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Writer's pictureSylvain Lupari

ANDY PICKFORD: Panopticon (2019) (FR)

“Dans un canevas qui dépasse les deux heures, AP propose une musique riche où ses styles s'entrecroisent dans des structures qui voyagent dans ses différents sphères”

1 Panopticon Part 1 18:43

2 Panopticon Part 2 15:15

3 Panopticon Part 3 2:43

4 Panopticon Part 4 16:26

5 Panopticon Part 5 10:02

6 Panopticon Part 6 8:00

7 Panopticon Part 7 16:33

8 Panopticon Part 8 16:07

9 Panopticon Part 9 16:39

10 Panopticon Part 10 3:50

Andy Pickford Music (DDL 124:26)

(Electronic England School)

Andy Pickford me fait penser à cet écrivain qui décrit dans les moindres détails les ambiances du lieu et la situations actuelle entre deux ou plusieurs individus afin de situer le mieux possible le lecteur dans son roman. Il a besoin de beaucoup de pages, trop même, pour étaler son histoire. Et lire et écouter, sont deux activités où les écrivains, comme les compositeurs, peuvent perdre l'intérêt du public lorsque des longueurs étirent les ambiances absolument pour rien. Et c'est le nœud de PANOPTICON. Dans un canevas qui dépasse les deux heures, Andy Pickford propose une musique riche où ses styles usuels s'entrecroisent dans des structures qui auraient dû être plus courtes. La différence entre les longs chapitres d'un livre et ce dernier opus d'AP est que nos moments d'égarements sont repris quelques minutes plus loin. Tout ça parce qu'Andy Pickford maitrise à merveille l'art de composer une musique assez accessible et qui accroche, autant les pieds que l'intérêt et surtout les émotions. Mais c'est dans un niveau d'émotions plutôt stables et des rythmes qui sont au diapason de ces émotions que PANOPTICON voyage sans heurts dans les différents sphères du musicien anglais; de Linear Function, en 1983, à aujourd'hui.

Panopticon Part 1 débute avec des joyaux qui sautillent et scintillent d'une oreille à l'autre. Des bruits de pas, une porte qui se ferme et une cigarette qui se consume. Les joyaux disparaissent dans une masse de séquences qui graduellement épousent le mouvement d'Arpégiateur de Jean-Michel Jarre. Le débit est plus vite, genre un Chris Franke en pleine forme, mais l’essence Jarre est de tous les moments dans cette ouverture à PANOPTICON. Une six-cordes acoustique délie une stratégie de riffs qui devient la base harmonique de cette première partie dont la cadence devient un peu plus entraînante avec l'arrivée des percussions. Minimaliste, permettant à AP de joindre toutes ces fantaisies, Panopticon Part 1 offre sa musique à des oreilles réceptives où le Easy-Listening électronique est plus comestible, même avec ces charmants effets de voix difformes qui m'avaient tant séduit dans l'univers de Binar. Cette première partie met la table à une longue structure de rythme où l'Électronica danse sur des séquences en mode England School de Part 2. Son approche est vive avec des séquences toujours chatoyantes, une bonne ligne de basse et des percussions dont les claquements résonnent bien au-dessus d'un pattern de percussions électroniques qui roule à tombeau-ouvert. Si le rythme est enlevant, la structure très minimaliste offre une longueur cassée par un bref intermède de sérénité astrale, et poursuit sa course sans autres éléments qui en aurait fait une danse plus furieuse. Un rythme de feu comme Part 3 par exemple mais dont la finale soporifique nous amène vers l'introduction éthérée de Part 4. Là où des anges fredonnent un cantique spirituel sur un bassin de séquences stationnaires. Éparpillant ses 16 minutes sur un canevas minimaliste, Part 4 est sur une structure lente, quasiment sans rythme, avec des séquences qui scintillent comme les reflets du soleil sur un lac tranquille avec des effets de percussions qui résonnent dans un champ sonore assez lointain. La structure est concentrée principalement sur son approche séraphique avec sa chorale angélique dont les psaumes électroniques redescendent des cieux sous des formes de mélodies évasives qui se twistent pour atteindre nos oreilles. Des arrangements, avec un zest d'émotivité plastifiée, s'accrochent sans pour autant amener la musique à un autre niveau. Tranquillement, cette même ossature se transforme en une approche plus électronique avec Part 5 et ces percussions qui claquent comme des claquements de mains métalliques dans un background rythmique animée de fines saccades stroboscopiques, un des éléments discrets de PANOPTICON qui se remarque plus ici. Nos oreilles trempent toujours dans ce lac de séquences figées dans un mode harmonieux où les parfums de Tangerine Dream, période Tyger, sont plus présents ici. On sent une intensité attaquer un rythme qui restera sans réponses explosives et fera plutôt l'effet d'un long processus coïtal qui sera bon, mais sans orgasme. Un processus qui amasse des couches de wooshh et de wiishh dans une forme de lent hip-hop où les sauts ralentis donnent une vision plus morphique que rythmique.

Part 6 débute le deuxième partie de PANOPTICON avec une approche de synth-pop des années 80… sans voix. Le rythme est délicat et bat sur un ruisselet d'arpèges séquencés qui forgent une masse statique. Ce sont les percussions qui finissent par prendre le pôle pour contrôler une structure où traînent depuis l'ouverture des solos harmonieux. Et ils restent bien ancrés dans un décor qui permute en un genre de Dance Music très comestible avec un autre beau jeu du séquenceur qui fait rouler ses billes vivement sur un convoyeur bien en ordre. C'est de la douce EDM avec un beat plus lent que vif. Des beaux arrangements, qui font assez Vangelis, nous guident vers Part 7 et ses joyaux d'éléments percussifs qui font trainer leurs échos dans des wiishh et des nappes d'un synthé divisé entre son approche ambiante ou symphonique. Un piano nous y attend et égare ses notes pensives dans un décor de fragilité d'où émerge une ligne de séquences flûtées et un rythme évolutif. Entraînant comme une musique de danse pour types âgés qui protègent leurs enveloppes cardiaques, ce rythme évolue dans un cosmos différent de ce qu'on entend usuellement et dans une faune d'éléments percussifs assez séduisants. Ce Part 7 est sans doute le plus beau moment dans ce PANOPTICON et allume la section rythme de cet album qui devient nettement plus vivant avec le rythme électrisant de Part 8 dont on reconnait nettement cette ossature de rythme qui voyage depuis les premiers instants de cet album et qui mute de partie en partie. Part 9 annonce la fin de PANOPTICON avec un longue structure armurée dans un rythme très Tangerine Dream, toujours dans les années Jives, où ces filaments de mélodies vampiriques et spectrales du registre Andy Pickford vaporisent nos oreilles d'effets charmeurs qui sont bousculé à nouveau par un autre rythme infernal couché sur autre petit laps de temps en Part 10, qui est l'égal de Part 3.

Il y a beaucoup de matériel dans ce dernier album d'Andy Pickford qui est rempli d'une vision plus doucereuse que d'habitude et avec un plein de mélodies qui se perdent par instants dans cette longue mosaïque qui a ses longueurs. Sinon, les fans de la première époque d'AP seront ravis par cet album qui semble être coincé dans cette période du musicien Anglais.

Sylvain Lupari (10/08/19) ***½**

Disponible au AP Bandcamp


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