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Writer's pictureSylvain Lupari

ALLUSTE: The Silence of Time (2016) (FR)

Un solide album où les motifs du séquenceur apprivoisent le silence, même avec un éventail de rythmes doux et de leurs constantes évolutions

1 Fallen Angel from Heaven 11:45 2 Time of Silence 9:22 3 The Silence of Time 11:08 4 Into Infinity 10:01 5 SpaceTime Energy 7:02 6 From Turin to Bruxelles (Extended) 7:12 7 The Indifference of Time 8:15 Alluste Music

(DDL 64:48) (Berlin School)

Alluste fait partie de cette génération d'artistes qui ont grandi avec les nouvelles technologies des logiciels de musique. Peu à peu, il a gravi les échelons de la respectabilité en produisant une série d'albums où gravitaient des titres qui s'accrochaient à nos tympans. Et comme la plupart de ces artistes, il est devenu une machine à produire de la musique, couchant sur des claviers virtuels pensées, rêves et visions. THE SILENCE OF TIME couronne une année très prolifique où Piero Monachello présentait pas moins de 3 albums à ses fans. Un album plus qu'intéressant qui confirme sa place dans le cercle des grands de la MÉ.

Une ligne de séquences basses sautille délicatement. Galopant silencieusement sur les plaines soniques, elle disperse des ombres grésillantes qui trouvent écho dans le mouvement ondulant de Fallen Angel from Heaven. Bien que la structure principale diffuse une approche minimaliste, la série de lignes qui s'en échappent forment des petits filaments rythmiques dont les danses aléatoires maintiennent toujours le rythme dans un état végétatif. Étant plus à l'aise avec les synthés, Alluste enveloppe sa structure de très bons solos alors que le mouvement de séquences libère des ions qui sautillent avec plus de vélocité, comme des abeilles à la recherche de nectar. Avec une musique qui dépeint à merveille le sens de son titre, Fallen Angel from Heaven donne le ton à ce fascinant album. Même avec des structures de séquences en perpétuel mouvements ou en constante évolution, l'album propose une MÉ toute en douceur. Tant que l'on dirait que les séquences sautillent et s'ébattent dans de la ouate! Comme dans Time of Silence où Alluste renoue avec ses anciennes structures sphéroïdales à la Software. Le synthé y étend des effets de brumes qui chantonnent parmi la multitude de cliquetis indisciplinés et dont les entrelacements forgent une boule de rythme qui roule sur elle-même. La pièce-titre enchaîne avec des séquences parfumées de tonalités flûtées et dont les délicats jets saccadés forment une phase harmonique où roucoulent les charmes d'un synthé nasillard. Une autre ligne de séquences, aussi ombragée que celle de Fallen Angel from Heaven, sautille en arrière-fond. Elle deviendra la structure dominatrice d’un titre lourd et lent avec une légère tangente stroboscopique qui aimante une ligne harmonique dont les charmes fondront dans des nappes de brumes argentées.

Into Infinity est un bon titre avec une structure lente et hypnotique qui se dégage d'une nébuleuse ouverture. Une ligne de séquences émerge d'une entité ectoplasmique pour sautiller aussi légèrement qu'un prisonnier constatant que son geôlier s’est endormi. Arpentant des couloirs sombres, il entend les vents ululés et sent une bruine métallique lui picorer le visage. On flotte les sens aux aguets. Un synthé étend sa nappe chloroformée qui n'endort toutefois pas une approche rythmique plus tenace et vivante qui se pousse vers les 6 minutes. Ce rythme gagne en intensité dans une courte phase où les synthés sont plus colorés avec un essaim d’accords mélodieux. C'est un très bon titre du répertoire de Piero Monachello, mais le meilleur reste From Turin to Bruxelles, un single paru en Août 2016 et qui est toujours disponible gratuitement sur le site Bandcamp d'Alluste. Avant de se rendre à la version allongée, SpaceTime Energy a tout de Software des années 85 à 88 avec ses spirales morphiques mais aussi avec l’empreinte d’Alluste et de ses mélodies ancrées dans la mélancolie. From Turin to Bruxelles (Extended) est un bon titre bien gorgé de séquences juteuses et de brume cosmique qui s’allient dans un ballet en deux teintes et en deux temps. La structure de rythme offre des ions qui sautillent comme les pieds d’un jeune daim sur un étang de feu. Et, comme c'est souvent le cas avec Alluste, le séquenceur lance deux autres structures de rythmes qui sautillent et oscillent en alternance, cédant la première structure dans un oubli momentané. Au fil du temps, le séquenceur et son maniement des rythmes sont devenus la grande force du musicien Italien qui réussit constamment à déjouer nos attentes avec des tournures aussi imprévues qu'imprévisibles. Les harmonies et les effets sont des parures, bien en symbiose, qui sont souvent les cerises sur le sundae. The Indifference of Time démontre à quel point Alluste a su évoluer depuis Constellation en 2008. L’approche est un bon mélange de Neuronium et les ambiances méditatives de Michel Huygen dans une belle structure de rythme évolutive avec des séquences en continuel mouvement et qui s’adapte assez facilement à l’approche tantôt rock et tantôt fragile d’une enveloppe harmonieuse que l’on remarque à peine, tellement le séquenceur est dominant.

Dominant! Tel est le qualificatif que l’on peut apposer sans se tromper aux mouvements de séquences qui entourent un album où le silence fuit de toute part. Sans artifices, ni trop d’effets allégoriques, SILENCE OF TIME est un très bel album où les séquences domptent le silence, même avec une panoplie de rythmes doux, de rythmes soporifiques dont les ritournelles et les revirements sont de très bons éléments de charme. Il faut écouter fort par contre car la production et le mastering sont vraiment découpés dans les préceptes du silence.

Sylvain Lupari (10/01/17) ****½*

Disponible au Alluste Bandcamp

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