“Dark Energy lie à merveille les deux pôles de la Berlin School avec de fines lignes de séquences et des harmonies dans de belles ambiances cosmiques”
1 Quintessence 8:56 2 Universe Expansion 7:33 3 Endless Mystery II 12:46 4 Vacuum Energy 10:02 5 Dark Energy 18:55 6 Fly Among the Stars Edgar 8:52 7 Dark Matter 11:31 8 Scalar Fields 8:15 Alluste Music (DDL 86:54) (New Berlin School)
Ah...que de chemin parcouru par Piero Monachello depuis Constellation en 2008. Fortement campé dans le modèle New Berlin School, avec des séquences à la Software autant harmoniques que très rythmiques, Alluste insuffle à sa musique depuis le très bon Boards of Stringana une approche qui mélange à merveille les deux pôles du modèle Berliner. DARK ENERGY est déjà le 11ième album d'Alluste. Un album qui dépasse les habituelles limites du temps avec plus de 80 minutes de MÉ réparties sur 8 titres, dont un qui est un hommage au regretté Edgar Froese, qui témoigne non seulement de la maturité dans les compositions du synthésiste Italien mais aussi de cette audace qui peu à peu se greffe à son écriture depuis ce très solide Boards of Stringana paru en 2013.
Quintessence nous amène dans les territoires cosmiques avec d'oblongues brises de synthé qui exploitent les lentes ambiances en gestation dans cette intro un peu incertaine de Silver Scale par Tangerine Dream. Une intro qui poussera d'ailleurs la plupart des 8 autres du dernier opus d'Alluste vers leurs rythmes qui se redéfinissent constamment dans des longues structures en continuel mouvement. Des bancs de brume électronique cernent un mouvement de séquences qui fait dandiner ses ions dans un ballet sphéroïdal où les éléments dansent avec leurs ombres dans des brumes qui se parfument de parures orchestrales. Ces ions forgent un rythme ambiant gravitationnel qui tournoie inlassablement dans l'emprise des gaz morphiques. Le mouvement s'anime un peu après la barre des 3 minutes avec des séquences basses qui font ruade par de vives oscillations dont les va-et-vient animent un rythme lourd et stationnaire d'où s'échappent des ombres, et leurs ombres, avec des tonalités plus limpides, et d'autres nuancées par des tintements de clochette, dans un rodéo alambiqué qui stagne dans un tumulte stationnaire orné de lignes aux arômes flutés. Quintessence est le fidèle reflet de ce qui va suivre avec un Piero Monachello qui maitrise à la perfection l'art de faire danser ses séquences, leurs miettes et leurs ombres, dans des structures où les rythmes sont souvent synonymes d'hypnose. Les titres sont divisés par phases assez similaires avec des intros lentes, des rythmes doux, des phases morphiques et des rythmes qui finissent par exploser dans des degrés de violence variable toujours étouffé par une nuée de lignes et de brumes aux parfums cosmiques. C'est le cas de Vacuum Energy, de la longue pièce-titre qui traverse des passages cosmiques aux parfums de Jean-Michel Jarre et qui éclate avec des séquences dansant un ballet spasmodique dans une phase de rythme saccadée et du plus bouillant Scalar Fields qui est nappé de belles étreintes brumeuses arabiques.
Universe Expansion respecte aussi ces archétypes avec une dense intro ambiosphérique où respire un énorme serpent sonique à sonnettes. Peu à peu le titre s'extirpe de cette hibernation avec de lourdes séquences qui sautillent dans une dense enveloppe morphique. L'approche est toujours ambiante lorsque qu'un fluide mouvement de séquences harmonise ses ions dans un doux mouvement rythmique très harmonique où les séquences s'ébattent paresseusement sans jamais menacer la quiétude des ambiances stellaires. Endless Mystery II propose une belle petite ballade morphique et cosmique avec des séquences qui ondulent dans un banc de brumes aromatisé de tons de flûtes et de voix. Ça fait très Software, surtout avec une autre ligne de séquences qui tournoie comme la grâce des fées volantes. Le titre plonge lentement dans un vide stellaire où fredonne une chorale séraphique avant de renaître avec un mouvement plus fluide, plus animé, avec deux lignes de ions qui entrecroisent deux patterns de rythmes dont les inégalités sont porteuses de charmes auditifs. Fly Among the Stars Edgar est un beau titre tranquille avec des séquences qui sautillent dans les réverbérations des lourdes pulsations. Un synthé dévoile des charmes insoupçonnés dans l'approche d'Alluste avec de belles mélodies flûtées qui chantent dans des ambiances très près des territoires d'Edgar Froese. C'est un bon titre électronique où Piero Monachello démontre de belles capacités à utiliser un synthétiseur; le grand absent de ses albums où les séquences forgent autant les rythmes que les mélodies. Comme dans l'univers de Software et le New Berlin School. Pourtant, les solos ici sont tout simplement délectable. C'est un des bons titres du répertoire Alluste. Dark Matter est le titre le plus direct de DARK ENERGY. Ici, pas d'intro ambiosphérique mais plutôt une structure de rythme ambiant qui sautille et ondule assez vivement de ses séquences aux tonalités opposées dans les lignes ondoyantes d'un énorme banc de brouillard électronique. Comme les autres structures, mis à part Fly Among the Stars Edgar, Dark Matter s'enfonce dans une phase ambiocosmique avant de renaître cette fois-ci dans la forme quasi identique de son introduction.
Alluste prend de plus en plus d'assurance et propose une MÉ de moins en moins accessible. Une MÉ plus créatrice où les filets de rythmes séquencés entrecroisent leurs pacifique cadences variables dans de beaux effets de stéréophonie et des ambiances cosmiques tapissées de beaux effets et arrangements. DARK ENERGY marque un pas en avant dans le style d'Alluste qui peu à peu se taille une place enviable parmi les artistes les plus reconnus de son art.
Sylvain Lupari (13/06/15) *****
Disponible au Alluste Bandcamp
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