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Writer's pictureSylvain Lupari

ALLUSTE: Euphemisms & Aphorisms (2012) (FR)

Updated: Jan 21, 2021

Euphemisms & Aphorisms est un magnifique album qui est sans aucun doute l'une des grandes surprises à ce jour en 2012

1 Vices & Virtues 8:10

2 Race into the Unknown 5:46

3 Euphemisms and Aphorisms 9:21

4 Figures of Speech 9:21

5 Philosophical Aphorisms 6:06

6 Dance of Deception 5:55

7 Temporal Ellipses 7:15

8 Mythological Allusions 5:22

(DDL 57:16)

(New Berlin School)

C'est en suivant les sentiers bien structurés de Digital Age que Piero Monachello, l'homme derrière Alluste, poursuit son étonnante ascension dans les sphères de la MÉ contemporaine. Bien arqué dans ses influences de New Berlin School, le synthésiste Italien tisse en EUPHEMISMS & APHORISMSun merveilleux univers harmonique à travers une superbe approche séquentielle. Des séquences tantôt lentes, tantôt rapides, boudeuses et rêveuses mais toujours accrocheuses qui brodent des rythmes de soie. Des rythmes évolutifs et parfois fragiles qui embrassent les influences de Tangerine Dream et Arcane dans de belles enveloppes d'un synthé aussi onirique que cosmique. Si Digital Age démontrait que Alluste avait atteint une belle maturité, EUPHEMISMS & APHORISMS en confirme toute sa dimension.

C'est dans une douceur morphique que s'ouvre l'album. D'ondoyantes couches d'un synthé brumeux étendent leurs nappes oblongues. Telles des mains invisibles traçant des nuages d'éther elles se fondent à de fins arpèges carillonnés qui font tinter une innocente mélodie, invitant une autre ligne séquentielle à graver une approche mélodieuse qui respire les mélodies du Dream sur Legend et Underwater Sunlight. Finement, le mouvement de Vices & Virtues progresse. Il évolue avec de fines touches séquencées qui hoquètent un rythme léger. Un rythme chevauché par d'autres séquences gambadeuses qui sonnent comme des frappes de dactylo et qui sautillent furtivement dans des souffles d'un synthé aux lignes de voix de sirènes cosmiques. Tantôt suave et tantôt chérubin, ce synthé qui enveloppe soyeusement les rythmes de EUPHEMISMS & APHORISMS est tisseur de mélodies qui s'arriment à des mouvements du séquenceur en constante permutation. Sur Race into the Unknown il étend un voile de brume qui libère des souffles d'éther sur un rythme nourri de résonnantes séquences entrecroisées. Des séquences aux tintes et à vélocité aussi variables que discordantes qui moulent un rythme d'une course tournoyant en spirales dans une voie lactée ceinturée de gazouillis électroniques. L'introduction de la pièce-titre nous plonge dans un univers ambiant où les couches de synthé qui flottent au-dessus d'une horde de pas perdus nous imbibent des envoûtantes atmosphères cosmiques de Jean-Michel Jarre. De belles séquences percent cette douceur spatiale. Comme des pas dans le vide, elles sculptent un rythme morphique. Une danse cérébrale où chaque pas déplace un fin nuage de poussière cosmique qui flotte dans des couches plus denses et plus musicales alors que le rythme de Euphemisms and Aphorisms se transforme en un mouvement plus lourd. Un mouvement qui zigzague doucement dans les chorégraphies de valses cosmiques d'un synthé dont les brumes alimentent la vivacité de Euphemisms and Aphorisms qui conserve toujours son approche poétique. C'est une superbe mélodie cosmique; le genre qui laisse sa trace dans le firmament de la MÉ contemporaine et/ou dans les oreilles.

L'ouverture de Figures of Speech est tout aussi ambiante. Des larmes de violon déchirent sa douceur avec des complaintes larmoyantes qui pleurent dans des nuages embruns. Sauf que le mouvement séquencé est plus complexe et incisif avec des accords qui sautillent délicatement un peu avant la 4ième minute, calquant leurs pas dans l'ombre de clochettes cosmiques. D'autres séquences s'ajoutent. Entre deux vitesses et deux tonalités, elles tournoient et ondulent pour structurer une danse chaotique qui gesticule sous de denses nappes de brumes célestes d'un synthé aussi siffleur que chanteur, convergeant vers une structure linéale lourde où les touches vrombissent dans une symbiose oscillatoire. C'est à travers un grésillement statique que Philosophical Aphorisms secoue ses séquences désarticulées. Un rythme mélodique à la Peter Baumann s'offre à nos oreilles avec des séquences qui sautillent comme des touches de dactylo sous de suaves nappes de synthé, pour ensuite s'accrocher aux sourdes pulsations d'un bass-drum dont les coups résonnent au creux de vagues métallisées pour subitement permuter vers un mouvement plus fluide. On ressent aussi une nette influence romantique et harmonique de Guido Negraszus sur Dance of Deception. Son intro est très poétique avec cette voix angélique qui demande qu'on la suive à travers de denses nuages de brume. Des nuages qui flottent et recouvrent de leur douceur onirique des accords qui sautillent avec la fragilité du verre pour étendre un beau canevas séquencé, créant une structure rythmique entrecroisée où les séquences poussent vers une anarchie rythmique sous de beaux solos d'un synthé rêveur. Temporal Ellipses est un joyau qui étend sa musicalité après une sombre intro cosmique avec des séquences qui sautillent délicatement sous l'œil rotatoire d'un synthé aux ondes menaçantes. Ces séquences nous conduisent vers une superbe approche harmonique où des percussions façonnent un rythme accrocheur. Une autre ligne de séquences subdivise ses accords, créant un rythme divisé qui chevrote sous un synthé romantique rempli de nappes mélodiques. Mythological Allusions termine l'album avec une fine approche rythmique où une nuée de séquences sautillent avec de subtiles pulsations d'une discrète ligne de basse sous les ambiances vaporeuses tissées dans des lignes de synthé qui épousent les errances cosmiques de JMJarre.

EUPHEMISMS & APHORISMS est un superbe album de Alluste qui est assurément une des très belles surprises en 2012. C'est un album venu de nulle part qui présente un univers harmonique nourri par des approches du séquenceur en constant mouvement. Des séquences aux tonalités variées et aux frappes multiples qui subdivisent et fragmentent des rythmes évolutifs et cohérents. Des rythmes mélodiques et entraînants qui gambadent à l'intérieur de très belles emprises d'un synthé aussi diversifié que les séquences qu'il enveloppe. Bref, un album que tout amateur de New Berlin School se doit de posséder venant d’un artiste dont la progression atteint un intéressant développement.

Sylvain Lupari (26 Mai 2012) ****¼*

Disponible au Alluste Bandcamp

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