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Writer's pictureSylvain Lupari

BERTRAND LOREAU: Morceaux Choisis (2011) (FR)

Quant à moi, Bertrand est un trésor caché dans le monde de la MÉ. Musical, poétique et électronique, cet album solidifie ma perception

1 Chuchotements 1:51

2 Soli Tune 3:16

3 Pour le Dire 2:13

4 Le Grand Voyage 13:37

5 Appel Intérieur 4:36

6 Pour Arnaud 4:02

7 Harmonie d'un Jour 4:20

8 Irisationd Part I 4:34

9 Irisationd Part II 3:24

10 Souvenir de Jeunesse 18:08

11 Pour Arnaud Part II 2:42

12 Frottements 1:32

13 Si Loin 4:19

(CD 67:33)

(Berlin School, Modern Classical)

Des arpèges de verres hésitent à valser dans l'inconnu. Poussés par les vents d'une flûte chevrotante, ils forment une délicate ritournelle de verre et chuchotent Chuchotements qui coule comme une rivière de perle. MORCEAUX CHOISIS est une autre œuvre intimiste de Bertrand Loreau. Après Sur Le Chemin, Reminiscences et Sequences, le synthésiste de Nantes nous ouvre à nouveau le chemin de son intérieur et de ses mémoires avec 13 titres composés entre 2006 et 2011. Très diversifié, cet album étale les influences et les états d'âmes de Bertrand avec des titres d'une douceur toujours envoûtante et d'autres plus électronique du genre Berlin School. C'est un savoureux mélange où Vangelis et Klaus Schulze se retrouve au cœur des sessions de Trans Harmonic Nights, de Peter Baumann, pour terminer dans les douceurs oniriques d'un piano de Erik Satie.

Soli Tune continue sur l'appel de Chuchotements pour flâner comme une aria sur la solitude. Les accords de clavier épousent les sonorités d'une guitare hybride où les sons d'une harpe se confondent à ceux d'un piano aux effluves jazzy. Tantôt mélodieux et tantôt maladroits, ils défilent dans une incertitude sous les nappes d'un synthé flûté et une fine brume mélancolique. Doux, Pour le Dire coule dans nos oreilles avec la même tendresse, mais avec plus de musicalité, que le court titre introductif. C'est très beau et délicat, comme toutes ces mélodies que l'on retrouve sur MORCEAUX CHOISIS et les œuvres antérieures de Bertrand Loreau. Je pense entre autres à Appel Intérieur qui est à chambouler le cœur avec sa flûte pleurant sur un lit de brume. Un titre qui fait son effet, comme le très mélancolique Pour Arnaud et ses arpèges de cristal qui pleure la perte d'un ami. Le Grand Voyage démontre que le musicien français est aussi capable de musique extrêmement audacieuse et progressive tout en restant mélodieux. Des arpèges de verres aux sonorités de xylophone virevoltent. Ils sont percutés par un mélange de percussions, d'accords impromptus, des souffles de flûte et d'élans de synthé. Nous sommes immergés par une influence de Vangelis, période Opéra Savage, et Klaus Schulze, période Dreams. Des solos torsadés et incisifs ondulent au-dessus de cette procession minimaliste. Des solos aigus, sonnant comme des complaintes d'un saxophone solitaire, accompagnent cette structure ascendante dont le rythme furtif est incrusté par des accords sombres qui avancent à pas de loup. C'est une lente parade qui grouille d'une vie nouvelle après la 6ième minute, alors que les arpèges limpides rappliquent. Plus nombreux, ils dansent et sautillent nerveusement sur cette cadence minimaliste avant de terminer leur périple sur une structure échevelée mue par des souffles de synthé et de mellotron.

Harmonie d'un Jour nous plonge dans des structures du genre Berlin School avec une nette influence pour Tangerine Dream et principalement l'ère Peter Baumann. Le titre ondule timidement avec des séquences qui vallonnent comme dans Sorcerer. Mais ce qui frappe est l'enveloppe mélodieuse. On se croirait définitivement dans une session de Trans Harmonic Nights avec les solos torsadés, les riffs et les harmonies qui s'en dégagent pour nourrir une cadence qui accentue le pas subtilement. C'est un vrai régal pour les nostalgiques, tout comme pour Irisationd Part I qui offre un rythme plus nerveux avec des séquences alternant avec plus de vivacité sous des percussions métalliques et surtout de ces fabuleux chants de synthé qui roucoulent sous une fine brume mellotronnée. Irisationd Part II offre une structure similaire mais avec un synthé plus jazzé, des séquences plus limpides et nerveuses et des effets électroniques. Souvenir de Jeunesse clôture cette section immersion de la Berlin School avec de bonnes séquences qui façonnent un mouvement ondulatoire et hypnotique. Comme une marche éternelle, les pas des séquences avancent et en croisent d'autres plus sèches et percutantes qui avancent dans une brume mystique. Le synthé enveloppe cette bonne amplitude séquentielle et rythmique d'impulsions cosmiques et de doux solos frissonnants. Les percussions tombent et alourdissent cette hypnotique procession minimaliste qui s'enrichit d'arpèges cristallins scintillant parmi de belles nappes d'un synthé enivrant. Le rythme se subdivise et entre dans des sphères de permutations, arrosées de solos aiguisés et spectraux, guidant les séquences de Souvenir de Jeunesse vers une finale brumeuse. Après cette superbe intrusion dans la Berlin School, MORCEAUX CHOISIS se termine avec 3 titres joués au piano. De splendides bijoux de tendresse et mélancolie où Bertrand étonne et charme avec une étonnante dextérité.

En ce qui me concerne Bertrand Loreau est un trésor caché dans le monde de la musique. Musical, poétique et électronique, MORCEAUX CHOISIS en solidifie ma perception avec une musique finement élaborée où le compositeur et synthésiste de Nantes étale un étonnant savoir-faire en maniant des styles qui se chevauchent dans une surprenante harmonie. Que ce soit du Berlin School mélodieux ou progressif, des mélodies électroniques ou du classique, Bertrand Loreau tisse de beaux tableaux musicaux qui touchent immanquablement nos émotions, la marque d'un grand compositeur.

Sylvain Lupari (22/10/11) *****

Disponible au PWM Distrib

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