“La principale force de Vanguard 1 est de tenir constamment l'auditeur en alerte avec des gros rythmes déchirés entre ce qui fait la richesse du mouvement England School”
1 Phoenix 7:58 2 Angel on the Water 6:11 3 Wish 6:10 4 Brightstar 5:49 5 Quest 4:34 6 Opal 8:50 7 Gardenia 5:25 8 Rainwashed 5:06 9 Decay 6:16 10 Vapour 9:05 11 Clear Blue 4:45 AD Music| AD153
(CD/DDL 70:07) (V.F) (E-Rock and Electronic New Wave) Andy Pickford est tout un personnage qui a connu ses heures de gloire auprès du public Anglais dans le milieu des années 90 avec une série d'albums qui exploitaient une approche que plusieurs qualifiaient comme du New Wave électronique. Ce véritable précurseur, on lui doit la paternité de cette enveloppe de Synth-Pop et de New Wave électronique qui a envahi le marché, et qui l'inonde encore, depuis Maelstrom en 1995, tentait une merveilleuse aventure avec Paul Nagle en 2002 pour les projets Spank the Dark Monkey et Binar d'où sortiront de splendides albums d'une MÉ plus sombre et nettement plus expérimentale. Une MÉ bercée et inspirée des années Rubycon de Tangerine Dream avec une approche de techno pour Zombies affamés d'effets sonores. Après cette période, intensément productive je dirais, il prend une pause de 5 ans et refait surface en 2011 avec une série de compilations intitulées Remasters ainsi qu'une multitude de E.P. et des remixes qui sont offert par plateformes de téléchargements uniquement. VANGUARD 1 est un retour sur un label majeur et comprend des compositions originales ainsi que des titres qui sont apparus sur l'album Jera, réalisé en 2012. Essentiellement, la musique de VANGUARD 1 reprend les grandes lignes de cet artiste pour le moins énigmatique en offrant une musique dynamique et énergisante où le New Wave électronique trône en haut d'une mosaïque de rythmes qui touche à tout; du rock électronique à de l'Électronica. L'album offre 11 titres, tous rattachés les uns aux autres, pour plus de 70 minutes de pur bonheur pour les fans d'Andy Pickford qui fait effectivement un retour en force. Et pour les autres, dont moi, c'est une excellente occasion de découvrir un artiste qui se laisse difficilement approché.
L'introduction de Phoenix est assez cinématographique avec sa muraille de violons qui flotte comme les milles tourments d'une âme à la dérive. Une mélodie délicatement martelée par des arpèges aussi cristallins que ceux d'un fragile xylophone perce ce voile mélodramatique, de même qu'un synthé et son approche mélodieuse finement arabique. Les arrangements sont bien ficelés. Une structure de rythme séquencé fourmille en arrière. Le mouvement est nerveux et entraîne des percussions et des boucles oscillatrices dans un énergique pattern rythmique. Et l'univers tout en son de Pickford s'enfonce dans nos oreilles. Si le rythme est vif, lourd et très entraînant, ses artifices en accentue ses charmes. Des percussions crotales et d'autres aux tonalités de verre moiré, des voix féminines, des lignes de synthé aux harmonies tisseuses de ver d'oreille et des arrangements inondent nos oreilles sur un long parcours minimaliste que Pickford n'hésite pas à arroser de superbes solos de synthé avec le doigté d'un guitariste dans un groupe de rock. On accroche mais nos émotions deviennent vite nuancées avec le très Chill et Dub ambiant Angel on the Water où la voix, éteinte dans un genre de vocoder, d'Andy Pickford, bien que très mélodieuse, ainsi que les nombreux solos de guitare électrique transportent l'auditeur à mille lieux des territoires de la England School. Ça me fait penser à du Massive Attack, ici comme le très beau mais dérangeant Opal et sa mélodie vampirique qui siffle sur un rythme bondissant dans des vapeurs d'éther. Mais c'est très bon. J'ai bien aimé et ça donne beaucoup de profondeur à VANGUARD 1 dont la qualité première, hormis une musique de qualité exceptionnelle, est de tenir constamment l'auditeur sur le qui-vive. Wish est une très belle ballade avec un synthé qui sifflote des harmonies qui s'ancrent dans nos oreilles. le jeu des percussions, certaines sont enveloppées d'un venin de crotale, et la lourde ligne de basse donne une infusion quasiment érotique à ce titre pour le moins lascif. Brightstar est lourd et nerveux, la ligne de basse cure les oreilles, avec de bons arrangements, tant cinématographique qu' arabiques.
Quest nous amène dans des territoires un peu psybient. La musique est lourde et ambiante. Nouée dans l'intrigue et dans des effets ectoplasmiques, elle irait très bien à des scènes de films où la sueur n'a rien à voir avec la chaleur. Le rock électronique est très vivant et surtout très créatif avec un maillage de séquences, basses, percussions, et autres effets de rythmes très attirant pour l'ouïe, qui supportent des mélodies aussi captivantes que spectrales comme dans le solide Gardenia. Rainwashed est une sombre ballade très élégiaque avec un piano noir qui pleure ses notes sur une structure de down-tempo solidement ancrée dans une enveloppe qui s'apparente à du psybient, si ça ne seraient pas que des violons pleureurs. Émouvant! Vous devinez que mes oreilles ont croquées dedans à plein. Decay est violent! Le rythme est noir et assourdissant avec un mouvement noué dans des saccades pulsatrice. Les effets cosmiques et les nombreux cognements de percussions lourdes vont réveiller des souvenirs de Jean Michel Jarre chez certains auditeurs, tandis que l'approche cinématographique et ses voix patibulaires peuvent faire penser à l'univers de Mark Shreeve. C'est lourd et noir comme c'est pas permis. Mes voisins ont détesté! Moi? J'ai adoré et je l'ai sélectionné pour jouer à notre émission de radio avec Phoenix. Malgré le fait que cela soit lourd et très noir, la mélodie qui y niche travaille constamment ce désir de réentendre à nouveau. Un piège de charmes dans VANGUARD 1! Vapour n'est pas en reste. C'est un autre titre lourd qui épouse une étrange marche militaire. Les ambiances sont intenses avec de belles nappes de synthé aux parfums philharmoniques. Pickford utilise les 9 minutes du titre pour lui donner un fascinant crescendo d'atmosphères. Un titre intense qui démontre qu'Andy Pickford est autant à l'aise dans des titres d'ambiances que de New Wave électronique. Et c'est tout un solo de synthé qu'il balance parmi les somptueuses arrangements dramatiques qui nourrissent la stupéfiante progression, tant dans le rythme que les ambiances, de Vapour. Clear Blue s'extirpe difficilement de ces ambiances lourdes et sombres pour conclure VANGUARD 1 sur une structure toujours aussi lourde et bondissante avec une belle mélodie où un synthé siffloteur d'harmonies fait duel avec un autre aux solos très créatifs. Vivement Vanguard 2!
Sylvain Lupari (9 Novembre 2015) ***½**
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