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Writer's pictureSylvain Lupari

ANANTAKARA: Amor Mundi (Life As An Infinite Flow) (2020) (FR)

Je ne sais pas vraiment ce que mon ami Philippe a mangé, mais je conseillerais à certains musiciens d'en manger deux fois!

1 Shimmering Times 5:00

2 Show Me Your Wonder 7:33

3 Chthonic Memories 4:26

4 Sister Moon 5:04

5 Amo Ergo Sum 3:44

6 The Riddle of a Soul 6:02

7 Riding The Flickering Crests 6:14

8 Deus Sive Natura 7:36

9 The Matrix Time-Walk 5:20

10 A Secret Might 4:48

11 Strata 5:36

12 Irresistible 4:00

(CD/DDL 65:27)

(Ambient Experimental Post Rock)

Si mon ami Bernard pouvait me voir! Ce frère de vie qui m'a initié au merveilleux univers de musique sans frontières serait fier de voir les progrès que je fais dans ma découverte absolue d'une musique qui flirte avec l'improbable, tout en ayant ce pouvoir d'attraction qui la rend si unique. Mais toujours, il est 10 ans en avant de son temps! Ces paroles sont à la fois pour lui, que pour Anantakara qui album après album m'amène dans des territoires où la confusion des styles s'harmonise à mon grand étonnement. Inspiré par le philosophe Baruch Spinoza, AMOR MUNDI (Life As An Infinite Flow) ne fait pas exception. C'est un album dur avec des rebondissements tranchants dans les 12 titres qui ont ce fil très intimiste les reliant l'un à l'autre. Il y a des moments de pure folie, comme il y en a de pure génie. Ces moments sont plus nombreux, nous amenant peu à peu à la découverte d'un album où même sa musique transcende toujours un peu plus ses frontières logiques.

Des notes acoustiques pincées sèchement initient la pagaille rythmique qui s'empare de nos oreilles en ouverture de Shimmering Times. Le séquenceur étend une structure Berlin School alors que les percussions visent du rock et que les notes persistent en s'enroulant de beaux airs flûtés. Ces deux premières minutes enflammées se résorbent dans un troublant passage atmosphérique où la flûte souffle sa solitude dans une finale sans accordements. Un piano martèle la structure de Show Me Your Wonder avec des notes sur un clavier usé. Le débit, comme l'harmonie, naviguent dans une mer sonore à la recherche de sa musicalité lorsqu'un beau et inattendu down-tempo fini par la guider dans une texture de Jazz ambiant. Ce que révèle les premières écoutes est une dissonance générale avec des notes qui résonnent dans un abattoir pour arpèges. Comme ce manche de six-cordes acoustique que Anantakara torture dans l'ouverture de Chthonic Memories. Oubliant ces premières secondes, nos sens deviennent obnubilés par cette brève mélodie démoniaque qui court comme un vampire fuyant les miroirs. Un bref moment qui se perd dans les encens de l'ouverture alors que les airs ambiants se mettent à pétiller dans une forme de dance-music qui s'évapore dans une flûte et fait renaître cette six-cordes souffrant de schizophrénie. Ainsi sont construites les 12 chapitres de AMOR MUNDI (Life As An Infinite Flow)! Chaque titre avance en dépossédant les moments précédents pour les vendre aux enchères de l'art abstrait. Ces moments reviennent hanter le titre qui profite de cette confusion théorique pour implanter des bouts de musique sur une structure qui perd constamment son identité. On se souvient comment à débuter Sister Moon? Pourtant, on parle de 5 minutes qui change constamment de peaux soniques avec des phases enchanteresses que l'on veut réentendre. C'est le piège de cet album!

Amo Ergo Sum est le genre de musique où Sade coucherait des textes. Il faut attendre à The Riddle of a Soul pour avoir une première longue structure homogène. Et le résultat est un bon titre bien installé sur une rythmique évolutive qui atteint un pointe de frénésie dominée par des instruments acoustiques dans un très bon post-rock à la Picture Palace Music. Si on aime le genre, A Secret Might possède quelques attributs intéressants. Mais ce n'est rien comparé à Riding The Flickering Crests qui vous en fera entendre de toutes couleurs. Nous sommes dans le cœur de cet album que l'on redécouvre d'une autre oreille depuis Amo Ergo Sum. La passe de drums tribaux dans Riding The Flickering Crests m'a tout simplement scié les deux mollets. Créatif, osé et addictif! Deus Sive Natura nous ramène aux structures décousues des premiers titres de AMOR MUNDI (Life As An Infinite Flow). Le titre débute avec un piano et un violon tentant de séduire ces riffs de harpe qui sont les maîtres des désordres musicaux de l'album. Des pulsations sourdes amplifient une présence anti-musique, allant jusqu'à bloquer un canal audio. Et c'est d'une oreille que l'on suit le développement de ce titre qui offre de très bons passages qui méritent un approfondissement musical. Mystérieux et désordonné, The Matrix Time-Walk réussi à nous piéger avec sa structure acoustique. Je ne peux m'empêcher de coller les intempéries sonores de Strata à une musique de film pour le genre western post-apocalyptique. Quoique juste apocalyptique suffirait! Les rebondissements dans ce titre sont aussi nombreux qu'une portée de chattes. Et croyez-moi, il y a de très bons passages dans ce Strata. Irrésistible me rapproche des ambiances, plus modernisées ici, de Bayou Moon. Un album fait par Tom Newman dans le milieu des années 80.

Je ne sais pas vraiment ce que mon ami Philippe Wauman a mangé, mais je conseillerais bien à certains musiciens d'en manger 2 fois! Non, AMOR MUNDI (Life As An Infinite Flow) n'est pas pour toutes les oreilles. Mais la créativité refait vite surface dans le milieu de ce disque qu'on apprend à aimer à chaque nouvelle écoute. Il y a des moments géniaux ici et des moments d'une tendresse unique à Anantakara. À découvrir et écouter seul…

Sylvain Lupari (05/09/20) ****¼*

Disponible au Belgian NeuMusik Bandcamp

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