“Trappist-1 est un bel album d'Alluste qui maîtrise très bien l'art des beats séquencés et leurs facettes évolutives”
1 Trappist-1 9:44 2 Seven Sisters 6:47 3 Aquarius 7:07 4 Dwarf Star 8:16 5 Panspermia 9:33 6 Habitable Zone 8:34 7 49 Light Years 6:36 8 Transmissions from Trappist 1st 5:10 Alluste Music
(DDL 61:50) (Berlin School)
Les séquences basses dansent et circulent avec de fluides cabrioles sous des effets de gaz et de vapeurs. Des lignes de vapeurs stroboscopiques fouettent le mouvement oscillatoire de Trappist-1 qui continue sur sa lancée de rythme électronique d'un genre Berlin School qu'Alluste redimensionne en Italian School. Il n'y manque que les solos de synthé et nous y sommes presque! Mais l'univers de Piero Monachello est basé sur des mouvements de séquences qui s'entrecroisent, s'empilent et structurent des mouvements en parallèles afin de tisser des carrefours rythmiques avec un débit aussi disparate qu'un réseau routier d'une méga-métropole. Ça roule, c'est au ralenti et ça débloque! À ce niveau, l'évolution de Trappist-1 est conforme à la vision des rythmes d'Alluste avec un mouvement plus transe du séquenceur qui fait papillonner ses ions vivement dans un décor aux brumes et nappes nébuleuses. On retrouve ces figures sur Aquarius et sur 49 Light Years qui passent de lent à modérer pour afficher plus de vélocité vers leurs finales. Ainsi, les mouvements sont toujours d'une fluidité variable, autant rythmique qu'harmonique, avec des effets de synthé et des variances dans les tonalités des séquences, forgeant de cette façon un univers musical basé sur la diversité des rythmes et non des ambiances. Et c'est de cette façon que se déroulera ce 14ième opus du synthésiste Italien. TRAPPIST-1 est un voyage de rythmes séquencés proposé en 8 actes, tous aussi séduisants l'un de l'autre….
Il y a des moments de tendresse comme Seven Sisters et son carrousel harmonique qui grimpe vers les nues avec de beaux effets ainsi qu'un suave chant de synthé qui suivent avec délicatesse cette belle ascension. Les nappes de voix sibyllines sont séduisantes et morphiques, allumant une passion pour ce titre qui s'avère être une belle ballade lunaire avec une légère accentuation rythmique vers sa finale. Une belle symphonie de romance électronique Italienne! Idem pour le trop séduisant Panspermia et son superbe rythme ambiant qui ondule comme une promenade cosmique sous les charmes d'une très belle mélodie soufflée par une chorale de spectres féminins. Le séquenceur est dans le ton avec une ligne sobre et une autre plus mélodique. L'enivrement pour cette pièce augmente avec une autre ligne de mélodie qui fait monter et descendre ses arpèges en contre ton avec une autre ligne de séquences qui luit comme les chants de cigales. Un très bon titre qui accroche instantanément et qui se pare de nouveaux éléments à mesure que les secondes fuient. Dwarf Star propose tout de go une structure de rythme affamée avec des ions qui sautillent vivement dans un décor d'ambiances virginales. Peu à peu, Alluste étend sa peinture sonique afin de dessiner un beau paysage sonore imbibé de brume nébuleuse, d'effets organiques et de cerceaux dont les contours nerveux tracent une rythmique fantomatique. Une autre ligne de séquences alimente un rythme pianoté vers les 3 minutes que de tendres nappes de voix burinent d'une ambiance absconse. La finale est plus musicale et plus dans le genre électronique Français avec des effets, quelques solos, et une autre ligne de séquences plus incisives. Des vapeurs et des jets de vapeurs habillent la lente introduction d'Habitable Zone d'un voile de mysticisme. Un délicat mouvement du séquenceur fait danser deux accords comme dans une ritournelle un brin diabolique. On peut entendre des souffles très sombres râler en arrière-plan. Et c'est ce léger mouvement de basses séquences qui le précèdent qui nous fait remarquer justement cette intrigante présence. Érigé sur un faible débit de séquences, Habitable Zone poursuit son mystérieux chemin d'intrigues et de mystères comme un curieux nomade qui contourne un village et dont la présence est remarquée à la toute fin avec ce rythme qui se défait de son lourd manteau ambiant pour rouler quelques cabrioles. Plus fluide et plus ondulant, Transmissions from Trappist 1st termine l'album avec une présence tout autant mystérieuse.
Un peu dans la même veine que The Silence of Time, TRAPPIST-1 est un bel album, moins romantique je dirais, d'Alluste qui reste solidement bien ancré dans son répertoire. Même si le synthésiste Italien évolue tranquillement, on peut entendre des voix et des murmures dans cet album, il reste toujours fidèle à sa marque de commerce; soit l'utilisation massive du séquenceur et de ses charmes dans de belles figures de rythmes qui piègent l'attention de l'ouïe. Et pour beaucoup d'amateurs du genre, c'est ça qui est important!
Sylvain Lupari (03/06/17) ***½**
Disponible au Alluste Bandcamp
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