir et dantesque The Archer ou encore les rythmes dynamiques et entraînants comme The Tall Building et The Intermediate Zone, cette dernière œuvre d'Alien Nature combine à merveille ses arrangements soniques à une histoire imagée sur de fragiles mélodies et des rythmes soutenus, parfois aux limites de la fureur. Il y a aussi des titres qui respirent de cette complexité très inhérente à la MÉ de Wolfgang Barkowski. Je pense entre autres à Room No 6 et son rythme fusionnel où le lourd heavy rock lancinant est noyé dans des brumes éthérées et des riffs d'une guitare qui partage ses déchirements entre ses solos et ceux d'un synthé très vindicatif. J'entends du Tool, tout comme dans le très sec et tranchant Altered Reality, orchestrations en moins, nourri aux riffs comme on engraisse une dinde pour le réveillon. Megalithic City présente aussi une structure plus complexe où le rythme, tantôt organique, évolue dans des structures aussi imprévisibles que les solos fantomatiques qui le survolent alors que Room No 9 conclut cette superbe aventure sonique de Jerry Cornelius sur une structure de rythme évolutive où l'ambiant se laisse sournoisement capturer par un rythme mélodique galopant.

Avec ses ambiances intersidérales aussi dérangeantes qu'imaginatives, THE AIRTIGHTGARAGE OF JERRY CORNELIUS est à la MÉ ce que Music for Jilted Generation de The Prodigy était à l'électro-punk. C'est un solide album à la dimension d'un Alien Nature qui n'a jamais eu peur de sortir de sa zone de confort dans le but d'offrir des œuvres aussi séduisantes qu'inattendues (on se souvient d'Anna?) et où la MÉ d'ambiances joue effectivement la carte des ambiances, laissant l'imaginaire de Wolfgang Barkowski construire des rythmes purs et durs avec des synthés qui tressent des solos et des harmonies très accrocheuses dans des enveloppes de rythmes tantôt explosives et tantôt mélodieuses. Bref, un album puissant, percutant où le rock et la MÉ fusionne dans une parfaite harmonie.

Sylvain Lupari (30/12/13) *****

Disponible au Syngate Bandcamp

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