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Writer's pictureSylvain Lupari

BERTRAND LOREAU: Sur le Chemin (1996) (FR)

C'est un bon album qui transcende la MÉ en tant que tel par une structure musicale plus proche de la musique contemporaine que de la simple MÉ

1 Point de Fuite 5:20

2 Jeu d'Enfant 4:50

3 Dans le Miroir 4:30

4 Sur le Chemin 5:26

5 La Chaise Vide 8:07

6 Demain Peut-Être 2:25

7 Regards Réfléchis 6:56

8 Une Autre Vie 2:28

9 Des Illusions 3:02

10 Message Perdus 5:00

11 Dernière Séquence 5:38

12 Au-delà du Passé 9:37

Musea-Amplitude AM 8400.AR

(CD 63:43) (EM à la Vangelis)

Avec l'éclosion d'Awenson et d'Alpha Lyra, la MÉ française semble reprendre un second souffle. Mais avait-elle vraiment perdue ce souffle? Ou était-elle simplement terrée dans ses frontières et l'ignorance des médias locaux qui préféraient le synth pop (Air) et la techno (Daft Punk) à une MÉ aussi onirique que poétique? Depuis 1995 une association qui a pour but de promouvoir la MÉ progressive est mise sur pied, PWM Distrib présidée par Bertrand Loreau qui regroupe justement les noms d'Awenson, d'Olivier Briand et Alpha Lyra pour ne nommer que ceux-là. Ceux qui gravitent autour de la scène de la MÉ française connaisse Bertrand Loreau pour ses différentes implications dans l'art de la musical électronique et sa très grande passion pour la musique de Klaus Schulze. Étrangement, cette passion est absente des influences qui habitent son 3ième opus sobrement intitulé SUR LE CHEMIN. Réalisé en 1993, il regroupe une collection de belles odes musicales où les synthés revêtent une tenue de musique de chambre. Et comme premier contact, je ne m'attendais pas à ça! Cet album propose une douce MÉ mélodieuse avec des claviers/synthés qui offrent des airs mélancoliques et nostalgiques sous des fragrances musicales aussi romanesques que le violon, le piano, la guitare acoustique et même clavecin. Au final, c'est un bel album où les émotions s'entendent à fleur de notes et se ressentent comme on voit le film de notre vie. Amateurs de Vangelis, sortez vos mouchoirs!

Point de Fuite ouvre le bal des émotivités avec une structure rythmique où de fines séquences sautillent légèrement. Le clavier est sobre et mélodieux, rappelant les mélodies électroniques du Dream, période Le Parc. Le tempo augmente en crescendo pour encadrer une belle mélodie céleste où les accords sonnent comme une harpe. Un titre parmi les plus animé, comme Sur le Chemin et son rythme légèrement plus nerveux avec des accords qui sautillent et s'enchevêtrent derrière des synthés symphoniques ainsi que sur le très vivant Dernière Séquence. Ceux qui me connaissent et suivent mes chroniques savent à quel point je suis un être de sensibilité et je dois dire qu'avec Bertrand Loreau j'ai trouvé un superbe auteur-compositeur. Rempli d'émotions, il possède ce don de nous les faire ressentir. Jeu d'Enfant est étonnant de candeur et de virginité. Un très beau titre débutant avec de délicats arpèges qui tournoient derrière une douce brume éthérée. Des notes de verres dansent délicatement sous un regard de tendresse où les modulations sont étonnement poignantes et remplies d'une rare tendresse musicale qui, d'habitude, habille les plus beaux épitaphes musicaux de Vangelis. Un beau titre qui jette ses accords mélancoliques jusqu'à dans la mélodie de Dans le Miroir qui est par contre plus dramatique avec un synthé soufflant de beaux solos torsadés sur une douce structure onirique. Les arpèges défilent tel un carrousel musical sous des charges d'un synthé et ses souffles tant apocalyptiques que dramatiques.

SUR LE CHEMIN est plein de belles mélodies lyriques où les synthés s'accordent comme des instruments de romances. Je pense notamment à Demain Peut-être et son délicat piano qui coule sous des nappes violonées, le déchirant Une Autre Vie, le plus joyeux Des Illusions et l'amer Message Perdu. Des titres qui s'écoutent comme dans un intimiste concerto pour musique de chambre. La Chaise Vide est dédié à un jeune élève de Bertrand Loreau qui est décédé brutalement. Un long titre où les accords de synthé s'habillent comme des notes de guitares acoustiques ou de harpes qui errent dans une brume éthérée et de fines couches de mellotron truffé de violons chimériques. Par moments on dirait un blues cosmique où l'on sent la tristesse de l'auteur et qui graduellement retrouve une joie de vivre avec une finale plus enjouée. Regard Réfléchis nous présente un Bertrand Loreau plus complexe. Toujours aussi sombre et mélancolique mais plus complexe. Un long morceau où le synthé traîne ses souffles nostalgiques au-dessus d'une vision de désolation dans un mouvement lent et déchirant. Il croise des doux arpèges qui apparaissent comme le soleil après les ruines et folâtrent avec innocence sous une ligne de synthé aux sonorités hybrides où les violons caressent les hautbois, comme à l'époque de la Renaissance, sur une structure qui s'apparente à celle de Au-Delà du Passé qui est par contre plus riche en synthés et mellotron.

La musique de Bertrand Loreau est assez unique puisque le compositeur privilégie une approche artistique plus sobre et plus classique que la plupart de ses confrères contemporains avec des pièces courtes et bien structurées où le synthésiste français accorde énormément de place à l'aspect mélodieux et poétique. SUR LE CHEMIN est un bel album musical qui transcende la MÉ comme telle de par une structure musicale plus près d’une musique classique contemporaine que de la simple MÉ. Moi j'y vois un doux mélange entre un Bernd Kistenmacher plus contemporain (Un Viaggio Attraverso L'Italia et surtout Celestial Movements) et un Vangelis très harmonieux et philarmonique.

Sylvain Lupari (06/04/11) *****

Disponible au PWM Distrib

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