“Voici une autre forte surprise comme il en arrive chaque année et qui me fait tellement aimer ce genre de musique”
1 Das Lebenselixier 14:47 2 The Rise and the Fall of Proxima Centauri Pt II 4:37 3 Kurz Vor Dem Aufbruch 4:09 4 Moonglow 12:07 5 Das Möbiusband 15:21
6 Steamroller on the Interstellar Highway 7:57
(CD-R/DDL 58:58)
(New Berlin School)
J'écoute cet album en boucles depuis une couple de jours! Dans cet attrayant univers de MÉ où tout se ressemble et rien n'est pourtant tout à fait semblable, ou à peu de choses près, il arrive par moments que de nouveaux artistes se pointent avec une vision différente qui transcende le genre. C'est un peu beaucoup l'histoire d'AUFBRUCH du duo Allemand Baaden/Cremer. Pas vraiment qu'il transcende les genres mais qui plonge avec une facilité déconcertante afin de tous les réunir entre ses 6 chapitres. Les racines de ce premier album collaboration entre Uwe Cremer et Andreas Baaden remontent aussi loin qu'en 2008 alors que les deux musiciens se sont rencontré, virtuellement, sur la plateforme MySpace. Puis vint des sessions de jam dont les idées se retrouveront sur cet album et dont le mastering fut complété par Bernd Scholl. Produit et distribué par son label MellowJet Records, AUFBRUCH propose un très large éventail de styles qui sont tous liés à l'univers musical Allemand. Chaque chapitre ici est une porte d'entrée vers des univers qui nous sont familiers, mais avec juste ce qu'il faut afin qu'ils ne le soient pas trop. De Software à Ashra, avec des clins d'œil à un Klaus Schulze plus moderne et Mind Over Matter, AUFBRUCH propose un très bon 60 minutes d'une MÉ remplie de mille et un charmes.
Vous aimez ces douces ballades morphiques, genre Software? Vous serez bien servi avec Das Lebenselixier! Des brises d'une grotte d'où suinte l'eau pavent nos oreilles vers sa route avec un tintamarre bien acéré. Un voile d'orchestrations tombe et un délicat mouvement du séquenceur sculpte un de ces rythmes ambiants qui gambadent dans un axe ascensionnel avec le principe de; 1 tu montes et 2 tu descends. Enveloppé dans une ouate aux coutures bien dodues, ce rythme est en basse tonalité. Une autre ligne de séquences tinte en arrière-plan, comme cet agitateur de masques d'Halloween par un soir de Mardi-gras. Les orchestrations ont de très beaux élans d’émotion dans une enveloppe séraphique que très cosmique où éclatent ces tonalités de cristal qui provenaient de cette d’échantillonnages des années 80-90. Des effets électroniques griffonnent le mur des ambiances avec des ressorts qui explosent, des torsades allégoriques, des accords résonnants et/ou des solos musicaux. Ces séquences qui dansaient comme ces sortilèges d'Halloween reviennent avec plus d'impact en deuxième moitié de Das Lebenselixier qui accepte cette vélocité ambiante et dont la tranquille fébrilité de cette nouvelle phase de rythme devient aussi le lit de maints effets sonores autant mélodieux que disparates. Un titre de Software oublié quelque part? Ça sonne comme tel! L'enveloppe musicale est aussi riche que très diversifiée avec des multicouches de synthé et d’orchestrations et des multilignes lignes d’effets sur une vision très Berliner au niveau rythme. Ces éléments, et ce peu importe leurs durées, sont à la base de chaque titre dans AUFBRUCH. The Rise and the Fall of Proxima Centauri Pt II est un titre d'ambiances tapageuses avec des effets dissonants dessinés grossièrement par une banque d'échantillonnages et les résonnances de séquences pulsatrices. La guitare injecte de très bons solos dans ce titre qui est un peu court. Je me demande où est la première partie?
Autre titre de courte durée, Kurz Vor Dem Aufbruch peut faire penser aux premiers rythmes teutoniques de Kraftwerk, ou encore de Neu! à cause de la guitare. Le rythme n'est pas compliqué et entraînant, alors que les ambiances nous plongent dans les années vintage ou encore dans du rock psychédélique de la fin des années 60, début 70. Après une introduction propre au rock cosmique des années vintage, Moonglow propose un rythme sournois qui tangue dans un univers de brume éthérée. La guitare échappe des accords qui ornent ce panorama musical d'un décor vintage, années Motown. Les ambiances et la structure changent peu à peu de forme afin de tomber dans un lourd rock ambiant et ténébreux qui est torturé par des riffs de guitares pesants, un brin psychédéliques et tantôt plus musicaux. La guitare coule aussi de très bon solo dans ce titre qui sonne plus rock psychédélique des années 60 qu'électronique des années 70. Si j'avais à choisir le plus beau titre de ce premier album de Baaden/Cremer, j'opterais pour Das Möbiusband qui sonne très Ashra, années Blackouts et Correlations. Le rythme est vaguement saccadé et inspire ces genres de semi-transes morphiques, comme ces danses où nous balancions les hanches avec des mouvements rotatoires de notre corps mou et sur l'acide qui semblait être aspiré par le vide, par un léger tourbillon fumigène. La guitare sonne comme celle de Manuel Göttsching et même les percussions font très Harald Grosskopf. La librairie musicale étant très vaste, et fortement imprégnée des parfums des pionniers de la musique Allemande des années 70. Il ne manque que le rock progressif Allemand sur AUFBRUCH! Eh bien, c'est chose faite avec le très, peut-être un peu trop, diversifié Steamroller on the Interstellar Highway qui fond du rock à la Ballroom Blitz sur des percussions claquantes à la Gary Numan. Et pouf! C'est une guitare en mode Klaus-Hoffmann Hoock qui crache ses démons dans une structure qui se calme un peu, afin d'expulser ce désir de Deep Purple et s'enflammer dans une courte phase où je me remémore Dead Babies, d'Alice Cooper, avant que la musique ne conclue avec un gros rock progressif électronique où les parfums de Frank Dorritke et même de Michael Schenker voyagent sans retenues. Trop de styles pour si peu de temps, mais ça reste séduisant. Peut-être le seul maillon faible d'AUFBRUCH!
Sylvain Lupari (02/05/19) ****½*
Disponible chez MellowJet Records
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