“Conduit est un album conçu et destiné aux fans de Berlin School qu'Arcane aimait composer au début des années 2000”
1 Conduit 1 5:42 2 Conduit 2 13:20 3 Conduit 3 6:36 4 Conduit 4 7:32 5 Conduit 5 5:56 Paul Lawler Music
(DDL 39:10) (Berlin School)
Une série d'accords sombres, gras et juteux entreprend une marche vampirique tout en étendant un fin voile de réverbérations. Le chant d'un synthé épouse cette sinistre démarche qui augmente sa cadence avec l'arrivée de castagnettes. Pas encore un rock électronique Luciférien, Conduit 1 évolue encore une coche de plus avec l'arrivée de percussions plus en mode rock et d'une ligne de basses séquences qui gargouille un étrange langage batracien. Soutenu, le rythme accueille de bons solos de synthé sur un lit de percussions et séquences. Après ce bref passage plus ambiant, le rythme renaît dans une faune électronique riche de ses effets et de ses nappes nébuleuses. CONDUIT est le dernier E.P./L.P., puisqu'il avoisine les 40 minutes, d'Arcane. Toujours très prolifique depuis le début des années 2010, Paul Lawler livre ici un opus en mode Berlin School. Un premier depuis Landers, exception faite de Live @ E-Day 2017, et ça fait du bien!
Mais Arcane n'abandonne pas pour autant les atmosphères chthoniennes, comme celle qui nourrit les 180 premières secondes de Conduit 2. Une mise en scène idéale, car les ambiances demeurent dans tout ce qu'il y a de plus Tangerine Dream des années 70, pour un séquenceur afin qu'il tisse ces rythmes fluides et ambiants de la Berlin School. Des ornements électroniques paranormaux accompagnent la douce oscillation de ce rythme ambiant où un synthé, et des éléments percussifs, se met en mode mystère et harmonie après la barre des 4 minutes. Des effets qui balayent les horizons ajoutent un peu de mystère à cette structure qui semble courir sans arrêt et qui devient aussi fluide que ses nombreux solos très musicaux. Utilisant au gré de ses fantaisies les 13 minutes de Conduit 2, Paul Lawler structure un très bon Berlin School en jouant sur les fluidités du rythme et la richesse des solos de synthé qui virevoltent comme des feux acrobatiques dans le ciel noir des phases plus éthérées. Plus court, Conduit 3 est moulé un peu dans le même moule musical, sauf qu'ici la course est plus endiablée et plus saccadée, on dirait un train, et les effets sont plus diaboliques. Un bon thème pour un film d'horreur. On entre dans une phase de CONDUIT où la créativité, liée à l'exploration des nouveaux équipements de Paul Lawler, amène l'auditeur dans des territoires où l'imagination atteint nos fibres d'extrême tension. Comme ce rythme fascinant dans Conduit 4, on dirait une course de ventouses sur une vitre mouillée, qui nous amène dans des territoires glauques. Un Mellotron lance des airs de flûtes sur un lit d'ondes brouillées. Toujours sec et hachuré, le rythme sculpte des phases semi-rotatives où finissent par s'agripper des éléments de percussions. Le synthé lance des harmonies qui ressemblent aux chants de flûtes, alors que tombent des accords graves qui approfondissent encore plus le champ d'intensité dramatique du titre. Conduit 5 est du Arcane tout craché avec un rock électronique très entraînant qui baigne dans des éléments méphistophéliques.
CONDUIT est une œuvre dessinée et désignée pour les amateurs du Berlin School qu'Arcane aimait bien écrire au début des années 2000. Le son et les équipements sont plus contemporains mais la signature demeure la même. Du très solide Arcane qui renoue, pour mon plus grand plaisir, avec son style Berlin School caramélisé dans le meilleur de Tangerine Dream, au niveau des trames sonores et de leurs passages guidés par le séquenceur et les percussions électroniques. Faites-vous plaisir! C'est avec ce genre que je suis tombé dedans il y a plus de 40 ans…
Sylvain Lupari (28/07/18) ***** SynthSequences.com
Disponible au Paul Lawler Bandcamp
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