“Une splendide trouvaille qui nous fait voyager sur différents rythmes de la MÉ”
CD One (70:22)
1 Raw Umber 11:48
2 Indigo 8:31
3 Flake White 6:49
4 Alizarin Crimson 6:56
5 Viridian 5:14
6 Mars Black 9:52
7 Magenta 7:13
8 Maroon 13:56
CD Two (77:49)
1 Prussian Blue 9:39
2 Purple Lake 6:57
3 Sepia 13:52
4 Ultramarine 7:00
5 Cerulean Blue 13:46
6 Black Carbon 14:34
7 Terre Verte 7:25
8 Payne's Grey 4:34
(2CD/DDL 148:12)
(Ambient, EDM, Berlin School)
Les sphères de la musique électronique bourdonnent de petites merveilles musicales dernièrement qui ont tous les attributs pour plaire aux passionnés du genre et séduire de nouvelles oreilles. Je pense au dernier Spyra, My Little Garden of Sounds 2022, et au très beau Mirabilia de The Soviet Space Dog Project ainsi qu’au tout dernier Klaus Schulze dont il faudrait bien que j'écrive un texte prochainement. Et voilà que tout récemment, mes oreilles se sont mesurées à ce splendide album de Basic Principles! Voilà toute une trouvaille de Remy qui accueille le musicien-synthésiste Néerlandais Wladimir Duijndam dans la famille de Deserted Island Music. C'est par la grande porte que Basic Principles débarque chez nous. Un premier cd double avec près de 3 heures de MÉ qui nous sort de notre zone de confort en nous faisant voyager à travers une fertile imagination musicale brillamment mixée et masterisée par nul autre que Wouter Bessels. Wladimir Duijndam caresse autant de styles que de formes avec de lents mouvements hypnotiques axés sur des effets de réverbérations et d'ambiances du genre Dark Ambient dans des structures de rythmes qui nous sortent du modèle Berlin School amplement utilisé ici pour les structures de rythmes flottants. La tonalité des synthés est exquise, de même que les nombreux effets qui explorent une faune organico-cosmique d'un univers à la croisée des chemins. Bref, du pur enchantement qui me fait écrire que oui la MÉ contemporaine est capable de séduire encore et toujours, même après plus de 60 ans plus loin!
Le premier CD libère une force de frappe qui est compatible avec nos plus hautes attentes. Sillonnant les sombres territoires de la musique ambiante ténébreuse, il parcourt les rythmes ambiants comme de l'Électronica, même un petit raid dans le Disco pour Cyborgs pour se terminer dans une belle phase de Berlin School. Raw Umber nous convie à cette surprenante fresque musicale avec une approche empreinte de mystère. Son enveloppe origine d'une onde sibylline qui chante dans une ouverture pour le moins spectrale qui respecte l'essence du titre. Une onde ténébreuse se profile dans ce décor, étirant sa présence qui devient une ombre mouvante. Une ombre qui bourdonne légèrement et qui flotte lentement, comme le parachute d'un pissenlit poussé par un vent chaud. Le rythme qui bat est secret, quasiment furtif et abstrait, avec des battements aléatoires de percussions électronique. Mais il envoûte! Lent et protégé par la complicité d'une ligne de basse, il envoûte les sens et sert de base aux ondes de synthé qui sculptent une ballade éthérée avec de fines boucles qui se défont et reforment en spirales et spirographes sous les brèves et discrètes lamentations qui donnent cette texture si énigmatique à Raw Umber. Ces boucles étirent leur forme dans Indigo. Elles bourdonnent et irradient une enveloppe musicale sombre sur un rythme beaucoup plus nerveux et animé que sur Raw Umber. Le séquenceur active une ligne d'ions percussifs qui palpitent et dansent dans un panorama où la couleur indigo se reflète par les longilignes ondes de synthé qui ont une texture chatoyante. Après une ouverture ambiante qui est ombragée par ces filaments sonores qui exécutent des volutes fantasmagoriques, Flake White électrifie nos pieds dans un très bon rythme de danse. Le rythme est une fusion Disco-Électronica-Techno sur un duel de basses séquences qui alternent leurs frappes dans un écho percussif. D'autres séquences, plus limpides, et de séduisants effets percussifs complètent la dimension écho du rythme alors que le synthé multiplie ses nappes, tous avec une texture de spectres moqueurs, sous un ciel bardé de réverbérations où le terme Flake White perd de son sens. Il n'y a aucun répit pour les pieds sur ce titre, de même que sur le Groove cosmique de Alizarin Crimson. Son rythme forme un lasso élastique avec des effets percussifs qui claquent avec écho sur une structure qui fait très Klaus Schulze contemporain, pour le rythme, dans une enveloppe musicale plus ténébreuse et dont l'essence ocre des ambiances et nappes de synthé va avec l'esprit du titre. Les ambiances de danse se poursuivent avec le furieux Viridian, qui est du même moule que Flake White, et Mars Black qui est plus spasmodique. Un genre de Hip-Hop futuriste avec de bons effets cosmiques pour cyborgs programmés à faire du Breakdance. La basse est géniale, lourde et entraînante dans une bonne ambiance dystopique! Dans une enveloppe plus menaçante, Magenta tempère la structure très danse de ce premier CD avec style de rythme ambiant percussif de Raw Umber. Lent avec un léger soupçon de Jazz Blues romantique, Maroon est aussi enivrant qu'une prise du sommeil effectuée par Morphée. Son ouverture est bizarroïde avec d'étranges feulements d’une bête qui s’endort. La ligne de basse est suave et me fait penser à cette ouverture de I Love You par Sarah McLachlan. Et c'est encore plus vrai lorsque les orchestrations se mettent à valser langoureusement dans un Cosmos qui se couvre d'une multitude de boucles harmoniques. Des jets réverbérant sillonnent ce passible paysage sculpté par la morphine où nos sens dérivent en symbiose avec ce rythme lent et ces caresses tonales d'un synthé qui, même sobre, domine les ambiances avec une diversité tant dans les tons que les formes. Et tout doucement ses même sens sont absorbés dans une finale de style Berlin School ambiant avec un très beau mouvement obsédant et ascensionnel du séquenceur. La porte des rêves est juste à côté… Un premier CD très fort qui mérite un 5 étoiles!
