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Writer's pictureSylvain Lupari

ANDREY KLIMKOVSKY: Pillars of Creation (2021) (FR)

On surf sur notre ligne d'émotivité dans un parcours pour âmes sensibles et romantiques

1 Pillars of Creation 59:55

(DDL 59:55) (Cosmic EM)

Dans une ouverture qui frise le copié-collé avec celle de Antares Nebula, PILLARS OF CREATION sort des nimbes bien appuyé sur sa nappe de basse avec une vision dramatique déjà imposée par les souffles de trompettes célestes de ses synthés. Les effets cosmiques sont mieux définis et sont de go emportés par une turbulence des vents spatiaux. Dans cette foulée, le séquenceur libère une ligne de rythme ambiant qui emprunte un sentier harmonique avec hésitation. Un synthé sifflote au-dessus et lorsqu'il imite une idée musicale à la Vangelis, les percussions embarquent pour propulser Pillars of Creation vers un bon mid-tempo qui restera pour un gros 20 minutes sur un même niveau d'intensité. Les nappes de synthé ont ce haut niveau d'émotivité, créant des chants prismatiques qui secouent les poils de nos bras. Et lorsque les percussions répercutent l'ossature de Pillars of Creation, autour de la 4ième minute, la musique fleurie avec une émotion qui surfe sur nos bras. Le séquenceur est la principale source de rythme de ce long titre. Il a initié ce rythme qui repose maintenant sur une bonne basse rampant sournoisement l'échine de la passion, et de bonnes percussions, structurant une muraille rythmique solide orné des picorements des cymbales. Le clavier sculpte des airs lunaires qui sont rehaussés par le synthétiseur. Et régulier comme une horloge suisse, Andrey Klimkovsky sonne régulièrement la charge avec des élans du synthé, et parfois des percussions, rehaussant toujours un peu plus le niveau de ces orchestrations émouvantes qui forcent nos tympans, depuis bientôt 12 minutes, à communiquer avec le seuil de nos émotions. Et chaque fois, la structure musicale et les ambiances du titre augmentent leur niveau d'émotivité. Le musicien russe est passé maître dans l'art de créer ses panoramas cosmiques. Ses effets envahissent la courbe passionnelle de sa musique, donnant cette perception que ce long titre de presque 60 minutes ralentisse momentanément. Si le piano était fournisseur de frissons dans Antares Nebula, le synthé est son alter-égo dans PILLARS OF CREATION qui lui est nettement plus lourd et plus assoiffé de rythme. Le point de la 20ième minute propose une première phase stationnaire de la musique qui peu à peu ralentie sa course rythmique avant de tomber dans une véritable phase d'ambiances cosmiques un peu avant la 25ième minute. Nous sommes plongés dans un trou noir, un genre de turbulence cosmique avec des parfums de Jean-Michel Jarre. Le synthé reste en mode AK avec ses chants éoliens qui restent toujours assez haut dans la gamme musique-pour-donner-des-frissons.

Le séquenceur émerge tranquillement presque 2 minutes plus loin. Son pas hésitant possède une teinte plus grise. Sa ligne de rythme se met à gambader sous un ciel sonore rempli d'effets galactiques, alors que le synthé parfume encore nos oreilles de ses rhapsodies lunaires qui nous ensorcèlent depuis bientôt 30 minutes. C'est ce temps que les percussions choisissent pour réapparaitre et ainsi charpenter une ossature rythmique qui se forge tranquillement. Assailli par une nuée orchestrale du mellotron, le rythme reste en-deçà du mid-tempo initial. Il est toujours lourd et sert d'ancrage à un panorama qui excite le nid de nos oreilles. Nouvelle impulsion et nouveau dynamisme! Les percussions retravaillent une approche qui surprend avec cette chevauchée rythmique qui ressurgit, moulant un down-tempo qui est sur le qui-vive avec des orchestrations dramatiques de suspendu à cette structure toujours autant fixé aux limites de nos émotions. Le crescendo s'opère avec toute l'attention et l'appréhension qu'il commande alors que le lent staccato arrive quelques secondes plus loin. Il y a point d'extase dans ce coït interrompu trop tôt alors que Pillars of Creations'enfonce dans sa 3ième phase où le rythme perd ses repères au profit d'éléments symphoniques atmosphériques. Les violons chevrotant et les trompettes pleureuses sont prisonniers d'un paysage sans surface dont le taux des réverbérations reste le seul élément de passion. Ces instruments cachés dans les interstices des synthés sont finalement remplacés par des harmonies apocalyptiques empruntés au carnet de Vangelis. Ces éléments rallument les passions lorsque Pillars of Creation explose pour une finale pharaonique après la marque des 45 minutes. Habilement dosé par de très bonnes percussions électroniques, l'extase vient avant le coït dans une finale habillement construite pour un rock électronique cosmique et symphonique qui n'a pas la même valeur sentimentale que Antares Nebula mais qui nous a transporté à bout de bras sur 60 minutes chargées d'émotions.

Ah…que la musique est belle! J'ai approché PILLARS OF CREATION, second volet de la série Nebulae Galaxies Clusters d'Andrey Klimkovsky avec une forme d'appréhension. Les premières minutes semblaient tellement copiées sur le premier volet de cette série, Antares Nebula, que j'avais littéralement perdu le goût d'explorer un peu plus loin PILLARS OF CREATION. Mais c'est mal connaitre le musicien russe qui nous prend par surprise en explorant une vision plus rock de sa MÉ et donc le concept est ficelé de façon à ce que nous surfons sur notre ligne d'émotivité sur un long parcours pour âmes sensibles et romanesques. Un très bel album quoi!

Sylvain Lupari (11/08/21) ****½*

Disponible au Andrey Klimkovsky Bandcamp

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