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Writer's pictureSylvain Lupari

Andreas Baaden Night Walk (2022) (FR)

Night Walk vit sur un large éventail de rythmes qui allument autant nos neurones que nos pieds

1 Think First and Do the Second Move 4:14

2 Icy Worlds in a Habitable Zone, Part I - Europa 9:58

3 Icy Worlds in a Habitable Zone, Part II - Enceladus 8:25

4 The Light Behind the Dark Side 7:11

5 Lunar Jam 4:40

6 Sensing Colours 4:03

7 Dropping in at 800 AD, Part I 8:18

8 Dropping in at 800 AD, Part II 8:15

9 Interlude 2021 3:13

10 Take Time Forever 6:54

11 Going for a Night Walk 4:42

(CD-(r)/DDL 69:59)

(E-Rock, EDM, Electrobeats)

Home fut une révélation pour mes oreilles lorsque je l'ai entendu au printemps 2020. L'album proposait des titres évolutifs avec des arrangements et des visions mélodieuses qui donnaient énormément de profondeur à la musique de Andreas Baaden. J'avais donc hâte d'entendre ce NIGHT WALK qui est produit par la label MellowJet Records et masterisé par Bernd "Moonbooter" Scholl. Et j'ai passé un agréable 70 minutes où il y a peu de temps mort, il y a peut-être 1 ou 2 titres que j'aurais laissé de côté. Mais rien de majeur dans cette mosaïques de compositions écrite entre 2020 et 2022 où le musicien nous donne beaucoup de rythmes au pouce-carré. Les synthés tissent toujours des arrangements et des courtes phases d'ambiances qui sont riches en profondeur et en harmonies atmosphériques, tout en ayant un petit côté ambiant ténébreux et psybient. Ce qui étonne est cette capacité de Andreas Baaden de sauter de rythmes ambiants à du synthpop et du rock électronique, du Berlin School à de l'Électrobeat tout en grignotant des phases de danse à la Moonbooter. Si on dénote une influence de Jean-Michel Jarre dans ambiances cosmiques qui amplifient tant les phases atmosphériques que ces amorces de rythmes lunaires, j'entends aussi beaucoup de Alan Parsons au niveau des arrangements et des constructions de ces rythmes. Chronique d'un album qui vaut chaque sous dépensé!

Pour un titre de 4 minutes, Think First and Do the Second Move offre une étonnante richesse musicale dans une texture de bon rock électronique. Le rythme est bondissant et résonne légèrement dans des élans qui modifient momentanément sa courbe. Les percussions sont sobres et efficaces, alors que séquenceur propose un alliage de basses séquences irradiantes de vibrations juteuses et d'arpèges lumineux dont les bonds sont plus fluides avec une vision qui est autant mélodique que rythmique. Les arrangements sont très bien réussis, par moments on dirait une musique de film, et le synthé tisse de bonnes orchestrations harmonieuses qui virevoltent dans l'axe du rythme tout en illuminant le firmament musical de bons effets et de courtes bribes de mélodies. Le débit de Icy Worlds in a Habitable Zone, Part I – Europa est plus lent. Débutant par une ligne de piano, le titre plonge dans une phase atmosphérique qui flirte avec le psybient. Une douce onde de violons chimériques s'extirpe de cette ouverture riche en tonalités variés, incitant le séquenceur à sortir de son mutisme autour de la 80ième seconde. Le rythme offert zigzague légèrement sur des basses séquences. Son enveloppe musicale est de la même richesse que Think First and Do the Second Move, plus des effets de jets gazeux et des lamentations de synthé qui ont une subtile approche mélodieuse du Moyen-Orient. Le synthé élabore plus ces bribes de mélodie pour former des boucles qui roulent avec une vision plus ectoplasmique. Des arpèges, toujours resplendissant d'une tonalité scintillante, bondissent dans l'ombre du précédent, créant un effet de saute-mouton répétitif dont les bonds sont amortis par un dense voile d'orchestrations lunaires. Les percussions s'activent alors pour rediriger la structure vers un rock électronique qui se danse sobrement, à la limite de œuvres de Moonbooter, dans un décor qui s'imprègne graduellement d'éléments très Jarre. Icy Worlds in a Habitable Zone, Part II – Enceladus suit avec une lente ouverture atmosphérique avant d'explorer, après la 4ième minute, une structure de rythme qui développe un peu plus sa vision EDM que dans sa première partie. The Light Behind the Dark Side propose une fascinante approche rythmique qui fera danser vos neurones. Il y a une étonnante diversité d'éléments percussifs dans ce titre dont l'arythmie cadencée pétille dans chaque recoin de nos écouteurs. On n'y danse pas, mais on écoute! La nappe de basse vampirique souffle des élans fantômes avec des modulations qui donnent un cachet autant dramatique que mélodique. Encore ici, les arrangements sont très harmonieux.

Les premières paroles d'un discours historique de John F. Kennedy introduit le rythme pulsatoire et circulaire de Lunar Jam. We choose to go to the moon revient ici et là sur ce mouvement qui vibrionne d'une oreille à l'autre, atténuant sa puissance et sa vélocité pour de courtes phases atmosphériques. Des percussions redynamisent la structure alors que le synthé laisse couler un beau chant aérien et qu'un effet de guitare amène un élément plus rock. Le rythme plus lent, mais tout de même assez pulsatoire de Sensing Colours est à sa place après Lunar Jam. Les influences de Jarre sont nettement mieux senties sur ce titre. Interlude 2021 propose un rythme plus linéaire alors que Going for a Night Walk, dernier de ces 5 courts titres de l'album, propose une structure de rythme trop enjouée pour une marche de nuit 😊. Le synthé couche une mélodie nocturne sur une texture de nuit avec une tonalité sombre, quasiment sinistre. Il y a un émoi plein de retenu dans l'ouverture atmosphérique Dropping in at 800 AD Part I. Le synthé tisse des arrangements qui deviendront la source harmonique du titre avec des airs de trompettes qui planent sur un clavier pianoté par des doigts songeurs. Le rythme pulsatoire et rapide se met en branle une 20taine de secondes après la 3ième minute. Dénouant une approche spasmodique, il se transforme en une Électronica lorsque des percussions technoïdes sonnent la charge quelques secondes plus loin. Si les harmonies des trompettes céleste et la mélodie évasive du clavier demeurent, le rythme change de vélocité et alterne avec de courtes phases de répit avant de redimensionner une structure qui flirte entre une Électronica, de l'Électrobeat, du synthpop et du rock électronique. Dropping in at 800 AD, Part II est du même genre mais avec une belle nappe d'orgue qui lui donne une touche vintage. On se remet de ces changements d'identités rythmiques et atmosphériques de ces deux grands titres avec le synthpop progressif de Take Time Forever.

Mes oreilles ont dévoré ce NIGHT WALK au moins une 12zaine de fois avant que j'écrive cette chronique. Et à chaque fois, son attrait restait irrésistible. Andreas Baaden y a mis le paquet avec des textures de rythmes par-dessus ses rythmes, et cette propension d'en mettre plein les oreilles est aussi présente dans les arrangements avec des synthés qui respirent autant des ambiances des années vintages que contemporaines. Un album incontournable pour amorcer 2023!

Sylvain Lupari (08/01/23) ****¾*

Disponible chez MellowJet Records

(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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