“Pour un peu que nous soyons à l'aise devant des structures musicales de TD en constantes évolutions, c’est est une imposante œuvre”
1 Future Wreck 21:31
2 The Plastic Eaters 12:38
3 The Visible Empty Man 18:42
4 Planet of the Blind 8:53
New Harmony NH 014
(CD/DDL 61:46)
(Berlin School)
Ce 2ième opus d'Arcane cultive encore plus le mythe derrière l'histoire. Sur l'endos de la pochette, on y aperçoit 3 visages, enfonçant encore plus l'histoire…ou la légende. Est-ce qu'Arcane était vraiment un trio? Quelle est sa vraie histoire? Mythe ou réalité? Est-ce qu'Arcane serait l'incarnation de ce Tangerine Dream qui a connu une première mortalité suite au départ de Peter Baumann en 1977? Une chose est certaine, en fait plutôt deux choses sont certaines. Primo; Paul Lawler a capté l'imaginaire de bien des gens lors de cet immense canular suite au lancement de Gather Darkness et secundo; sa musique tout comme l'histoire de Tangerine Dream d'ailleurs, est autant mythique que conforme à la genèse musicale du fameux trio Berlinois.
Prenons la très longue pièce-titre! Son intro est très sulfureuse avec ses chœurs spectraux aux airs graves et sombres. Une atmosphère aussi lugubre que celle que dégageait le très obscur Phaedra. Une bonne ligne de basse circule parmi ces obscurs effets sonores dont des flûtes mellotronnées aux différentes couleurs des ténèbres ambiants. Au travers cette étrange course atmosphérique, l'épave se promène comme un lycanthrope peut errer dans une forêt dense. Déjà surchargées, les ambiances se multiplient avec l'arrivée d'une autre couche synthétisée qui est ornée de légères et très discrètes percussions. La bête s'arrête, reprend son souffle et regarde. Par petits pas elle s'amène, lorgnant ses airs avec malice. Une flûte à la main, elle appelle du renfort. Les premières séquences arrivent et c'est l'explosion. Sur un rythme pesant, Future Wreck s'anime avec ses cris de cors et ses strates aux lourdeurs conjoncturelles sur une bonne batterie qui frappe avec insistance. La ressemblance avec le Dream est étonnante, surtout avec l'aspect symphonique des synthétiseurs.
The Plastic Eaters offre un début atmosphérique assez ténébreux. Une ligne de basse circule parmi des effets sonores épars, dont une ligne métallique qui étend un étrange son froid sur des notes qui klaxonnent leur impatience. Une ligne du synthétiseur exploite quelques riffs et des arpèges à la Tangram mettent la table à une ligne plus animée. Le titre construit ainsi des rythmes variés aux essences très mélodieuses. On se ferme les yeux et on croirait entendre une extension de Tangram. The Visible Empty Man utilise les mêmes sentiers musicaux. Intro ambiante avec des notes oubliées en Pologne en 1983. Une introduction qui progresse lentement et amasse des strates atmosphériques plus animées avec l'utilisation du mellotron en mode trompettes. Une autre ligne de séquences s'ajoute avec des percussions électroniques plus animées. Et le rythme s'installe avec finesse et aux différents virages musicaux qui croiseront des moments plus débridés, comme plus reposés. Planet of the Blind est la pièce la plus courte. Donc, elle ne perd pas de temps. Après une douce intro mellotronnée, une ligne pulsatrice se promène, accotée par des notes pesantes et circulaires. Le rythme s'anime grassement et entame une mélodie aux progressions étonnantes qui vrillent autour d'imposants clins d'œil musicaux aux différentes séquences et harmonies que l'on retrouve sur Tangram de Tangerine Dream.
Pour un peu que nous soyons à l'aise devant des structures musicales en constantes évolutions avec une forte ressemblance avec Tangerine Dream, FUTURE WRECK est une imposante œuvre. C'est plus de 60 minutes de MÉ aux essences de la Berlin School dans un impeccable croisement entre les rythmes et les ambiances sur une vision plus ténébreuse qui devrait plaire aux aficionados qui s'accrochent au début de la Berlin School. C'est pas banal comme résultat, considérant qu'Arcane soit l'histoire d'un seul homme avec une imagination aussi débordante que ses talents de compositeur et d'arrangeur. Il faut toujours garder en tête que TD était constitué de 3 musiciens. Donc, chapeau Paul Lawler…
Sylvain Lupari (11/10/06) ****½*
Disponible au Paul Lawler Bandcamp
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