“Je ne vous ferez pas de cachettes, Epiphany est l'histoire d'un titre. Mais quel titre!”
1 Reconciliation 24:05
2 Artificial 15:19
3 Epiphany 27:59
(CD/DDL 67:24)
(Berlin School)
Je ne vous ferez pas de cachettes, EPIPHANY est l'histoire d'un titre. Mais quel titre!
C'est dans ces souffles provenant des pores du métal que s'ouvre Reconciliation. Les ambiances sont quasiment ensorcelantes avec ces ombres du silence qui volent maintenant sur de lentes pulsations éparses. Le mouvement du séquenceur se fait entendre quelques 30 secondes après la seconde minute. Subtil, il monte haut pour redescendre précipitamment. Le mouvement est obsédant, jusqu'à ce que ma mémoire le localise dans un album de Klaus Schulze. FM Delight de En=Trance. Bien appuyé sur la ligne de basses pulsations, il est le côté acoustique de ce titre éclatant du Maître Allemand. Des solos, suaves puisque lointains, errent sur cette armature minimaliste qui prend de la vigueur tout en toujours très discret. Près de Body Love, pour la tonalité, tout en étant un peu loin, pour le débit, cette ritournelle du séquenceur, jumelée aux basses pulsations et à un autre ligne de rythme, finie par tisser une texture lunaire plein de tendresse sous des nappes de synthé devenues endormitoires. Hypnotique, il ferait bon y dormir. Mais voilà! Des boom-boom résonnants soulèvent nos paupières. Nous sommes à 10 secondes avant la 13ième minute et Reconciliation augmente la puissance du volume et par la suite le débit. Les solos de synthé ont aussi cette nouvelle force de vie. Virevoltant ce lit de réverbérations des lourdes basses pulsations, ils se multiplient tout en décorant les ambiances de figures acrobatiques et de voiles d'émotion qui répondent assez bien à la lourdeur des réverbérations. Quelques 5 minutes plus loin, Reconciliation retrouve son équilibre en étant plus fort que sa première partie et moins violente que sa seconde. J'ai oublié de vous le dire! C'est un superbe Berlin School avec une finale ayant ce parfum des ambiances musicales de Logos de Tangerine Dream. Plus de deux ans après le majestueux Totem, Beyond Berlin nous revient avec un album intitulé EPIPHANY. Et l'album part très fort! Trop fort même, puisque les deux autres titres, qui sont un peu plus progressifs, ont beau flirter avec ses limites que jamais il n'atteindront la profondeur de ce Reconciliation.
Après une introduction sculptée dans l'approche expérimentale, on dirait un séquenceur cybernétique perdant ses morceaux et ses structures sur un parcourt de 95 secondes, Artificial étale sa douceur passagère avec des scintillements qui supportent les chants entrecroisés de deux mellotrons. Profitons de ces instants puisque le séquenceur libère de lourds ions sautant d'une oreille à l'autre, tandis que Rene de Bakker et Martin Peters s'échangent des solos de synthé qui ont une base harmonieuse de style Jazz Rock. La texture de rythme est amplifiée par des couches du séquenceur, structurant à la fois un rythme circulaire dont les boucles passent par-dessus l'autre mouvement qui est plus ascensionnel. La particularité entre les solos est ce bruit métallique qui se fait entendre lorsqu'un des synthésistes, le second, les fait planer avec une tonalité amoindrie. Cette phase animée trouve un pont où le rythme est devenu ambiant avec des fineries méditatives autour de la 8ième minute. Cette dernière phase de Artificial est axée sur les différentes possibilités des séquenceurs qui tissent une texture rythmique touffue de ses séquences qui sautillent et gambadent entre des accords plus graves et plus espacés. Il y a effervescence autour de la 10ième minute avec ces lignes qui s'agglutinent en un amas, invitant des arpèges à jeter un mirage de mélodie soufflée par un mellotron. Que peut nous offrir la longue pièce-titre? Son ouverture est flottante avec des brises de synthé astrales remplies de voix angéliques. On entend une base de rythme scintiller dans le décor tandis que les ronflements de la ligne de basse avisent qu'un rythme est en gestation. Cette introduction à Epiphany est très lunaire et éthérée. Ça fait très KS! Surtout avec les cris de sternes tournoyant sur ce rythme qui se débarrasse de sa carapace pour éclore dans un amas statique grouillant de séquences nerveuses. Nous arrivons à la 11ième minute et la structure toujours agitée étale des mouvements saccadés qui sont encerclés de solos fugaces. Ce mouvement bruyant et statique vit de son tumulte avant de retourner dans son cocon et de laisser renaître les premiers instants de Epiphany. Le mellotron prend les guides momentanément, laissant les séquences et les ambiances s'intensifiées dans une finale qui cherche sa porte de sortie.
Mis à part pour Reconciliation, EPIPHANY est une excursion dans une histoire de Berlin School plus audacieuse. Si vous aimez les multicouches de séquences et de solos de synthés, qui sont aussi affairés à créer des paysages sonores, cet album vous est tout destiné. Et si par contre la romance lunaire est votre dada, il y a ce long premier titre…
Sylvain Lupari (11/06/21) *****
Disponible chez Groove nl
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