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Writer's pictureSylvain Lupari

ANDREAS MEYER: Sinnenlust (2016) (FR)

Sinnenlust fait partie de ces albums qui mélangent parfaitement les sons de la Berlin School d'autrefois à ceux d'aujourd'hui

1 Garten der Lust 9:17 2 Nackt durch die Nacht 11:29 3 Einander Beruhren 7:40 4 Feuer der Liebe 7:34 5 Sinnenlust 13:01 6 Kontakt 9:43

Nord Music (DDL 58:47) (Berlin School)

Andreas Meyer est certainement l'une des plus belles découvertes parmi la gigantesque banque de MÉ offerte sur Bandcamp. Sa musique, toujours très romanesque, est construite sur un délicieux mariage entre ambiances et rythmes dans un esthétisme sonore riche en effets électroniques et en couleurs des tons. SINNELUST, pour plaisirs sensoriels, est une petite bombe de plaisirs soniques où le synthésiste Allemand aromatise sa musique de parfums d'ésotérisme et de cosmique. Nous sommes ici dans l'antre des rythmes cosmiques des années 70, mais avec une touche de contemporanéité dans le décor.

Garten der Lust débute cette dernière odyssée sonique avec une pléthore de brises aux couleurs et aux tonalités qui mixent le mysticisme et la sensualité astrale. Des nappes de voix très éthérées flottent parmi ces lignes qui raffinent leurs tonalités avec des caresses orchestrales. Des effets électroniques ornent ce jardin de lubricité avec des pétillements et des chants d'étoiles stellaires alors que des nappes aux tonalités plus basses bercent les ambiances qui sont mordillées par des percussions, des soupirs de cymbales et une ligne de séquences qui fait du rodéo statique. Ce qui séduit est cette riche palette d'effets électroniques et cette éternelle caresse des violons stellaires que l'on confond avec des voix séraphiques. Peu à peu, Garten der Lust alourdit sa dimension avec plus d'effets de basse et des percussions dont les illégitimes pulsations se perdent dans les mailles d'un mouvement de séquences stroboscopiques et dans la dense musicalité des multiples lignes de synthé, traçant un tempo qui dérivent dans les jardins de la luxure. On ne le sait pas encore, mais nous venons de pénétrer les territoires ensorceleurs de SINNELUST! Pulsations sourdes et étoiles cosmiques qui s'émiettent; l'introduction tout en ambiances de Nackt durch die Nacht dévie vers une danse de cent pas perdus qui cherchent une cohésion sous de superbes chants de synthé perçants. Les percussions résonnent comme des chocs d'auto-tamponneuses alors que des séquences émergent avec des lignes spasmodiques. Cette fusion des séquences et des percussions finie par tisser un rythme électronique vif et désarticulé qui embrasse une brève phase ambiosphérique avant de remordre nos tympans pour une autre section de break-dance cosmique saccadé. Et toujours ces chants de spectres d'un synthé très acuité. C'est assez difficile de parler de la musique d'Andreas Meyer sans faire de lien avec celle de Klaus Schulze et Einander Beruhren est là pour nous le rappeller. L'introduction et la phase primaire du rythme embrasent nos souvenirs d'un Schulze et sa période Body Love. La structure devient plus contemporaine avec un rythme aussi fluide que l'écoulement de ses saccades sous les caresses létales d'un synthé aux solos magiques. Disons qu'il s'agit d'une belle extension de Nackt durch die Nacht mais dans une phase rythmique qui va de lento à semi rapido sous une délicieuse ambiance cosmique. Feuer der Liebe propose un rythme vif et constant avec des basses séquences dont les rapides oscillations secouent une autre ligne de séquences spasmodique et des percussions électroniques intimidées par le rouleau compresseur de la principale ligne oscillatrice. Le mouvement propose des nuances, et dans les tons et la vitesse, avant de s'éteindre dans une finale qui dévoile un petit accroc au niveau de la fondue et du pont avec la pièce-titre. Ce sont des petites choses qui agacent! Parlant de pièce-titre, Sinnenlust propose un mouvement de boucles oscillatrices plus modéré que le bouillant Feuer der Liebe. Le rythme est donc plus ambiant sous une riche texture sonique où rampent des bourdonnements menaçants avec un délicat effet stroboscopique né de percussions claudicante et de séquences dont les cristaux de prisme tintent dans un splendide manteau de brume éthérée. C'est très romanesque et surtout très inspirant. Kontakt termine l'album avec une approche très Jean-Michel Jarre, autant pour le rythme entraînant que les solos harmoniques que les effets cosmiques.

Quel contraste avec Irrgarten 2! Loin des structures minimalistes qui finissent par envoûter à force de sursoir sur le temps, SINNELUST amène l'auditeur à travers moult structures de rythmes électroniques construites sur un habile maillage de séquences aux tonalités divergentes et de percussions électroniques délicieusement décarcassées avec une maladresse bien intentionnée. Les ambiances sont nichées dans une enveloppe sonique des plus esthétiques où tous les secrets de années vintage sont revampés avec une touche de modernité, en conformité avec ces rythmes qui expliquent le pourquoi de cet attachement qu'on des milliers d'aficionados pour la MÉ de style Berlin School. WoW! Assez impressionnant ce Andreas Meyer!

Sylvain Lupari (26/08/16) ****½*

Available at Nord Bandcamp

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