“Rythmes hypnotiques doux et humeurs éthérées douces, Alluste est toujours confortable dans son style de MÉ de la fin des années 80”
1 Sirius 12:12
2 The Rama Empire 8:49
3 The Longyou Caves 8:34
4 Nan Madol 10:39
5 Nimrud Lens 10:41
6 The Stone Age Tunnels 9:01
7 Metal Cramps 9:21
8 The Baalbek Enigma 9:22
9 The Giza Plateau 5:18
10 Gobleki Tepi 10:35
11 Ancient Devices 9:05
12 Forgotten Misteries 11:17
Alluste Music (DDL 115:00)
(New Berlin School)
Une faune sonique, active comme un volcan qui respire de ses bouillonnantes bulles de magma, chatouille nos oreilles avec cette intro très ambiosphérique de Sirius. Une ligne de séquences sournoise fait gambader et sauter ses ions secrètement dans un couloir rythmique qui nous est très familier. La signature d'Alluste prend alors place entre nos oreilles alors que Sirius nous convie à un rendez-vous sonique qui avoisine les 2 heures de MÉ du genre New Berlin School. Ce rythme qui bat clandestinement amasse des cerceaux lumineux, les riffs échoïques des lignes difformes, des nappes éthérées et des soupirs de violons larmoyants qui trament une enveloppe harmonique cosmique et dont les orchestrations sont au final chassé par le papillonnement des séquences et les cliquetis des percussions. Un maillage qui redirige la structure rythmique de Sirius dans des sphères ascendantes et surtout vers les délicates harmonies sifflotées par un synthé rêveur. Sirius donne le coup d'envoie à un autre album du synthésiste Italien où les doux rythmes, toujours aussi rêveurs qu'harmoniques, déploient leurs longs squelettes de chilopodes rampants dans des figures de rodéo astral et dont les subtiles mutations se rebellent dans une faune sonique un peu plus psychotronique que les précédents albums d'Alluste. En fait, FORGOTTEN MISTERIES est une suite logique à la progression d'Alluste qui se faisait plus audacieux avec Stelliferous Era, paru en tout début de 2014. Un peu comme si Piero Monachello dévoilait un petit secret de ses influences; soit les ambiances d'éther et de rêveries anesthésiques de Neuronium.
The Rama Empire emprunte les sentiers un brin psychédéli-cosmiques de Sirius. Un délicat mouvement de séquence émerge de ce brouillard artificiel. Il fait gambader ses ions, avec des schémas de sauts enfantins, dans une délicate ritournelle aussi envoûtante qu'hypnotique où croassent d'étranges voix organiques. Fidèle à sa signature rythmique, Alluste utilise à plein les 9 minutes de The Rama Empire pour insuffler une nouvelle peau à ce rythme qui déploie son squelette dans les secrets des brumes endormantes, des riffs séraphiques et de la paisibilité des voix artificielles. Et avec 12 titres dont la durée moyenne est de 8 minutes, sauf pour le court The Giza Plateau et son mouvement de séquences monté sur des pas vifs et saccadés cisaillés par de bons solos, Alluste a tout le loisir de bien restructurer ses rythmes et de dessiner ambiances par-dessus ambiances, tant cosmique qu'ésotériques. Après un The Longyou Caves qui rêve et romance entre l'ambiant et un rythme de tout ce qu'il y a de plus séducteur et délicat, Nan Madol nous imprègne d'une séduisante approche cosmique avec un superbe mouvement de séquences où les ions miroitent et scintillent de façon très serré dans leurs ombres. Le mouvement est progressif et le rythme fini par se démembrer pour offrir un séduisant galop de séquences qui courent maladroitement sous les cliquetis des cymbales, des percussions feutrés à la Jean-Michel Jarre et des solos plus mélodieux qu'improvisés. Et plus nous avançons dans FORGOTTEN MISTERIES et plus nous pénétrons dans un univers plutôt audacieux où Alluste n'a pas peur de tenter de nouvelles approches. Les voix qui soufflent dans harmonies saccadées dans Nimrud Lens forment une membrane de rythme ambiant qui se fait dorer la structure par des voix elfiques. L'harmonie du rythme est contagieuse et se faufile dans l'oreille comme un vers porteur de charmes encore inconnus. Le tout devient organique en mi-parcours avant de sombrer dans un environnement ambiant-cosmique où pulse un rythme qui dort dans un carrousel de séquences aux teintes cristallines mais aux torsades abstraites.
Dans le genre, il y a Ancient Devices qui est tout aussi envoûtant. On a aimé l’approche rythmique sournoise de Nan Madol? On va craquer pour le superbe mouvement morphique mais combien magnétisant de The Stone Age Tunnels et son fluide rythme sournois qui médite dans une splendide faune ambio-cosmique. Un très bon titre qui s'égare un peu mais qui fait toujours bon réécouter. Ambiant et sombre, Metal Cramps se détache de son habit de moine repentant pour laisser entendre un autre mouvement de séquences qui dansent avec les ombres de leurs petits pieds dans ce pattern de mouvement de séquences dont les séries coulent comme des cascades et des canons soniques emmitouflés dans une emprise ambio-cosmique. Alluste a toujours du Software dans le nez, comme en témoignent les rythmes vifs et harmoniques de The Baalbek Enigma ainsi que de Gobleki Tepi et ses courbes ascendantes qui rampent sous de suaves solos nasillards. Et la pièce-titre confirme encore plus l'emprise du duo Mergener-Weisser sur l'approche artistique d'Alluste avec un très beau rythme ambiant qui se disloque peu à peu dans des brouillards de voix astrales, des effets cosmiques et des fines lignes de rythme qui ondulent et scintillent sur un mouvement de séquences chatoyants et de ses douces mutations. Ces fragmentations des rythmes et leurs déviations dans des corridors qui s'entrecroisent finement sous un ciel sonique bardé tant de ces habituelles douceurs que de ces nouvelles audaces font de FORGOTTEN MISTERIES un album qui ne bouscule en rien la douce progression d'Alluste mais qui souligne toujours et encore le très grand doigté harmonique du synthésiste Italien.
Sylvain Lupari (06/10/14) ***½**
Disponible au Alluste Bandcamp
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