C'est un peu différent avec le 2ième CD qui propose des ouvertures d'ambiances plus ténébreuses, voire apocalyptiques où il n'y a qu'un pas à franchir avant de faire un minime lien avec les effets et la musique des jeux vidéo d'action intergalactique. Prussian Blue développe une lente introduction atmosphérique avec onde de réverbérations qui ajuste sa dimension à une texture spectrale venue du Cosmos. Il y a un mélange de voix et de brises à la fois sibyllines et séraphiques qui progresse vers une phase plus ténébreuse avec un voile de bourdonnements après la 3ième minute. Une discrète ligne de basse, du même genre que dans Maroon, se fait entendre dans le champs magnétique des réverbérations peu de temps après. Une structure de rythme y est gauchement greffée, libérant des boucles houleuses qui vont et viennent dans un paysage sonore où nos oreilles perçoivent une sombre vision de fin des temps. Si vous avez aimé les rythmes de danse de Flake White, Viridian et Mars Black, Purple Lake est du même moule mais avec une vision plus près d'un univers organico-cosmique plongé dans un marasme apocalyptique. D'ailleurs il y a des effets percussifs organiques qui dansent la claquette en cercle dans une structure où le côté élastique forge un séduisant effet d'écho entraînant. Les vapeurs d'orgue font très Schulze, les délicats boom-boom font très Moonbooter et ces ondes de synthé ténébreuses font très sci-fi dystopique. Sepia offre un long départ avant de développer une lente structure de rythme qui rampe sur un sol lunaire. Le mouvement est ascensionnel et magnétisant. Le séquenceur façonne un double plus musical de ce rythme marmonnant qui irradie d'une présence enveloppée de bruits blancs, créant un effet d'écho dont les contrastes se font avaler par une voix de sirène astrale et des ondes de synthé spectrales. Les lentes réverbérations ondulantes de Ultramarine mettent la table à la phase méditative de COLOURS. Elles roulent en boucles avec de fins tintements mélodieux, donnant une profondeur lyrique à une MÉ conçue à même les étoiles. Cerulean Blue propose une délicieuse texture de musique cosmique atmosphérique. Le titre étend ses presque 15 minutes avec des brises légèrement bourdonnantes. C'est paisible, méditatif. Ces brises se transforment en ondes mouvantes qui ondulent dans un panorama devenu dominé par des effets de réverbération d'où émerge un silencieux mouvement ascendant d'une onde de synthé. Comme une aile sans corps, elle serpente les cimes imaginaires et gravite dans un paysage sombre qui se remplit de nappes de voix aussi séraphiques que sibyllines. Des effets électroniques scintillent ici et là, alors que des orchestrations lunaires ajoutent une dimension dramatique à une musique contemplative qui se nourrit d'énigmes et dont la lente procession embrasse autant une texture industrielle innée à un Berlin School aux ambiances chtoniennes et gothiques. Plus long titre de ce double album, Black Carbon propose une ouverture qui se nourrie des éléments de la finale de Cerulean Blue. Une lente ouverture d'ambiances cosmique avec des orchestrations et des effets qui nous ramènent plus ou moins à 2001, l'Odyssée de l'espace. Le séquenceur active un mouvement rotatoire et ascendant après la 6ième minute. Son odyssée rythmique est brève et court sur une distance de plus ou moins 4 minutes avec une approche qui se développe avec vigueur, étendant un long volute saccadé dans une texture sonore qui allie des effets de grésillement à des résonnances à la fois sombres et diaphanes des séquences spasmodiques. Les orchestrations cernent toujours le mouvement de ses lentes caresses d'une valse cosmique circulaire qui étend son emprise morphique sur les 4 dernières minutes de Black Carbon. Terre Verte nous sort des ambiances de ce premier CD de Basic Principles avec un rythme atypique dont la forme spasmodique fait penser à un train roulant sur une route cosmique. La ligne de basse est vampirique et apporte une chaleur inattendue à ce titre qui nous sort des structures de COLOURS. Payne's Grey termine ce magnifique album de Basic Principles avec une ode atmosphérique digne d'une musique pour film catastrophe. Malgré son côté ténébreux et dystopique, ce titre n'enraye en aucune de ses plus de 4 minutes cette perception que nos oreilles ont rencontrée et se sont amourachées d'un excellent album que je recommande sans hésitations.
Chapeau Wladimir Duijndam!
Sylvain Lupari (12/07/22) ****½*
Disponible au Deserted Island Music Bandcamp
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