“C'est un autre très bel album de Berlin Heritage qui est rempli de ces ambiances psychedeliques et cosmiques des années 70”
1 Leaving Behind 24:17
2 Somewhere in Between 14:08
3 Welcome to the New 25:43
(DDL 64:10)
(Vintage Berlin School)
Land of the Rising Sun avait été une belle surprise au rayon des inattendus en 2012. Les fans de Berlin School, principalement de l'école Klaus Schulze, en ont eu plein les oreilles avec une symphonie de musique, de rythmes et d'ambiances saupoudrés de poussières d'étoiles et nourris d'effets électroniques à faire rêvasser les oreilles bien vissées à nos haut-parleurs. PHOENIX est fait dans le même moule!
Une brise s'extirpe des entrailles du cosmos. Son souffle creux et sinueux traîne des poussière d'étoiles qui sifflent dans nos oreilles tel un chant sibyllin émanant du néant. Son ombre se détache et infuse une chaleur analogue avec un lent mouvement de basse qui enlace les chants abscons. Les deux entités harmonisent leurs souffles ondulants, secouant des particules prismiques qui raboutent des ions sautillant en de fins mouvements circulaires. Des genres de halo rythmiques qui vont et viennent comme des filaments cherchant à s'enfuir. La ligne de basse débusque une structure de pulsations saccadées alors que des percussions électroniques s'invitent, structurant un genre de chevauchée rythmique qui bat sous les délicates ruades des séquences harmoniques. Des élytres aux cliquetis feutrés, des gaz cosmiques, de brèves saccades stroboscopiques et les percussions nerveuses établissent les bases de cette stupéfiante approche rythmique qui secouera les 24 minutes de Leaving Behind. Si le rythme est très animé, il demeure statique. Palpitant en tout sens, il tient une direction minimaliste qui jumèle ses pulsations à ce délicieux chapelet de séquences et de son inlassable chant onirique qui revient sans cesse dans un hallucinant décor sonique embrumé de brouillard prismique et serti de splendides solos à faire rêvasser les amateurs de MÉ vintage. Les solos! Ils sont superbes. Ils chantent et tissent d'aussi beaux vers d'oreilles que les séquences. Ils font des torsades, parfois aiguës, cisaillent les ambiances cosmiques et sillonnent une structure de rythme qui reste subdivisé par l'approche très harmonique de ses séquences. Leaving Behind est un superbe coup de départ qui portera un peu ombrage aux 40 prochaines minutes de PHOENIX tant il est puissamment séduisant.
Nettement plus tranquille, voire très ambiant, la structure de Somewhere in Between me rappelle continuellement celle de Klaus Schulze dans Body Love. Des chœurs errants garnissent son introduction. Ils fredonnent dans un dense brouillard astral d'où émergent de délicates séquences dont le but est de tisser un rythme aussi discret que très ambiant. On rêve. Et on se laisse transporter dans les territoires vintages avec ce délicieux mouvement de séquences qui interpellent tellement les œuvres ambiantes de Schulze. Peu à peu, Somewhere in Between se couvre d'un voile plus opaque où on discerne un peu moins les séquences mais où on entend de subtils solos de synthé rêvasser dans un intense paysage sonique astral. Avec Welcome to the New, Robert Sigmuntowski veut tisser un lien entre le vintage Berlin School et un Berlin School plus contemporain. Des fritures de vieux vinyles en ornent une intro saisie par de lourdes et envahissantes nappes d'orgue. Le mouvement est très ambiant, voire flottant, avec une fascinante chorale et son chant sibyllin qui épouse les délicates implosions et les lentes impulsions des nappes fantomatiques. J'entends du Adelbert Von Deyen! Une ligne de prismes étoilés scintillent comme des chants d'oiseaux et un fin mouvement de séquences secoue ses ions qui virevoltent dans une chorégraphie circulaire. La ligne de basse régurgite ses pulsations qu'elle retenait en catimini, alors que la structure de rythme de Welcome to the New étend son long squelette ondulatoire qui épouse un peu le mouvement de Leaving Behind. D'ailleurs, cette seconde partie de Welcome to the New est aussi délicieuse que l'ouverture de PHOENIX. Les séquences sont harmoniques et tissent un hypnotisant ver d'oreille. Elles scintillent avec éclat dans cette immense opacité de brume ocrée qui alimente et alourdit les ambiances de l'album. Les solos de synthé peinent à faire ressortir leurs acuités, divisant leurs chants acrobatiques dans des teintes plus nuancées et d'autres plus perlées.
Berlin Heritage porte son nom à merveille. J'ai adoré PHOENIX. C'est un album tissé pour les fans de Berlin School, tant rétro que contemporain mais avec une nette tendance pour les années d'or de la MÉ psychédéli-cosmique. Si vous aimez les longue structures minimalistes, si vous aimez une judicieuse balance entre les ambiances morphiques et les rythmes intensément saccadés, les séquences qui scintillent de rythmes harmoniques et les solos aussi discrets qu'éclatants; je vous recommande fortement ce PHOENIX de Berlin Heritage.
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