“C'est une autre belle collection de titres d'AP avec de très bonnes ballades, un zeste d’électronica et de la dance-music”
1 Driver 6:07 2 Charabang 7:45 3 Smile 5:07 4 Shenestra 4:58 5 Rollatorbahn 7:19 6 Magnetar 7:36 7 Mirage 11:58 8 Euterpe 6:16 9 Zitouna 5:08 Andy Pickford Music (DDL 62:17) (E-Ballads, E-Pop, Electronica & Weeping orchestrations)
Autre projet musical d'envergure, OBJECTS & EXPRESSIONS 1 aboutira aussi en trilogie, à l'image de Harmonics in the Silence, Shadow at the Gate et Orgonon. La seule différence est que cette série semble être offerte en 3 parties séparées au lieu d’un gros bloc de près de 200 minutes qui demande beaucoup de temps d'écoute et de concentration chez l'auditeur. Mais est-ce qu'AP va résister longtemps avant de nous balancer sa dernière trilogie? Seul le temps, et Andy bien sûr, le diront. Et si l'on se rappelle plutôt bien, ces 3 dernières odyssées soniques avaient répondu aux attentes les plus hautes de ses fans. Donc, qu'en est-il de ce OBJECTS & EXPRESSIONS 1? Puisée dans ses souvenirs et/ou composée dernièrement, la musique proposée offre la signature unique au musicien Anglais avec une variété de rythmes forgés dans des structures minimalistes auxquelles il ajoute constamment ces éléments qui font de sa musique un unique rendez-vous au carrefour de la créativité. Et comme toujours, la créativité et l'accessibilité vont de pair dans l'univers du célèbre Andy Pickford.
Driver ne perd pas de temps! Une ligne de séquences qui gargouille tente de mâchonner une approche mélodieuse aussi fragile que le chant d'un pinçon, mais aussi résistante que les moqueries de rossignols. Cette première proposition musicale de OBJECTS & EXPRESSIONS 1 est aussitôt kidnappée par un matraquage de percussions, de séquences et de basses pulsations qui amènent ce rythme débridé aux frontières d'un fougueux Drum&Bass et d'un rock électronique teinté des fragiles paillettes de synth-pop. Le rythme est vif et noué autour de spasmes nerveux, genre stop&go, alors que la mélodie sifflée est tisseuse de ver-d'oreille. Les effets d'écho dans les riffs de clavier donnent à Charabang une approche de musique de danse des années 90. La musique est très vivante avec une approche à la Frankie Goes to Hollywood sur une structure aussi nerveuse que Driver, mais plus fluide et plus dans le genre Transe Électronica. Nous sommes en mode danse pour près de 8 minutes sur ce titre qui remue un peu les parfums, au niveau des voix, de Binar. Smile est le premier titre qui s'accroche à nos émotions dans cette nouvelle trilogie embryonnaire. Le rythme est doux, un mild-tempo, avec une approche de ballade électronique circulaire où tombent des riffs de clavier en mode harmonie. Entraînante, quasiment magnétisante, la musique est cernée par de bons effets de percussions et des lignes stroboscopiques. On accroche tout de go et on tournoie comme ces acteurs heureux sous une délicate pluie. Dans un décor d'un bord de mer avec des vagues qui s'écrasent sur quai, Shenestra dénoue des accords de claviers qui se jettent dans le torrent de percussions tablas. Les accords défilent comme des perles sur une harpe, alors que muet le rythme bat à la mesure de sourdes pulsations. C'est est un court titre plutôt mélancolique avec une musique éparpille sa grisaille sur un slow-tempo nourri principalement par une guitare acoustique et ses solos rêveurs.
Dans son approche de musique de danse et son vocodeur qui fait assez Kraftwerk, Rollatorbahn est un titre assez explosif! Le débit est hautement dynamisé par un séquenceur et ses lignes de basses séquences un peu funky qui oscillent vivement sous les cicatrices d'une pluie d'étoiles. Condensé dans une masse sonore, le rythme et les gazouillis harmoniques du synthé font la luttent à des percussions saccadées et des effets percussifs qui dynamisent un décor constitué de moults effets de DJ. Magnetar est un très beau moment dans cette collection de 9 titres. Son ouverture onirique suit une rivière sonique malmenée par d'autres très bons effets percussifs et des filaments stroboscopiques qui peu à peu amènent la musique vers une accentuation quasiment dramatique avec des percussions qui chamboulent les sens autant que le chant allégorique d'une chorale angélique. Plus long titre de ce OBJECTS & EXPRESSIONS 1, Mirage établit ses charmes magnétisants par une introduction tribale du Moyen-Orient. Les percussions claniques font duel avec une nappe de voix suavement sensuelle. Cette danse berbère se fait avaler par le matraquage du maillage percussions/séquenceur. Le rythme reste dans cette approche minimaliste, mais avec une touche motorique dont les contractions sculptent un long mouvement rempli de saccades. Ça me fait drôlement penser à Walter Christian Rothe dans Let the Night Last Forever, notamment le titre Death. Des nappes de violon et des riffs de clavier complètent l'ornementation de ce titre très magnétisant qui nous cloue à nos écouteurs. Euterpe est un beau synth-pop bien joyeux qui remonterait le moral au plus déprimé d'entre nous. La musique étale une très belle spirale harmonieuse, bien nourrie par des voix de fées, où se greffe une guitare et sa mélodie qui se défait comme une bobine sur une douce pente herbeuse. Zitouna est un autre down-tempo suave avec des violons cinématographiques. Et si la mélodie, pianotée sur du cristal, vous fait penser aux arrangements de I'm not in Love de 10cc, je ne suis donc pas le seul!
J'ai passé un agréable moment avec ce OBJECTS & EXPRESSIONS 1 d'Andy Pickford. Du grand Pickford en fait! Offert en format téléchargeable 24 bits, il n'y a aucun projet de CD pour l'instant, la musique est plutôt facile à apprivoiser avec de belles ballades, un zest d'Électronica et quelques titres de danse qui ne risquent pas de vous brûler la plante des pieds. Fait intéressant, AP propose des textes explicatifs sur la provenance de chaque titre ainsi que les brèves paroles de Driver.
Sylvain Lupari (08/11/18) ***¾**
Disponible au AP Bandcamp
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