“Voici un excellent album de New Berlin School où le séquenceur et les arpèges se coordonnent dans de bons duels harmoniques”
1 To Deep Dream 5:44
2 Age of Discovery 5:32
3 On the Wings of a Dream 5:44
4 Obsequium 6:17
5 Wintersun 6:22
6 Aludra 11:28
7 Millennium Cluster 7:48
8 Correlation 8:42
9 Unknown Phenomenon 7:04
10 Quantum Love Bond (Dedicated to Runchana) 6:14
Alluste Music (DDL 70:57)
(New Berlin School)
Depuis quelques albums, il me semble que le musicien et synthésiste italien domine de plus en plus en imposant son style où la romance va de pair avec une vision cosmique. ALUDRA arrive quelque mois seulement après le très bon In the Deep Blue qui m'avait passablement séduit avec une approche mélodieuse collée sur les œuvres en solo de Chris Franke. Cette fois-ci, Alluste revient à ses premiers amours avec une vision plus personnelle qu'il exprime à travers une brochette de 10 titres, d'une durée moyenne de 7 minutes chaque, dans un album qui s'apprivoise sans difficultés. Et ces dix structures évoluent tranquillement dans leurs enveloppes de temps, faisant de ALUDRA un très bel album de New Berlin School où le séquenceur et les arpèges se coordonnent dans de bons duels harmoniques.
Avec ses parfums de Chris Franke, To Deep Dream semble provenir des sessions de In the Deep Blue. Son rythme est ambiant, bien que structuré par un noyau d'ions sauteurs qui folâtrent innocemment dans une enveloppe ensoleillé par un synthé et ses harmonies de rossignol électronique. Arpèges et séquences harmonisent leurs visions dans une structure qui accélère la cadence avec une ligne de basses séquences papillonnant dans une brume flûtée. Le mouvement appuie sur l'accélérateur sans jamais déborder afin de revenir à son noyau d'origine. Age of Discovery propose une structure quasi-ambiante avec un séquenceur actif qui déroule plus une vision plus harmonieuse que rythmée dans une belle présentation cosmique. On observe ce pattern de rythme qui progresse avec vigueur, sans jamais exploser, et qui sera présent dans la majorité des 70 minutes de cet album disponible en téléchargement ou en format CD-r. Sauf pour On the Wings of a Dream qui explose dans un solide rock électronique nimbé de bons solos de synthé et de quelques effets percussifs qui rehaussent la qualité du titre. Et ça se poursuit avec Obsequium qui démarre plutôt vivement. Ici comme ailleurs, le séquenceur sculpte une ligne de rythme sautillant avec une vision spasmodique. Mais ici ça déboule avec un effet de de tituber ou de manquer un saut ici et là, donnant une structure où réside cet ion stoïque qui refuse toute soumission. Ça donne une structure savoureuse qui éveille l'écoute. Une structure de rythme hybride où les doigts tapotent vivement et notre subconscient s'attache aux petits effets de cette masse brumeuse qui l'entoure. Le phénomène de rythme en évolution frappe aussi ce titre avec un décalage dans cette ligne du séquenceur, structurant une approche de pas-de-loup qui fait dribbler ses pattes. Très bon, et dès que c'est fini, Wintersun embarque aussitôt avec un débit moins excité et où ce décor de romance intergalactique saisi nos oreilles avec de beaux effets percussifs. Et le clavier délie ces arpèges qui sautillent avec tendresse, alors que le synthé élabore un plan mélodieux avec des effets de gaz percussifs qui agrémentent ce décor stellaire. La deuxième moitié réserve ces surprises avec une séduisante approche encore plus mélodieuse qui dérive vers une finale dotée d'une vision cinématographique dramatique.
Aludra est le plus long titre sur de ce nouvel album du sympathique musicien italien qui profite de ses 11 minutes pour établir bien adéquatement sa structure ambiante. Des arpèges aux tonalités dégradées sautillent comme une horde de punaises électroniques sur un tapis bleu reliant deux astres. Le mouvement active un peu sa vitesse avec une vélocité graduelle des basses pulsations, agissant comme un métronome, et une danse plus actives de ces petites bibittes soniques qui chatouillent une large nappe auréolée des fredonnements d'une voix intersidérale. C'est un bon moment ambiant avec des cerceaux qui s'entrechoquent et une vague mélodie évasive d'un clavier plutôt songeur. Une changement d'orientation a cours vers la sixième minute, poussant cette longue pièce-titre vers une lente accélération avant d'atteindre la cadence d'un bon rock cosmique. Le rythme sur la pointe des pieds, Millennium Cluster porte le sceau Alluste sans ambages. Ce qui étonne est ce très beau solo d'un synthé qui caresse agréablement un débit fluide avec ces ions maladroits sautillant au mauvais moment. Un beau manque de minutage dans une vision onirique où la musique emprunte une tangente de rock électronique avec une ligne de pulsations qui captive instantanément notre attention. Alluste insère de bons effets percussifs sur ce rythme entraînant qui s'atténue pour revivre sa genèse dans d’autres effets encore plus perceptibles. Un très bon titre!
Correlation exploite une longue phase d'ambiances lunaires avant d'embarquer sur les trots d'un cheval mi-sauvage dans une délicieuse chevauchée entre les étoiles. Ce rythme devient obsédant, tant son élaboration est finement exécutée. Sa deuxième partie offre une structure plutôt entraînante avec une longue ruade spasmodique de ce cheval rythmique devenu nettement plus sauvage. À ce stade, Unknown Phenomenon remet en question ma sélection des meilleurs moments de cet album avec un merveilleux titre lourd qui menace d'exploser à chaque seconde. Intuitif, le séquenceur couche une ligne d'ions prêt à se sacrifier afin de déterminer qui est le plus lourd tout en restant vif. Le rythme? Il est statique, sauf pour nos doigts! Mais il devient de plus en plus entraînant avec l'ajout d'une autre ligne d'ions acrobates auquel Alluste à percer un trou afin de donner une autre vision de tonalité limpide. C'est un titre comme Piero Monachello aime créer, soit séquences et arpèges au même diapason harmonique. Alors que je fais ma réflexion à savoir qu'encore une fois le musicien italien nous a charmé avec un autre intéressant album, Quantum Love Bond (Dedicated to Runchana) se débarrasse de son étreinte d'un synthé au doux solo mélancolique pour offrir une belle ballade jouée sur un beau piano plein de romance. Dédiée à sa copine, ce titre expose toutes les capacités d'Alluste à tisser de belles mélodies qui ne s'inventent que par son approche et son esthétisme musical qui tranquillement l'amènent dans la sphère des grands noms de la MÉ contemporaine.
Sylvain Lupari (31/03/20) ****¼*
Disponible au Alluste Bandcamp
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