“Ian Boddy et Marck Shreeve jouent sur les chaudes cendres d'Umbra, apportant ce Arclight à un autre niveau exceptionnel”
1 Arcadia 14:40 2 Arclight 18:33 3 Filtered Through Haze 8:35 4 Proxima Obscuro 13:47 5 Into Dust 10:35 6 Panthera 10:26 7 Cherry Bomb 11:16 DiN | DDL17
(DDL 88:11) (Dark and haunting Berlin School)
Le concert qu'Arc a donné au Capstone Theatre à Liverpool en mi-novembre 2014 avait soulevé une onde de passion sur les réseaux sociaux. La légion de fans du duo Anglais, qui est dispersée aux quatre coins du globe, lisait les nombreux commentaires de la poignée de chanceux qui ont pu voir ce spectacle dans une enceinte du Liverpool Hope University. Axé principalement sur les cendres du majestueux Umbra, ce concert faisait l'objet de commentaires extrêmement élogieux et admiratifs. Par ricochet il faisait aussi l'objet d'une massive demande des fans d'Arc afin qu'il soit un jour transporté sur CD. La machine à rumeurs fut lancée et Ian Boddy officialisait le tout sur son compte Twitter à la fin Juin. Et avec près de 90 minutes de MÉ dans la plus pure tradition Arc/Redshift, ARCLIGHT exauce la requête des plus exigeants. Ian Boddy n'a rien voulu enlever aux fans en effectuant le montage sonore complet de ce spectacle qui se retrouve sur la plateforme de téléchargement de DiN dans sa totalité, suivant ainsi le principe du concert qu'il avait performé avec Erik Wollo au Electronic Circus V de 2012; EC12. Et si je me souviens bien, il y avait une vidéo (elle y est toujours j'ai vérifié) de 30 minutes qui donnait une dimension encore plus réelle de ce concert. Aurons-nous aussi droit à cette petite gâterie? Mais parlons de ARCLIGHT....
Ce qui saute tout de suite aux oreilles, et contrairement à Umbra, Ian Boddy a enlevé tous les bruits de l'audience. Du moindre soupir d'ébahissement au plus petit applaudissement, donnant ainsi à ARCLIGHT l'impression qu'il précède Umbra. Et lorsque nos oreilles croisent les délicates permutations des rôles, comme la lourdeur et les tintements de Arcadia ou encore cette guitare qui accompagne le chant flûté de Cherry Bomb, on comprend que Mark Shreeve et Ian Boddy ont décidé de donner encore plus de relief aux ombres de Umbra. Les nuances dans Arcadia sont subtiles mais oh combien importantes. Si le rythme me semble plus lourd, les détails sont encore mieux définis. Comme cette ligne un brin flûté qui gambade dans une enveloppe plus cosmique. Le pouls du rythme me semble aussi plus incisif. Mais là je plonge vraiment dans les détails. Ce qu'il faut retenir sont les 3 titres additionnels à Umbra. Trois titres qui complémentent le premier volet sur les ombres avec plus de 35 minutes de musique additionnelle. Et si on fait le calcul; l'aventure sonique de Umbra avoisine les 120 minutes de pure délice électronique. Pas d'applaudissent, donc Ian Boddy a retravaillé les intros et outros, donnant encore plus l'illusion que ce ARCLIGHTa servi de base au concert qu'Arc avait performé au E-Live Festival de 2013. De Umbra il ne reste que Arcadia, Proxima Obscuro, Panthera et Cherry Bomb. Et j'insiste pour vous dire que chacun de ces titres possèdent des reflets absents de l'album. Entre autres, Panthera et Cherry Bomb sont à couper le souffle. Et les nouveautés?
La pièce-titre est le fait saillant de ARCLIGHT. C'est un genre de mélange entre Panthera et Cherry Bomb avec des phases rythmes parfois nerveuses et explosives qui s'extriquent de corridors ambiants aux parfums de nébulosité. De belles nappes de voix célestes gorgées de filets de flûte ouvrent ses atmosphères. L'union de cette grande chorale éthérée à des nappes vampiriques et à des larmes de synthé aiguës ornent les premières secondes d'un voile puissant dramatique. Et ces larmes, ces soupirs et ces nappes flottent comme des vents suspendus et dégagent un genre de brouillard morphique qu'une lourde et agile ligne de séquences chasse après seulement 3 minutes d'un massage céleste de nos tympans. Des tympans qui en avaient besoin car si le rythme est lourd et animé, les ornements sont d'une richesse à l'image grandiloquente du duo Anglais. Au début le rythme semble hésitant. Les ions sautillent sur place, un peu comme si ils attendaient un signal. Une autre ligne de séquences étend une structure nouée de riffs. Et lorsque le tout se met à vaciller, le rythme à la fois oscillatoire et zigzagant de la signature Arc infiltre nos oreilles et rampe sur nos murs. De superbes nappes démoniaques peinturent les ambiances d'une obscurité à la Redshift alors que la guitare de Boddy cisèle les ambiances de solos torturés. Les séquences qui vrombissent, le gros Modulaire qui rugit et les solos de guitare qui pleurent; nous sommes dans un univers comme nulle part ailleurs où Mark Shreeve et Ian Boddy prennent un malin plaisir à remplir chaque espace d'un son qui échappe à notre attention mais qui reste collé dans nos tympans. Des sons que l'on redécouvrira lors d'une prochaine écoute et d'une autre après, témoignant de la pertinence d'Arc à trôner au sommet de la MÉ parmi les grands. Et lorsque Arclight se réfugie dans une phase un peu plus apaisée, ce n'est jamais pour bien longtemps et c'est pour exploser vivement comme vers la 12ième minute où nos oreilles peinent à saisir toute cette richesse encarcanée dans une structure qui dévoile ses richesses minute par minute. C'est du grand Arc. Filtered Through Haze n'est pas en reste avec ses larmes de synthé aiguës qui flottent parmi des lamentations d'un violoncelle écorché. Les premières secondes sont délicieusement ambiantes et très riches de tonalités contemporaines. De délicats arpèges tournoient dans de lourdes et vrombissantes respirations du Modulaire, donnant naissance à une figure de rythme passive qui ondule en boucles dans des ambiances à faire dresser les poils de la peur. Into Dust rejoint un peu le genre Électronica d'Ian Boddy. C'est un titre un peu déroutant mais qui dans les ambiances d'Arc fait tout son effet. Des arpèges errent sur une structure de rythme en continuelle gestation où traînent aussi des ondes morphiques et des éraillures d'une six-cordes électrique. Et le rythme se pose délicatement entre nos oreilles. C'est un bon down-tempo très morphique où la mélodie ambiante respire les secrets d'Arc. Et comme un spectre moqueur, la mélodie se disloque pour s'évaporer dans ces ambiances toujours aux portes de l'épouvante qui est l'antre d'Arc, de Redshift, de Mark Shreeve et d'Ian Boddy. Tout simplement majestueux, comme Umbra!
Sylvain Lupari (12 Juillet 2015) *****
Disponible au DiN Bandcamp
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