“Excellente trouvaille pour un amateur de sons, de rythmes et d'ambiances aux portes d'un autre univers”
1 Visionen 5:40
2 Kyborg 7:49
3 Humano:Id 6:05
4 Identifikation 7:18
5 Momentum 5:16
6 Surreale Illusionen 3:40
7 Weg der Erkenntnis 4:59
8 Positionen 4:17
9 Computergeist 6:10
10 Maschinenherz 4:52
11 Tanz der Kobolde 4:25
12 Zyklus Nr. 10 6:01
13 Zeitwerke 6:23
(CD 73:41)
(Experimental Graphic Tones Berlin School)
Vous connaissez Bernd-Michael Land? Honnêtement, j'avais déjà vu son nom quelque part sans avoir développé un quelconque intérêt puisque certains connaisseurs dans le domaine avaient étiqueté sa musique comme étant du New Age. Il m'a contacté récemment afin de me proposer des albums à chroniquer. Il m'en a fait parvenir 4, dont celui-ci HUMANO:ID-VISIONEN. Et la surprise est totale! On pend connaissance du titre, on regarde la pochette ainsi que le livret qui vient avec le CD (28 pages de dessins et graphiques) et on devine de quoi l'univers de HUMANO:ID-VISIONEN est composé. Mais encore là, la surprise est totale! Inspiré par une vision humanoïde; sommes-nous des hommes, des machines ou/et des homme-machines, il livre ici un album riche de tonalités confectionnées de son savoir et son imagination. J'ai beau plongé dans mes souvenirs et connaissances, l'univers de HUMANO:ID-VISIONEN est d'étrangéités sonores aussi complexes et recherchées que dans celui de Pete Farn. Mais avec plus de consistance dans les ambiances et les rythmes qui sont étonnants, tant ils sont conçus dans la créativité, dans l'originalité. Bref, j'ai passé une couple de jours à analyser un album qui mérite amplement le temps passé à l'apprivoiser.
C'est après une ouverture typique au genre que Visionen libère une ligne du séquenceur qui palpite vivement tout en effectuant une légère inflexion dans son mouvement ascendant. Ce rythme perd de la puissance sonore, s'effaçant graduellement sous une avalanche d'ondes de synthé dont les résonnances injectent un panorama d'ambiances sibyllines. Le rythme reprend de sa vigueur tonale après une forte injection de wiisshh et de grésillements des synthés. Des lignes de synthé et des ondes sonores s'enlacent dans une texture d'ambiances d'épouvantes pour amorcer Kyborg. Ce titre est un exemple des structures expérimentales construites sur des effets sonores et des échantillonnages fabriquées par le musicien de Rodgau-Hainhausen. La base est purement atmosphérique comme multi sonique avec des effets sonores à la limite de l'effroi et d'un univers d'expérimentation des technologies robotiques. Des explosions de verre amplifiées nous font sursauter, des petites pulsations courant ici et là nous font espérer une structure de rythme, alors que les effets de voix de gorge nous incite à mieux discerner les nombreuses expérimentations d'un titre qui devient plus musical un peu avant la 5ième minute. À cet endroit, nos oreilles ont droit à une belle nappe d'orgue qui injecte une texture séraphique à ce titre demandant une passion pour des sons plus modernes et qu'on entend rarement.Positionen s'inscrit dans cette veine avec une approche tonale très expérimentale avec une texture de sons et de bruits qui chevrote. Computergeist et Maschinenherz font aussi parti de ces titres à haute teneur en calorie sonores expérimentales. Pas de rythme mais de continuelles vagues de sons envahissantes qui sont tissées dans l'imagination débordante du musicien Allemand. Étonnant qu'une musique qui vise à dépeindre un univers de cyborgs puisse avoir une ouverture de musique progressive à la Pink Floyd. C'est pourtant ce que nous entendons dans l'ouverture de la pièce titre. Un très beau rythme circulaire, frappé sur des arpèges enveloppés de verre qui zigzaguent comme en état d'ébriété, émerge un peu avant la première minute. Une ligne de basse-pulsations lui sert d'ombre et ajoute une dynamique, propulsant ces tintements d'un xylophone majestueux sous des ondes de synthé d'un bleu larmoyant. Le guitariste invité, César Roson, émiette quelques accords qui font duel avec ceux d'un clavier tout aussi discret alors que les larmoyantes ondes de synthé ajoutent cette vision de nostalgie qui anime principalement le bassin des ambiances de Humano:Id dont le clavier épouse le modèle de Rick Wright, à la limite celui de Ray Manzarek. La guitare devient de plus en plus l'hôte des ambiances de ce titre en laissant planer de courts solos et des textures qui respirent un peu celles de Manuel Göttsching à l'époque de Ashra. Un titre purement atmosphérique, Identifikation amène son sceau d'ambiances méditatives à la fois célestes et mécaniques dans une fusion de lignes et d'ondes de synthé aux couleurs aussi contrastantes que sa teneur émotive. Momentum dispose de nos émotions avec une ballade, je dirais une promenade dans un parc par un jour d'automne avec une mélodie du piano, accompagnée par des cordes, qui nous trotte entre les oreilles. C'est très beau!
