“Raumwerk est un solide album qui fusionne encore habilement une diversité de styles avec une surprenante cohésion dans un long parcours musical finement segmenté”
1 Raum und Zeit 3:58
2 Weltraum 1:46
3 Die Zeit 4:04
4 Das Tor 4:16
5 Glasufo 5:04
6 Zur zweiten Welt 12:57
7 Traumraum 2:20
8 Tunnellichter 4:37
9 Elektrischer Mann 4:08
10 Arena 6:49
11 Sternenhalle 5:34
(CD 55:33)
(Progressive EM)
À mon grand étonnement, j'ai bien aimé ce dernier opus de Art Of Infinity. Je ne suis pas un friand des voix robotiques à la Kraftwerk. Et pourtant j'ai bien aimé RAUMWERK. Je suis aussi du genre à me méfier des belles mélodies qui entourent les rythmes rose-bonbons de la synth-pop. Et encore là, j'ai bien aimé RAUMWERK! Par contre, j'adore le synth-rock, le prog-électronique et les atmosphères cataclysmiques d'une MÉ qui bouillonne de ses effervescences psychédélicosmiques. Et ça, il y en a plein les 55 minutes de RAUMWERK. Donc, vous avez deviné que j'ai bien aimé ce dernier album du groupe Allemand où le duo Thorsten Sudler-Mainz et Thorsten Rentsch s'est surpassé en offrant une riche production musicale sans bavures…ou presque. Voici donc un très bel opus où Art Of Infinity n'a pas peur d'aborder des tangentes musicales que peu osent approcher tant la ligne entre une musique plus accessible et une forme musicale plus exploratrice et audacieuse est difficile à funambuler.
Raum und Zeit est un bon titre d'ouverture avec un rythme lourd dont les amples oscillations sont couvertes par d'onctueuses nappes de brume. Les voix sont robotiques et leurs syllabes détachées rappellent les divagations cybernétiques de Kraftwerk. C'est du bon synth-pop qui se détache des approches progressives de AOI. Weltraum est un court titre d'ambiances avec une mélodie astrale qui est trappée dans un corridor cosmique. Nous sommes encore sous ses charmes lorsque le rythme tranchant de Die Zeit creuse nos oreilles avec une ligne de basse aux lourdes résonances qui ondulent dans un autre univers de synth-pop où les réminiscences de Gary Numan ne peuvent échapper à nos oreilles. C'est vivant et entraînant, parfois même rock, et ça n'a surtout rien à voir avec le répertoire du groupe qui surprend agréablement dans ce registre. Das Tor nous ramène aux paysages ambiosphériques du duo Allemand avec un titre sans rythme mais bourré de souffles synthétisés qui hurlent en boucles dans une intense ambiance cinématographique à la Vangelis. C'est un bon moment d'ambiance philarmonico-futuriste, tout comme Glasufo dont les entrailles ambiosphériques libèrent une belle dualité entre un doux piano rêveur et un violon pleureur. Flirtant avec ses 13 minutes Zur zweiten Welt est le joyau de l'album. Des bruits de moteurs d'avion en garnissent l'intro qui doucement croule sous les incisives morsures d'une superbe guitare électrique. On se croirait en plein Pink Floyd avec cette portion de blues psychédélicosmique. Le rythme langoureux change de peau vers la 4ième minute, embrassant une phase plus éthérée avec un doux piano qui égare ses fragiles notes dans de lourds et intenses paysages musicaux aborigènes, pavant la voie à un trop bon prog synth-rock qui se consume dans une puissante finale où les percussions tribales de Byron Metcalf se déchaînent sous les déchirures d'une guitare vampirique. Très bon!
Alors que les notes égarées du piano méditatif de Traumraum continuent d'errer sur les vestiges de Zur zweiten Welt, Tunnellichter gravit les pentes d'un rythme lent et incertain qui traîne une lourdeur incantatrice dans un bouillon statique très électronique. On y décèle une fine mélodie, un genre de divination astrale, murmurée parmi ces sabots rythmiques qui forgent un rythme ascendant mais dont la structure se noie dans des vapeurs et des brises cosmiques. Le piano est aussi un des éléments harmoniques clés de ce 4ième opus du duo Sudler-Mainz et Rentsch. Sur Elektrischer Mann il forge une fascinante marche funèbre d'un cortège à la démarche finement saccadé où harmonies émiettées jettent un baume d'encens astral autour d'une voix paranormale qui récite un psaume robotique. Simpliste vous direz? Oui mais aussi extrêmement accrocheur! Arena offre une structure plus progressive du genre de Zur zweiten Welt avec un synthé dont les souffles aux odeurs de saxophone errent dans une intro qui déboule dans un furieux galop cosmique. Le rythme est lourd, sec et saccadé. Mordu par les riffs soloïques d'une gourmande guitare électrique et assommé par des percussions aux sabots métalliques, il court court après son souffle qu'il retrouve pour un long passage ambiosphérique et psychédélicosmique où le synthé et la guitare s'échangent des roucoulements et lamentations sur un rythme absent qui sautille aussi légèrement que les sons des voix aux murmures éteints. Sternenhalle ferme cette dernière odyssée musicale de Art Of Infinity avec une structure totalement ambiosphérique où l'art musical abstrait vit dans une luxuriante faune sonore dont les limites sont repoussées jusqu'à l'infini. Et la guitare? Maudit que j'ai l'impression d'entendre David Gilmour!
RAUMWERK est un solide album qui fusionne habilement une diversité de styles qui s'enchevêtrent avec une étonnante cohésion dans un long voyage musical finement segmenté. Les ambiances sont riches et les rythmes, parfois lourds et secs, sont accrocheurs. Ces éléments, ajoutés aux superbes guitares, tissent un album enchanteur qui n'a aucun moment mort. Un album que j'ai adoré et ce dès les premiers rythmes de Raum und Zeit.
Sylvain Lupari (19/12/12) *****
Disponible au Art Of Infinity Music
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