“C'est un album comme on peut s'y attendre et le souhaiter de l'unique Andy Pickford”
1 Liminal Freefall 7:49
2 Plato's Box 7:18
3 Quarklight 5:35
4 Zak the Juggler 7:08
5 Forbidden Spheres no.1 9:26
6 Forbidden Spheres no.2 11:16
7 Forbidden Spheres no.3 10:08
8 Forbidden Spheres no.4 9:39
9 Forbidden Spheres no.5 11:30
(DDL 79:53)
(E-Rock, England School Electronica)
Non! Définitivement, Andy Pickford n'est pas à bout de ses ressources. Ni en manque d'inspiration! Le dernier album que j'ai chroniqué du célèbre musicien Anglais fut Vanishing Point. Et c'était en 2021. Depuis, le rocker de la musique électronique (MÉ) de Derby a continué de produire album par-dessus album, pas loin de la 15zaine, qui ont tous des trucs addictifs auxquelles nos oreilles s'accordent facilement. Et j'ai décidé de plonger plus profondément dans une de ses récentes œuvres afin d'entendre si le prolifique musicien avait autant de choses intéressantes à faire entendre. Eh oui! Flirtant toujours avec la pleine capacité des coutumières 80 minutes MÉ offertes pour format CD-(r), Andy offre en FORBIDDEN SPHERES un album à la mesure de son talent et à la démesure de ses fans et son nouveau public exigent continuellement de ce personnage haut en couleurs. Exploitant sensiblement les mêmes filons rythmiques et harmoniques, celui qui fut un des précurseurs de la England School sait comment attiser notre intérêt en ajoutant juste ce qu'il faut au niveau des percussions, des arrangements et des bribes de mélodies afin que nos oreilles restent toujours sous les charmes de ses structures minimalistes évolutives. Des rythmes vifs et entraînants supportent une pléiade de mélodies séquencées qui tissent aisément de troublants ver-d'oreilles, alors que les arrangements flirtent avec les univers glauques et surnaturels. Et au final, la musique de FORBIDDEN SPHERES s'écoute comme un noir conte Anglais qui laisse toujours une petite place au côté lyrique d'une poésie sans vers.
Les cercles imaginaires d'accords de clavier tombant comme une goutte de son sur un lac paisible sont à l'origine de Liminal Freefall. Des arpèges sonnant comme un jeu de percussions manuelles et des accords bien résonnants sont les premières ressources d'une structure de rythme songée autour de 3 idées jetées au séquenceur. Saccadé, dansant et mélodieux, le rythme coule paisiblement avant que des percussions l'amènent dans une structure plus vive et lourde. Ça devient un bon rock électronique avec un petit couplet libéré par des arpèges qui tissent une délicate obsession mélodique. Cette brève mélodie est un modèle récurrent dans le titre et on entendra ses intonations plus loin dans l'album. Elle flotte sur un débit électronique mené par une ligne saccadée du séquenceur et ces percussions, en stop'n'go, qui seront à l'origine du dynamisme des rythmes de ce nouvel album de Andy Pickford. Accords résonnants et ligne d'arpèges séquencés zigzagant, l'ouverture de Plato's Box est dans les mêmes paramètres. Toujours aussi gracieusement enrobé d'une nuée d'accords, d'effets électronique qui flirtent avec du psybient ainsi que des percussions lourdes dont les frappes résonnantes et vibrantes sont aussi des éléments récurrents dans l'album et finalement de séquences percussives, le rythme est moins vigoureux et offre un beau tempo lent qui se danse en cercles flottant, et en méditant sur ces arpèges toujours aussi mélodieux et près de tisser un autre ver-d'oreille. Quarklight est un peu dans la même veine avec de langoureux solos de synthé et un pléthore d'effets percussifs qui claquent et résonnent sur une structure qui n'est pas trop loin du rock progressif, pensez à Curved Air, UK et FM, des années 70. Zak the Juggler est plus en mode Techno et/ou EDM avec une structure de rythme qui se développe pour adopter une musique rythmée idéale pour la course à pied. Les tintements percussifs, les mitrailles des percussions électroniques et le séquenceur en mode Frankie Goes to Hollywood sont très efficaces.
