“Rise est un album contextuel brillamment improvisé et qui inspire les phases d'une nébulosité agitée par les préceptes musicaux du duo Boddy/Shreeve”
1 Creep 16:52
2 Rise 20:51
3 Fade 19:49
(DDL 57:32) (V.F.)
(Dark Ambient, Berlin School)
Suivant un concert présenté dans le cadre du The Gatherings Concert Series à l'église de St. Mary's à Philadelphie, Arc présentait un concert intimiste dans le cœur de la nuit de dimanche le 15 Novembre 2009 sur les ondes de la radio WXPN pour les nuits électroniques et ambiantes du Star's End Radio Show. Entièrement improvisé et joué entre 2 heures et 3 heures de la nuit, Ian Boddy et Mark Shreeve ont exploré les méandres tortueux de l'insomnie sur 3 longs titres où le rêve et l'angoisse sont intimement reliés. Et contrairement à Church, ce deuxième concert en Amérique du Nord est disponible uniquement en téléchargement de haute qualité sonore sur la page Bandcamp de DiN. Une très belle initiative pour le fan des œuvres de Arc qui n'a jamais assez de MÉ par le créatif duo Anglais.
Creep est un long souffle morphique où les sens sont tenus en éveil avec une sombre structure sans vie rongée par des sonorités corrosives et métalliques. C'est une lente procession nocturne qui débute par une phase linéaire où s'ajoutent de douces lamentations corrosives qui frayent parmi des gongs chimériques, des pulsations bariolées et un doux mellotron flûté qui est le compagnon d'un sommeil tardant à venir. L'insomnie persiste et des émanations de métal sur métal parfument cette oblongue agonie d'un sommeil absent avec une étrange marche funèbre qui converge vers un univers abyssale. Les souffles de flûtes oniriques et des chœurs mystiques s'entremêlent en une érosion mystique qui hésite entre les aléas d'une schizophrénie noctambule ou d'une poésie ténébreuse où des cris de créatures d'une dernière nuit sur terre se perdent dans l'intro de Rise. Là où le rythme s'éveille comme par enchantement sur un mouvement du séquenceur qui débute aussi anodinement qu'une feuille entreprend sa longue chute d'un arbre. Par la suite, Rise prend une cadence minimaliste oscillatoire dans une furieuse danse des doubles et des ombres des doubles-ion sauteurs du séquenceur. Séquences sur séquences, aux tournures autant inattendues que son tempo fracturé, Rise accentue le rythme sur l'écho de ses frappes des ions sauteurs, alors que des percussions feutrées et claquantes permutent sa dimension rythmique. Un superbe mouvement qui n'est pas sans rappeler les approches rythmée de Free System Projekt dans Impulse. Plus Rise progresse, plus il développe une approche multidirectionnelle du séquenceur qui est accompagnée d'un synthé qui laisse partir des bons solos et d'un mellotron aux lourdes nappes de vapeurs moulantes. Un superbe titre de pur Berlin School avant-gardiste avec toute la fureur que Arc nous a habitué au fil des ans. Je pense notamment à Corrosion sur Blaze et Friction sur Fracture.
Fade termine cette heure sans sommeil avec une approche fantomatique où un gros orgue couve un souffle rempli de prismes qui s'égare dans les profondeurs d'une nuit déjà troublée par l'infernale Rise. Un univers sonore hétéroclite pousse les limites de Fade dans les sphères d'une ronflante schizophrénie, alors que le mouvement velléitaire progresse sous d'immenses strates métallisées. Tout doucement, Fade se rebiffe de son intro spectrale pour embrasser un tendre mellotron qui chante la nuit, qui psalmodie le pacifisme noctambule. Une finale paisible et apaisante avec de légers soubresauts, un peu comme lorsque l'on embrasse un sommeil qui tarde à se pointer.
RISE est la moins violente des œuvres d'Arc. C'est un album contextuel brillamment improvisé et qui inspire les phases d'une nébulosité agitée par les préceptes musicaux du duo Boddy/Shreeve. Une musique sombre conçu pour une étape d'une nuit sans sommeil et dont les reflets méphistophéliques éclatent d'une belle fureur du séquenceur pour retourner errer dans les limbes et méandres nocturnes qu'un névrosé tente d’apprivoiser pour finalement s'endormir. Du Arc modéré, dont la pièce titre vaut tout le prix de son téléchargement.
Sylvain Lupari (05/11/10) ***½**
Disponible au DiN Bandcamp
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