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Writer's pictureSylvain Lupari

ANDY PICKFORD: Dreadnaught (2020) (FR)

Lourdeur, créativité, émotivité (la force de AP), mélodies et puissance; Dreadnaught est un autre must-have

1 Dreadnaught 14:47

2 Cthulhu's Dinner Bell 15:15

3 Crystalline 8:35

4 Reckoning 13:56

5 Velvet 4:31

6 Behemoth 17:23

(DDL 74:31)

(Heavy Electronic Rock)

J'aime Andy Pickford! Sa musique reste créative tout en étant accessible à cause de son indéniable talent de mélodiste. Et ce même dans ses projets les plus fous, comme ici, et totalement irréels, comme la série Radio Silence. Un vrai de vrai qui reste près de son public en commentant l'actualité et surtout en expliquant la raison d'être d'un tel remastering ou encore l'idée derrière un album. Comme dans DREADNAUGHT et ses lourds down-tempo bien fixés à des vers-d'oreilles qui peinent à traîner une musique si lourde et parfois si puissante. Et DREADNAUGHT s'est fait sans crier ciseau! Notre ami Andy s'ennuyait à mourir en milieu Août en écoutant de la musique calme et contemplative. Il a donc décidé sur le champs de créer 4 longs titres débiles dans un contexte heavy-métal électronique à faire exploser les tympans. Il a inséré 2 courts titres plus relaxant, histoire de nous donner le temps de respirer entre ces rythmes purs et durs du nouveau rocker de la MÉ.

La pièce-titre débute avec une ligne de synthé menaçante qui ondoie dans un effet stéréo. Tôt, les éléments rythmiques se greffent quasiment un par un. Une basse pulsation laconique, des impulsions de basse brumeuses, des séquences papillonnants et d'autres tournoyant en tous sens et surtout un pattern de séquenceur conçu comme un convoyeur rempli de diablotins jouant au basket et dribblant les séquences d'une façon désordonnée. Une courte et attachante mélodie sur quatre accords se greffent à cette ouverture stationnaire qui prend son envol avec l'arrivée des percussions. La ligne de basse devient lourde et fait pulser ses accords avec force alors que la brève ligne mélodieuse change de tonalité. Et comme un cercle diabolique, modifiant à peine son apparence, Dreadnaught tourne et tourne en créant ce fil obsessionnel dans nos oreilles. L'ouverture de Cthulhu's Dinner Bell est cousue dans l'intrigue. Des wooshh et des wiishh hurlent secrètement alors qu'une ligne de basse écoule ses lourds accords comme dans un temps de pandémie. Entends-je des gens expirer leurs derniers souffles? Peu importe, la roue tourne avec un beau jeu d'oscillations du séquenceur et de ses incubes qui dribblent les séquences en arrière-plan. Le séquenceur joue un rôle prépondérant dans l'univers de DREADNAUGHT en tissant des phases de rythmes statiques démoniaques, comme des lignes de rythmes entraînants. Et le tout se fait dans un désordre qui trouve sa justification lorsque le rythme est parti pour de bon. Ça pris 6 minutes de gestation avant que Cthulhu's Dinner Bell ne sorte de sa base introductive. Son rythme est plus que lent, et un peu moins lourd que Dreadnaught. Des effets stroboscopiques serpentent ce rythme qui se bat pour ne pas se faire dominer par des parfums de guitare enflammée. Lourd, stationnaire et un brin diabolique, Cthulhu's Dinner Bell ne propose pas de ligne mélodieuse, seulement les ululements de cette six-cordes électrique que le tapage incendiaire conserve dans l'anonymat.

C'est de la bouche de Cthulhu's Dinner Bell que Crystalline naît. Le séquenceur conserve une partie de son ossature rythmique, traçant un rythme harmonique aussi beau et fluide qu'une bande de lapins qui gambadent sur le même beat. Toujours à quelques nuances près 😊! AP y dessine un plan mélodieux que l'on peut facilement siffloter et qui respire le New Age, ou encore à ses structures dans la collection Adagiometry. Beau, calme et serein, la mélodie devient une obsession pour quelques minutes! Aucune intermission sur cet album qui se poursuit avec Reckoning et ses étranges effets vocaux. On croirait entendre du statique ou encore des extra-terrestres en train de se parler dans un microphone des années 1930. Le séquenceur soutient ce mouvement avec une ligne palpitante qui aime recevoir les délicates morsures d'une ligne stroboscopique. Entretemps, une délicate mélodie synthétisée éclot après les 2 minutes. Puis viennent les orchestrations et les trompettes célestes soufflant cette mélodie qui verse une larme pour une approche cinématographique et les inoubliables parfums du Moyen-Orient. Les percussions sautent dans l'arène un peu après les 5 minutes. Et toujours, Reckoning tourne et tourne. Devenant plus lourd, plus grenouillant de ces sons mastiqués par les engins de Andy Pickford, la musique devient tellement lourde et accablement puissante qu'il faut baisser le volume. La mélodie? C'est un truc coutumier dans les zones de AP et ça demeure d'une beauté surréelle. Et bang! Le court Velvet nous ramène à la réalité avec une course circulaire des basses séquences et surtout une mélodie forgée dans le verre avec des tintements d'arpèges et leurs tonalités à la Angst de Klaus Schulze. C'est un beau titre qui permet à AP de coller un bel air siffloté qui sied bien à la teinte moirée des arpèges et de leurs tintements de verre. Et lorsque le carrousel s'arrête, c'est pour mieux laisser entrer le mouvement spasmodique de Behemoth. Poussant les limites à notre maximum, c'est un puissant 17 minutes que Pickford colle sur nos tympans. L'approche reste minimaliste avec une vision rythmique circulaire que la batterie retourne en un rock électronique lourd et vivant. Assez pour nous faire danser en déhanchant nos hanches. Comme dans les années 70 où la boucane bleue et verte créait d'étranges manèges dans nos têtes. Chaque tour de Behemoth suffit à AP pour nous coller un décibel de plus et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on baisse le volume ou que l'on pète nos têtes sur les murs.

Techniquement, et bien que très lourd, DREADNAUGHT s'écoute bien. Tout est à sa place, sauf que j'aurais aimé entendre plus la guitare dans Cthulhu's Dinner Bell. Mais ça, c'est un choix personnel! Il n'y a rien à dire contre cet album. Andy Pickford respecte son plan de match à la lettre et on en a pour notre argent. Donc, lourdeur, créativité, émotions (la force de AP), mélodies et puissance; DREADNAUGHT est un autre must have dans la pépinière musicale du musicien de Derby, Angleterre.

Sylvain Lupari (16/10/20) *****

Disponible au Andy Pickford Bandcamp

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