Divisé en 5 parties qui totalisent près de 52 minutes de MÉ répondant à différentes structures de rythmes, la longue pièce-titre de ce nouvel album du rocker électronique Anglais débute avec Forbidden Spheres no.1 qui offre justement à nos oreilles, bien assommées par cette puissance rythmique qui secoue les sphères de FORBIDDEN SPHERES, différentes structures de rythmes qui convergent en une solide fusion d'un rythme pulsatoire et saccadé. J'aime cet effet de souffles courts qui sont liés à certaines percussions. Et quelquefois violement matraqué par un accès de rage des percussions, le rythme est toujours très entrainant. Des effets organiques, comme des grognements intestinaux, de lointaines voix qui fredonnent des wah-wah et des nappes de voix errantes qui font entendre un chant intrigant rehaussent la nature psychédélique et organique du titre. AP insère aussi de bons arrangements qui donnent un relief plus musical et surdimensionnent les charmes de ce titre dont le collier d’arpèges miroitant fait flotter une mélodie qui tisse aisément un air obsédant. Même si un peu plus intense, Forbidden Spheres no.2 propose une structure moins lourde qui est structurée sur des lignes d'arpèges chantant dans les sillons de nappes de voix absentes. Le séquenceur épouse à la fois un mode mélodieux ascendant et une structure répétitive légèrement saccadée. Les percussions, toujours plutôt violentes dans leurs fracas cadencés, ajoutent de la lourdeur au titre. Forbidden Spheres no.3 suit avec une ombre de basse pulsatoire qui trace de longs filaments bourdonnants. Des accords de percussions tintent et résonnent comme ceux pianotés avec agilité et entrain sur un xylophone en verre. Cette première structure de mélodie rythmique séquencée est vite tarabustée par ces coups de percussions aussi lourdes que vives et qui résonnent avec leurs effets de splash électronique. Le rythme devient une sorte de transe spasmodique et accueille cette lointaine mais fascinante mélodie synthétisée qui semble être sifflé par le vent. La séquence mélodieuse devient de plus en plus débridée, défiant constamment la lourdeur et la vélocité des percussions. Ce qui nous amène à l'ouverture assez éthérée de Forbidden Spheres no.4. Le synthé tisse une onde des plus chaleureuse où tinte une douce mélodie pour rêveurs. Cette ritournelle est séquencée en une suite répétitive et ondule sur une structure de rythme principalement animée par un autre jeu lourd des percussions électroniques qui labourent un mouvement semi lent. La structure se développe comme Forbidden Spheres no.3, sauf que la mélodie cadencée s'estompe peu à peu pour faire place à une qui est poussée par le synthé dont les boucles sont imitées par une ombre constituée de tintements mélodieux. Forbidden Spheres no.5 adopte un peu la démarche éthérée du no. 4 pour se développer sur un rythme pulsatoire toujours mis à mal par un intense jeu des percussions qui ont ce don de surélever le pinacle des rythmes de FORBIDDEN SPHERES. La différence ici est que le maillage du séquenceur et des percussions structure un cortège électronique dont le débit semi lent croisse avec un effet dramatique instauré par des arrangements cinématographiques. Le synthé y tisse une approche mélodieuse qui rejoint l'intensité processionnelle, sinon plus, que ce rythme qui se développe avec vision dramatique babylonienne. Il y a seulement Andy Pickford pour imaginer une telle finale à un album qui se développe lentement et avec une accentuation autant au niveau des rythmes, des arrangements et des ambiances où le zénith atteint dans Forbidden Spheres no.5 ne peut que commander que nos oreilles récoutent encore et encore un FORBIDDEN SPHERES qui est plus qu'on peut espérer d'une œuvre de Mr Pickford après toutes ces années.
Sylvain Lupari (23/04/23) ****¼*
Disponible au Andy Pickford Bandcamp
(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)
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