Surreale Illusionen est une autre structure de tonalités bigarrées qui possède un fort potentiel afin de charmer nos tympans. Des bruits organiques, comme des effets de gouttes cadencées suintant sur une muraille en stuko, sont tissés dans un séquenceur en mode rythme expérimental. Par la suite, Bernd-Michael Land a effectué un ingénieux travail de collage de sons qu'il travaille dans une forme de rythme séquencé. Les bouts de didgeridoo fragmentés et réassemblés en structure de rythme séquencé sont tout à fait génial! Après une ouverture sous le signe de l'angoisse, Weg der Erkenntnis déroule un carrousel rythmique ambiant sous ces ondoyantes ondes de synthé gorgées de matières androïdes. La métamorphose survient une 80taine de secondes plus loin alors que le séquenceur sculpte un rythme bondissant avec des ions sauteurs ainsi que le rythme de leurs ombres et dont la texture caoutchouteuse concocte une approche de rythme ambiant harmonique. Efficace, tant c'est un mouvement magnétisant! Bien qu'ayant aussi un fort ascendant sur des emprises atmosphériques d'un univers de métal et de technologies avancées, Tanz der Kobolde est ce coup de rythme qui défait l'emprise atmosphérique aux échantillonnages mécaniques des 3 titres précédents, Positionen, Computergeist et Maschinenherz. Et comme dans Surreale Illusionen, son rythme séquencé est rempli de tonalités composites qui tournoient comme un manège circulaire dans un parc d'attractions pour humanoïdes. Autre structure de rythme comme on entend rarement et qui est drôlement efficace, Zyklus Nr. 10 propose des ions séquencés à moitié organiques et de verre vivant dans une structure circulaire. Un mouvement de va et vient, comme une nuée de petits pas courant en tous sens sans devenir entraînant pour les pieds, on tapote du doigt par contre, dans un contexte de course continuelle sous un ciel bardé d'ondes de synthé et de textures de guitare qui hurlent avec un zest eschatologique dans ses lancinantes lamentations. Et comme dans Humano:Id, César Roson transforme ces lamentations en de courts solos aux couleurs du désespoir. Et si la créativité de Bernd-Michael Land ne cesse de surprendre dans ce HUMANO:ID-VISIONEN, il conclut ce dernier opus d'une façon plus conventionnel avec un rythme électronique circulaire. Le séquenceur joint deux lignes de rythme qui se collent et sautillent dans le dernier pas de l'autre, créant un rythme vif et entraînant qui n'a aucune nano seconde de vide. Évidemment, la vision complexe du musicien ne s'est pas entièrement évaporée comme en font foi cette métamorphose du séquenceur qui fait tournoyer son rythme devenu plus métallique, mécanique avec sa tonalité de technologie avant-gardiste. Et ce rythme tinte avec un effet entraînant sous ces échantillonnages d'un multivers sonore conçu dans l'imagination de Bernd-Michael Land qui possède plus de 40 d'expérience dans les différentes cultures de sons électroniques. Cet artiste m'a laissé une impressionnante carte de visite avec ce brillant HUMANO:ID-VISIONEN. Un album qui est remplit d'éléments plus qu'intéressants et qui se déguste tranquillement mais dont le pouvoir d'attraction est plus que garanti. Excellente découverte pour un amateur de sons, de rythmes et d'ambiances aux portes d'un autre univers… comme moi!
Sylvain Lupari (08/11/22) ****½*
Disponible sur le site Web de Bernd-Michael Land
(NB : Les mots en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)
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