“Ambrosia est une belle invitation à découvrir l'univers d'Ultimae”
1 Sub Strata (Max Million & Gusk) 2 Light Tails (Miktek) 3 Distant Industries (One Arc Degree) 4 Principles of Gravity (Aes Dana) 5 Homo Imperceptibilis (Sygnals) 6 Sun Ritual (Sesen) 7 Hyades (Alpha Tek) 8 V.A.N.T.A. (Asura) 9 Why (Memphidos) 10 Ominous Ride (Miktek)
(CD/DDL 74:58)
(Electronica, Psybient)
Le label Français Ultimae est une équivalence du label Anglais DiN. Comme le label d'Ian Boddy, le label Lyonnais possède une belle brochette d'artistes qui façonnent une étonnante MÉ dont les rythmes doux et lascifs côtoient des ambiances tant cosmiques que psychédéliques. Offert dans un très beau digipack, AMBROSIA (Selected by Fishimself) est une compilation mixée par le DJ Grec Fishimself, de son vrai nom Haris Papadimitriou. Ce dernier affectionne une musique sans frontières, ni rythmiques et ni ambiantes, où les down-tempos aux nombreuses phases évolutives règnent en maîtres absolus dans les sphères psychotroniques d'un univers parallèle ambiant. La musique de cette compilation coule dans nos oreilles avec l'étonnement de sa polyvalence avec 10 titres qui s'enchaînent comme dans un long voyage aux pays des rythmes ambivalents. Donc, bienvenu au royaume de la sensualité rythmique cérébrale. Bienvenue dans les down-tempos éclectiques de Fishimself.
Ce superbe maillage des styles débute avec Sub Strata de Max Million & Gusk. Le rythme est doux et finement dessiné par des percussions à la fois pesantes et légères. Comme un genre de down-tempo cosmique et astral, il flotte dans une structure onirique où arpèges cristallins, suaves filets de voix éthérées, accords de guitare morphiques et couches de synthé emmitouflées dans une brume statique s'enlacent sur un rythme aux subtiles permutations. Light Tails de Miktek épouse la même approche cosmico-astrale avec un tempo flottant et sautillant. Les chœurs sont beaux. Ils errent sur une structure de brume qui est légèrement estampillée par de belles percussions. Distant Industries de One Arc Degree suit les cendres rêveuses de Light Tails avec un down-tempo cosmique et psychédélique qui étale son rythme lent sur de lourdes percussions métallisées. Le synthé dessine une approche mélodieuse qui flotte à grands coups d'arcs ondulatoires, emportant dans son sillage mélodieux un rythme incertain qui paraît plus près des étoiles que des planchers de danse et qui tergiverse parmi les souffles des sirènes astrales et des chuchotements qui éveillent une douce paranoïa. Principles of Gravity de Aes Dana offre une approche rythmique divisée entre ses passages pulsatoires et ambiants. Le rythme est forgé par des percussions aux formes et sonorités variées, offrant des frappes échoïques et d'autres à effets de gaz cosmiques qui se moulent à des séquences pulsant à différentes cadences et tournoyant dans d'hypnotiques carrousels stroboscopiques, alors que les passages ambiants sont nourris de chœurs soumis et de couches cosmiques. Une mélodieuse ligne de piano oscillatrice ouvre Sygnals de Homo Imperceptibilis, de loin mon coup de cœur sur cette compilation. Cette fine approche mélodieuse tombe dans un rythme lourd de genre up-tempo qui tournoie avec lascivité autour d'une pléiade d'accords fragilisés par une sonorité de verre. De belles couches d'un synthé morphique caressent ce doux down-tempo cosmique qui caquète sous le poids d'une belle approche stroboscopique. La deuxième portion est délicieuse. Le rythme tourne au ralenti, caressé par un doux synthé aux enveloppes violonées qui flottent et chantent sous les coups des percussions hypnotiques. Des percussions qui se dédoublent et multiplient leurs frappes dans une superbe symbiose anarchique.
Après une intro ambiante où une pluie de sonorités hétéroclites se déverse dans le néant, Sun Ritual de Sesen s'éveille lentement avec une approche rythmique trappée dans ses éléments et ses mouvements cosmiques. Hyades de Alpha Tek continue l'exploitation des ambiances sombres et glauques initiées par Sesen avant d'éclore sur un down-tempo lourd à l'enrobage mélodique légèrement saccadée. Les percussions tombent avec l'asservissement d'un tic-tac pris dans un rythme vaseux qui grelotte sous les tremblements de fins cerceaux et de bons effets sonores tant échoïques que réverbérants. Un peu comme Sun Ritual, V.A.N.T.A. de Asura marine dans une intro ambiante avant de copuler avec un bon rythme progressif qui accroche l'oreille instantanément. C'est un long titre qui caresse des styles aussi variés que le dark ambiant, l'ambiant psychotronique et le down-tempo cosmique pour progresser avec une intense approche cinématographique. C'est un peu comme une chevauchée psychédélique nourrie par des nappes et des accords saccadés et nappée d'une belle enveloppe mélodieuse avec une aura aussi angélique que brumeuse. Une ligne de synthé roucoulante et ondulante permute en une belle et limpide approche séquencée pour chanter les douceurs de Why de Memphidos qui tourne dans un univers mastiqué de percussions incomprises. Entre le psycho drame et le psychédélicosmique, Why chevauche ambiance éthérée et rythme concassé sur une structure bipolaire où sonorités statiques et blanches côtoient une belle mélodie qui peine à faire respirer ses séquences cristallines. Ominous Ride de Miktek conclût ce voyage des rythmes fracturés par une belle pièce de musique où le down-tempo respire par de fines séquences et de beaux accords d’un piano irradiant dans une ambiance très cosmique.
AMBROSIA (Selected by Fishimself) est l'entrée idéale pour découvrir le monde musical et les rythmes ambivalents du label Ultimae Records. Si j'ai dégusté à grands coups d'oreilles le sublime Interloper de Carbon Based Lifeforms, le plaisir fut tout autant avec cette savoureuse compilation qui transcende les frontières d'une MÉ aux odeurs de Berlin School pour irradier d'un univers sonore tout aussi percutant. D'une main de maître Fishimself érige un solide opus dont l'homogénéité nous éloigne des compilations typiques avec un habile dosage des rythmes lascifs et langoureux à des ambiances autant éthérées que cosmiques, donnant lieu à un album compact qui n'a aucune faiblesse ni temps mort.
Sylvain Lupari (10/01/12) *****
Disponible au Ultimae Records Bandcamp
Comments