“Dans ce qui aurait pu être le 2ième CD de Hope, Whitin vise une vision cosmique plus psychédélique et toujours dans un contexte de Berlin School analogue”
1 Beyond the Flash 10:46
2 Sentimental Journey 5:36
3 Monolith 2:35
4 A Saucerful of Mysteries 5:07
5 Spheric Passage 10:04
6 One of These Nights 10:56
7 Suspended Flood 9:22
8 Lovewind 9:39
9 Nymphea 13:5
Groove GR-262 (CD 78:04)
(Schulze's Berlin School)
C'est d'une oreille à l'autre, bien emmitouflée dans un bon casque d'écoute, que le rythme sautillant de Beyond the Flash amorce cette deuxième visite de mon ami Joël dans ma sphère musicale de 2019. Ce dandinement augmente force et vélocité afin de pénétrer dans un passage où les nappes de brume et de vents d'éther se subtilisent à celles où les voix semblaient si indistinctes. L'empreinte sonore est évidente! Nous sommes dans le Berlin School dans ce qu'il y a de plus rétro! Un débalancement dans l'ordre du séquenceur fait en sorte que le rythme devient soutenu et surtout plus entraînant. Beyond the Flash devient un rock cosmique dans son décor lunaire et les effets psychotroniques des synthés, alors que la guitare de Joël Bernard prend les guides avec une approche assez rock qui est divisé entre ses lignes de riffs distordus et ses harmonies enrhumées couchés sous forme de solos. Beyond the Flash donne le ton à un autre séduisant album d'Awenson qui cette fois vise le rock cosmique psychédélique des années 70 et des structures plus ambiantes chargées de nuages de chloroformes comme second album en 2019. Et Sentimental Journey le confirme avec son tam-tam astral et ses parfums de Klaus Schulze des années Totem. Le synthé lance des solos très bien aiguisés qui font des spirales et des vols élégiaques dans une ambiance des années vintage très bien dépeint par Awenson. Après le court et sombre Monolith, nous sommes en territoire Dark Ambient ici, A Saucerful of Mysteries propose une autre facette de rythme ambiant avec une basse, jouée par Joël Bernard, qui dévoile sa lassitude dans des bancs de brume mystérieuse jetée sur le pavé par un Farfisa. Spheric Passage respecte les origines de son titre avec un mouvement sphéroïdal du séquenceur et de sa cadence qui monte et descend avec quelques nuances, déjouant ainsi un possible effet d'une écoute distraite. Le pas est lourd, avec des rayonnements de prisme, et sert d'ancrage à de très bons solos de synthé.
One of These Nights propose une structure ambiante qui n'est pas pour la détente. Le mouvement est initié par une suite de deux accords d'une ligne de basse où flottent des nuages d'éther avec une tonalité qui rappelle vaguement une cornemuse. Le battement des basses séquences est amplifié par l'ajout de ce qui semble être une masse percussive, dont le débit peut faire penser à la marche rageuse d'une personne entêtée qui veut braver les éléments sonores dont les effets de torsades enveloppent One of These Nights d'un brouillard mystique. Une approche psychédélique avec des effets de voix perturbe le milieu de cette marche de notre personnage obstiné qui est infiltré de très beaux solos paradisiaques. Plus on écoute, et plus on tombe sous les charmes de cette fascinante structure embaumée des parfums du début des années 70 avec le Farfisa en tête. Les solos sont plus audibles dans la procession, plus musicale et artistique, de Suspended Flood. Lovewind est très près des territoires de Body Love.
Un poème astral défile dans un décor chargé par une exode de wooshh et de waashh. Le langage est codé et s'articule autour de bips interstellaires qui sont tout de même assez mélodieux. En arrière-scène, un synthé souffle ces solos rêveurs que Schulze perdait dans ses illusions de Messe astrale, alors que de fines implosions d'une ligne de basse, charmée par ce décor lunaire, diffuse ces sourdes impulsions qui donnent tout un relief à ce superbe Lovewind. Nymphea termine WITHIN entre son désir pour mordre dans un rythme ambiant à la Sentimental Journey et les éléments d'ambiances déposées par Awenson. Des gazouillis électroniques et des chants squelettiques sont comme ces nuages de poussières en suspension et dérivent sous les influences d'une lourde ligne giratoire et de son timbre menaçant. Un timbre qui, hélas, relaye en second plan toute cette délicatesse qui fait la beauté de ce titre.
2019 est toute une année retour pour Joël Bernard! WITHIN aurait pu être le second album de Hope…si Hope avait été un album-double, tant la vision artistique des deux albums se rencontrent sur une ligne horizontale. C'est ce genre d'album qui gagne ses points à mesure que qu'on l'écoute afin de dénicher un truc qui nous avait échappé lors des précédentes écoutes. Signe d'un album riche de sa conception. Chapeau Joël et tient les guides d'Awenson toujours aussi serré 😊!
Sylvain Lupari (09/10/19) *****
Disponible chez Groove
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