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Writer's pictureSylvain Lupari

BERND KISTENMACHER: Celestial Movements (2009) (FR)

Updated: Jan 25, 2020

Un album phare et un classique à devenir qui est à la grandeur de l'incroyable génie de Bernd Kistenmacher

1 The Beginning 5:01

2 In Face of Saturn 12:14

3 Colliding Stars 17:26

4 Eternal Lights 10:20

5 Living Between Asteroids 19:35

6 A Celestial Move 3:21

(CD/DDL 67:57) (V.F.)

(Orchestral Berlin School)

Tristement, nous vieillissons. Et avec ses années qui s'écoulent, se perdent de beaux souvenirs d'une musique audacieuse et échevelée qui berçait nos rêves et nos émotions. Head-Visions a été le premier opus de Bernd Kistenmacher à emplir mes oreilles. Un album sauvage où les rythmes et séquences m'apparaissaient indomptables. De ce côté de la planète, les connaisseurs et disquaires parlaient d'un nouveau Klaus Schulze. Malheureusement, ce fut son seul album à traverser l'Atlantique. Par la suite j'ai entendu Un Viaggio Attraverso L'Italia, un beau voyage vers une Berlin School où sa poésie musicale était finement ciselée sur des rythmes tendres et hypnotiques. Rien à voir avec l'endiablé Totally Versmold! Près de 8 ans ont passé depuis ce Un Viaggio Attraverso L'Italia et cet album. Et voilà que le synthésiste Allemand fait un retour dans les sphères de la MÉ. Depuis, et avec son aimable collaboration, j'ai pu entendre la majorité de ses œuvres. J'étais donc en mesure de suivre l'évolution de Bernd Kistenmacher. . Et quelle carrière oubliée et boudée! Un gâchis qui, j'espère, devrait être réparé avec ce CELESTIAL MOVEMENTS. Comme nous, Bernd a vieilli et cet album en est la preuve irréfutable. Le synthésiste Allemand est plus serein mais toujours aussi poétique, nostalgique et surtout créatif dans ses arrangements. Il présente 6 mouvements célestes qui supportent à merveille la vision de son titre. Des mouvements qui transcendent les limites de la Berlin School pour adopter une étonnante musicalité axée sur la mélancolie avec une infinie tendresse et une ingéniosité sonore où ses influences de Vangelis ressortent bien plus que celles de Klaus Schulze.

The Beginning ouvre avec de sombres strates qui vont en croissances et d'où s'échappent des sonorités d'une trompette solitaire s'époumonant dans une nuit glauque, entourée des ambiances d'un synthé et ses ondes réverbérantes. Les arrangements sont superbes. On croirait entendre du Vangelis avec des orchestrations denses et dramatiques d'un synthé symphonique qui amerrit dans nos oreilles. Plus complexe, l'ouverture d'In Face of Saturn baigne dans un océan hétéroclite où pulsations discrètes sont englouties par d'intenses vagues flottantes du synthétiseur. Un monde métallisée qui débouche sur une scintillante suite prismique où percussions séquencées se dirigent vers une étonnante ouverture musicale avec des flûtes aux légers trémolos soufflant sur une séquence débonnairement hypnotique. S'ensuit un formidable jeu d'harmonies dont les souffles aux différentes teintes symphoniques virevoltent sur une cadence sobre. Des accords de piano ajoutent une profondeur harmonieuse à ce titre qui chevauche autant une approche tribale onirique qu'une orchestration de style free-jazz. Colliding Stars est un long morceau ambiant qui flotte sur une basse furtive et de gros roulements de tambour dans un cosmos garni d'un synthé aux latentes modulations. De sinueux et lourds solos de synthé ainsi que de faibles vocalises ensorceleuses s'attachent à ce mouvement devenu une lente valse cosmique. Une phase qui est beaucoup plus musicale, courtoisie d'un beau synthé accompagné d'une ligne de basse plus active et des accords mélodieux envoûtés de chœurs morphiques qui nous bercent au-delà des limites du rêve.

Eternal Lights est une douceur musicale à faire pleurer une roche. Ce genre de musique qui colle à l'âme débute avec de faibles carillons tintent à l'ombre d'un mellotron brumeux. Un doux mellotron qui trace un axe romanesque avec un tendre synthé truffé de lents frémissements sonnant comme les complaintes d'une âme solitaire. C'est doux, splendidement beau et ça s'embellit encore plus avec ces chœurs qui soufflent et qui embrument la sollicitude d'un piano aux accords mélancoliques. Aux accords perdus dans les souffles d'un synthé aux larmes musicales. Un très beau titre qui fait son effet, heureux comme malheureux. Les premiers accords de Living Between Asteroids nous sortent de notre torpeur mélancolique avec une intro de grosse orgue style Fantôme de l'Opéra. Par la suite? De la magie! Un mouvement séquencé orchestre une similitude avec une guitare acoustique qui gratte ses cordes avec un bel entrain, alors qu'un synthé symphonique pousse ses strates angéliques. Plus Living Between Asteroids évolue, plus sa musicalité se modifie. De guitare, nous tombons sur un splendide jeu de piano où la dextérité de Bernd Kistenmacher n'est plus à prouver. Le tout se campe sur une solide rythmique qui dépasse les limites de ce que la MÉ a l'habitude d'offrir. Toute une performance de Bernd qui nous en mets plein les oreilles et qui termine ce splendide album avec une magnifique sonate (Celestial Move) qui est une version acoustique divinement joué au piano, d'Eternal Lights.

CELESTIAL MOVEMENTS est un splendide album-retour. Certes, nous sommes très loin des mouvements indisciplinés d'une Berlin School aux improvisations organisées, ainsi que des séquences arythmiques et débridées qui peinturaient ses œuvres d'antan. Mais le synthésiste Allemand offre un album sans bavures, où tout est musicalement structuré, tout en perpétuant son amour du ambiant cosmique (The Beginning et Colliding Stars) dans un univers musical incroyablement riche. Bernd Kistenmacher a déployé des trésors d'ingéniosité pour offrir un album d'une musicalité qui n'a jamais été exploitée jusque-là dans ce fascinant et merveilleux univers de la MÉ. Un album phare et un classique à devenir qui est à la grandeur de l'incroyable génie de Bernd Kistenmacher. Un de mes Top 5 de 2009!

Sylvain Lupari (20/09/10) *****

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