“Tout est si beau et lyrique sur Legacy! Et c'est pourquoi cet album doit être abordé avec un esprit ouvert”
1 The Tunnel 3:23 2 On Track 4:04 3 Accelerant 6:21 4 The Hour Appointed 5:00 5 Septimal Laws 4:25 6 Fields of Neptune 5:12 7 The Outer Shell 8:17 8 Gravity Core 5:46 9 Inner Guidance 7:11 10 Closing In 1:40 Spotted Peccary|SPM-1605 (CD/DDL 51:20) (Ambient, Électronica, Berlin School)
C'est avec la patience que l'on découvre de beaux joyaux. De la très belle musique! Comme ce dernier album de Between Interval qui s'est fait attendre après le séduisant et énigmatique The Edge of a Fairytale paru en 2009. Et pour combler cette attente, dites-vous que Stefan Strand nous revient en très grande forme après un silence de tout près de 8 ans du radar musique. Et les retrouvailles s'annoncent fort agréable, même s'il m'a fallu au moins 5 bonnes écoutes avant de tomber sous ses charmes.
Des basses pulsations assez furtives percent un opaque muraille de bourdonnements céruléens. Des effets percussifs s'invitent en même temps qu'une ligne de séquences délie une approche oscillatrice stroboscopique. Ces éléments combinés forgent une dense ossature rythmique dont les coups et les cliquetis disparates étouffent la tonalité plutôt organique des séquences. Ce rythme stationnaire de The Tunnel progresse sans jamais déborder dans une ambiance imperméable cousue par une ondée de lignes de synthé qui moule un panorama sonique aussi enchanteur qu'intrigant. Les poussières et brumes de The Tunnel sont absorbées par le superbe On Track et sa structure de rythme délicieusement lascive qui sautille entre un délicat tambourinement des séquences et des cliquetis percussifs. Une mélodie très évasive s'y couche, étalant sa mélancolie dans une texture sonique où le style Dub et Ambient House cherche un recoin pour exploser. L'approche reste toutefois taciturne et tranquillement l'auditeur dérive vers Accelerant et sa houle oscillatrice qui virevolte dans un couloir tubulaire. Des notes de clavier dispersés tracent une mélodie aussi rêveuse et nostalgique que dans On Track, mais plus dans un mode ambiant éthéré et tissant ainsi un délicieux contraste entre sa structure de rythme. Ces perles mélodiques se disséminent comme des larmes soniques tout au long des paysages soniques de LEGACY, comme dans le très ambiant et méditatif The Hour Appointed dont les multiples effets de réverbérations et percussifs tissent une ambiance glauque. Septimal Laws, tout comme le superbe Gravity Core, nous amène au niveau des ronflants rythmes ambiants et minimalistes de Plastikman du temps du magistral Consumed. Deux titres de Techno ambiant tout simplement délicieux.
Fields of Neptune embarque entre nos oreilles avec de bons effets électroniques et d'immenses vagues soniques qui se métamorphosent en un lourd vélum compacté par des chants sibyllins d'acier. Une séquence très Berlin School signe une rythmique vacillante qui circule comme un taraud vertical dans un enveloppant linceul d'un bleu sonique très criant. Chaque titre s'enchaîne, donnant une macédoine de styles assez difficile à acheter à la première écoute. Comme ce très ambiant et très reposant The Outer Shell qui niche entre deux opposés dans une savoureuse ambiance cosmique. Stefan Strand y glisse ces effets percussifs et empile les nappes de synthé qui ont autant de couleurs que d'éléments de voix lointaines, donnant ainsi beaucoup de relief aux paysages d'ambiances. Gravity Core est tout simplement jouissif dans son habit de Richie Hawtin. Ses séquences ronflantes résonnent jusqu'aux limites de Inner Guidance, un autre titre assez Berlin School dans le genre de Fields of Neptune mais avec un décor plus glauque notamment à cause des effets de résonances des basses pulsations. Doucement ce rythme clopinant se fond dans un décor d'ambiances et de murmures afin de joindre les sillons des vents d'une navette spatiale qui dérive dans un cosmos où jonchent des cerceaux sonores et leurs radiances qui s'effritent dans le noir.
Je dois admettre qu'il m’a fallu une écoute très attentive avant d'apprécier ce dernier opus de Between Interval. Pourtant, tout est beau et assez lyrique! J'imagine que l'avalanche de styles, qui se fondent dans des panoramas tantôt cosmique et tantôt terrestre, peut laisser les amateurs d'un genre ou l'autre sur leurs appétits. Comme moi avec les effets Plastikman. Mais au fil des écoutes, on découvre un étonnant album que j'apprécie encore plus à chaque nouvelle écoute. J'espère maintenant de ne pas avoir à attendre encore 8 ans pour une suite à LEGACY…
Sylvain Lupari (27/05/17) *****
Disponible au Spotted Peccary Bandcamp
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