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Writer's pictureSylvain Lupari

AXESS: Singularity (2022) (FR)

Comme dans Zen, Axess propose une MÉ plus contemporaine, aussi bien dans les sons, les rythmes que ses visions

1 Polar Night 8:21

2 Time Lapse 6:10

3 Horizon 7:26

4 Heliosphere + Across Space & Time 18:14

5 Afterglow 9:51

6 Childhood Memories 5:16

7 Nautilus 6:52

8 Singularity 11:34

(DDL 73:44) (V.F.)

(Chill and ambient beats)

C'est toujours avec un plaisir renouvelé lorsque je m'apprête à découvrir un nouvel album de Axess. Avec ou sans Pyramid Peak, Axel Stupplich propose une musique électronique (MÉ) du type narrative avec couplets, refrains et entractes atmosphériques finement attachées à de belles visions mélodieuses. Et SINGULARITY ne fait pas exception avec ses 8 titres qui flirtent avec la barre des 74 minutes. Disponible seulement en format téléchargeable, ce 9ième album solo marche un peu sur les traces de son album Zen en proposant une MÉ captivante et mélodieuse avec des rythmes aussi doux qu'une brise venant de vallées où turbulence et calme cohabitent dans un même axe. La production est très bonne avec un son clair et un bon détail dans le travail des percussions qui rehausse la qualité des rythmes qui se balancent entre du bon Chill et du downtempo avec un peu d'essence de New Berlin School dans ses lents mouvements ascensionnels.

La tonalité des arpèges n'est pas banale aussi dans ce nouvel opus du musicien Allemand. Elle nous charme dès l'ouverture cristalline de Polar Night avec un carillon qui fait zigzaguer cette délicieuse approche où rythme et mélodie vive de la même source. Des ombres soufflées jettent une aura de mystère et de drame au titre qui se développe lentement en proposant rien de moins que 3 liens rythmiques qui concourent en parallèle, dont deux sur séquenceur et un sur des effets et percussions aux claquements remplis de gaz. La structure est ainsi à deux vitesses avec un downtempo circulaire et l'autre ascensionnel à la Berlin School atmosphérique qui s'échangent les rôles dominants. Des accords de clavier au timbre lunaire chantent comme des étoiles perdus dans nos pensées, alors que les éléments percussifs ajoutent une texture organique avec cette impression d'entendre les pas de fourmis, amplifiés bien sûr, traînant un quart de sandwich. Ça dépeint fort bien les ambiances et structures qui composent SINGULARITY. Time Lapse propose une mélodie giratoire qui au début tourne aussi mollement que rêveusement avant que des percussions ne l'arriment à un solide Chill Out. Son rythme est aussi lourd que lent avec des éléments rythmiques en parallèles qui papillonnent comme des lucioles dans des poches de vents circulaires. Construit sur deux vitesses, le rythme s'amuse à créer une bonne dose de frissons avec une intensité suivie de près par une vision mélodieuse tisseuse de ver-d'oreille. Le genre de truc qui affiche un crescendo émotif et qu'on a déjà entendu quelque part et qui pourrait même orner les paysages romantiques dans un film d'amour! Entre sa structure de rythme électronique faite pour faire danser nos neurones et sa mélodie qui cherche plutôt à les faire rêvasser, Horizon déroule en ouverture une structure d'arpèges mélodieux qui zigzague sous une onde de voix séraphique. Le rythme s'installe un peu avant la première minute avec des basses pulsations qui s'affrontent sous les multiples crépitements d'effets percussifs qui sont semblables à une horde de pas aléatoires. Le titre vogue ainsi, sous de très belles brises d’un synthé séraphique, entre ce rythme et des phases plus atmosphériques tout en conservant ce cachet mélodieux serti sur de beaux arpèges tout de même assez rythmique.

Un très long titre qui dépasse les 18 minutes, Heliosphere + Across Space & Time se meut dans une vision sibylline où les vents bourdonnants deviennent des nappes de voix célestes, et vice-versa. Ce titre plus atmosphérique que rythmique débute avec une onde de synthé qui pleure comme une Onde Martenot endeuillée. Des riffs de clavier virevoltent autour de cet air vampirique jusqu'à ce que des arpèges miroitant se mettent à tinter sèchement dans une danse surréelle où des nappes de voix ont déjà transformées cette onde. Trappé dans ces vents fredonnés, le mouvement des arpèges s'arrime à des percussions qui structurent la première partie de ce long titre en un rock électronique pilonné par un séquenceur aussi incisif que les coups brusques de la batterie électronique. Vif et entraînant, Heliosphere approche sa phase atmosphérique et séraphique quelques 15 secondes avant la 6ième minute, se donnant un élan pour devenir encore plus incisif. Across Space & Time propose une plus longue phase atmosphérique qui débute vers la 9ième minute pour graduellement se développer intensément avec une structure d'éléments percussifs stagnants mais jouissifs à l'oreille ayant une belle texture organique. La musique se développe en vision atmosphérique, accentuant son intensité émotive à mesure que les minutes fuient le cadran, donnant ainsi une finale ambiante qui respire sur des basses pulsations et l'écho résonnant de ces percussions qui n'ont jamais réussies à allumer un rythme. Un titre qui donne des frissons, Afterglow propose une ouverture rêveuse à la Vangelis faisant errer ses accords sur une banquise de l'Antarctique. Le clavier est morose avec une texture empreinte de mélancolie que les caresses des violons amplifient toujours un peu plus. Ces accords virevoltent et tracent des lignes de mélodies ambiantes qui chevrotent sous ces morsures orchestrales jusqu'à errer seuls dans la vaste écho du silence. La 4ième minute amène ces percussions qui claquent comme des sabots de bois sur de la pierre dure, structurant un très beau downtempo qui valse sous de belles orchestrations où chantent maintenant ces accords givrés de l'ouverture. Oui, un titre qui donne des frissons! Childhood Memories est aussi beau, mélodieux et plus animé, alors que Nautilus survit très bien à son ouverture océanique pour nous entraîner dans une évolution rythmique construite sur des percussions claquantes, de bons élans d'une solide ligne de basse, des arpèges séquencés aussi mélodieux que rythmés et de belles orchestrations faisant miroiter le côté lumineux des reflets de l'océan. Les orchestrations, les nappes et les murmures de voix ajoutent des ingrédients porteurs de frissons si on a le cafard. Un titre d'une belle violence atmosphérique, la pièce-titre tourbillonne sur son axe sombre et ténébreux d'où s’échappe un autre filament de mélodie évasive du clavier. Ces 5 accords lumineux resteront gravés dans l'oreille pour la durée du titre. Les nappes de synthé et de voix sont lourdes et enveloppent les élans nerveux d'un séquenceur qui stagne sur place. Trappé lui aussi dans ce tourbillon statique gorgé d'une intensité qui se découpe au couteau, il s'extirpe pour faire papillonner une ligne d'arpèges qui virevoltent comme ces oiseaux-mouches devant un présentoir à nourriture. Singularity reste statique et très intense, complétant un bel album de Axess qui propose ici une MÉ plus contemporaine, tant dans les sons que les rythmes.

Sylvain Lupari (13/06/22) *****

Disponible au Axess Bandcamp

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