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Writer's pictureSylvain Lupari

Beyond Berlin World Gone Mad (2023) (FR)

Du Berlin School ambiant et rythmé qui fait un lien entre l'ancienne et la nouvelle vision

1 World Gone Mad 20:37

2 Legacy 21:20

3 Stages 10:46

4 Pleasant Challenge 14:17

(CD/DDL 67:00)

(Berlin School)

Si les réalisations du label Groove NL sont toujours très appétissante aux oreilles des fans de New Berlin School, la musique de Beyond Berlin est sans doute la seule qui transite entre le vieux et le nouveau look musical de ce style encore vénéré par des milliers d'oreilles de par le monde. Le titre WORLD GONE MAD fait référence aux évènements qui ont bousculé notre planète en 2022. Mélangeant à merveille les éléments d'ambiances ténébreuses à des mélodies pincées sur des arpèges en verre sur des rythmes à la fois stationnaires et entrainants, Rene de Bakker et Martin Peters évoquent les conséquences de ces incidents sur les gens et les créatures qui habitent sur Terre.

Une délicate brise brumeuse est à l'origine de la pièce-titre du 6ième opus du duo Hollandais. Elle pleure en arrière-plan d'un carrousel d'arpèges dont le miroitement fait scintiller nos tympans. Les ondes de synthé ont une texture très mélancolique dans cette lente ouverture, mettant ainsi beaucoup d'emphase sur le titre et ses origines. D'autres arpèges, virevoltant avec une essence rythmique, s'ajoutent au décor, alors qu'une ligne de basses pulsations fait entendre ses boom-boom qui sont éparpillés sur une bonne distance. Le rythme est ambiant. Les séquences argentées miroitent plus qu'ils incitent à un rythme entrainant dans les chants des trompettes apocalyptiques des synthés. Le titre prend un élan dramatique un peu avant sa 8ième minute, coïncidant avec un nouveau dynamisme rythmique propulsé par une vélocité accrue du séquenceur et un battement plus soutenu de la ligne de basses pulsations (boom-boom). La couleur des séquences varient autant que les inflexions dans sa texture de rythme qui sert plus à faire rayonner les airs rythmiques et la mélodie segmentée des arpèges. Les synthés filtrent des chants de grésille qui ondulent paresseusement sur ce rythme ambiant qui disparaitra dans une légère cacophonie de vents et de drones. Legacy s'extirpe d'une ouverture conçue dans des brises sombres, des drones et des airs de trompettes apocalyptiques pour coucher une véritable structure de rythme électronique de la vieille école avec des séquences qui gambadent et bondissent dans de courts cycles oscillatoires, créant un débit nerveux et agile qui reste tout de même stationnaire. Les séquences se partagent l'aspect rythme et mélodie du titre jusqu'à ce que des arpèges isolés se mettent à tinter et onduler dans une texture plus mélancolique. Les synthés tissent bancs de brouillard et de belles harmonies lyriques qui flottent sous formes de solos évanescents. Le titre prend un virage plus atmosphérique autour de sa 12ième minute. Le mellotron lance des jets de flûte qui ont cette essence très Tangerine Dream, créant des bouts de mélodies évanescentes qui resplendissent encore plus dans le miroitement du ballet circulaire des arpèges. Une basse synthétisée sommeille dans ce décor lunaire, on entend aussi de beaux effets électroniques de l'ère analogue, et ses expirations soutiennent ce mouvement de rythme ascensionnel et ambiant du séquenceur qui est en symbiose avec la danse des arpèges, concluant ainsi Legacy sur une note plus atmosphérique idéale pour les rêveurs éveillés.

Le vent tourne dans la seconde partie de WORLD GONE MAD où Rene de Bakker et Martin Peters sortent les séquenceurs de l'ombre. Vents sombres, pulsations sourdes et bruits électroniques d'une nuit de terreur sont à l'origine de Stages. Les battements pulsatoires résonnent de plus en plus, secouent même un collier d'arpèges qui fait scintiller une mélodie dans un axe ascensionnel circulaire. Le synthé lance des jets de mélodies dont les teintes de flûte et de brume cohabitent dans une ambiance de plus en plus ténébreuse. Genre film de peur! Les ambiances, comme la mélodie cadencée des arpèges accentuent présence et vélocité jusqu'à …Boom! Stages explose d'un rythme pesant et entraînant, comme du très bon Redshift vers la 4ième minute. Le séquenceur est lourd et sa cadence résonne dans les artifices des synthés qui lancent des bancs de brume et des mélodies évanescentes sous formes de courts solos. Bref, un solide Berlin School lourd, lent et circulaire qui est idéal pour faire travailler notre banque à souvenirs et les neurones. Un gros titre de Beyond Berlin! Des expirations ronflantes de la basse initient le délicat rythme sautillant des arpèges dans Pleasant Challenge. Une seconde ligne du séquenceur s'ajoute. Elle pilonne le rythme stationnaire dans le léger effet tourbillonnant des premiers arpèges séquencés. Et plus la structure se développe et plus elle emprunte un pattern de séquences qui fait très Tangerine Dream. Les battements de la basse injectent une aura de résonnance dans cette lente ouverture où les 2 lignes du séquenceur s'échappent, rivalisant entre la mélodie cadencée et le rythme pur. Il y a de beaux effets de dribblage, de cliquet (ratcheting), dans cette structure où la ligne de basse, furtive et toujours présente depuis le début, structure un rythme ascensionnel légèrement aussi fluide que la ligne de séquence mélodique. Les synthés ne sont pas en reste, complétant le décor avec les effets usuels au genre chtonien ainsi que de bons solos musicaux.

Si, comme le message de Beyond Berlin laisse entendre, nous avons une seule Terre et il faut en prendre soin. L'adage est aussi vrai pour le duo Hollandais. Rene de Bakker et Martin Peters flirtent avec tous les styles de la Berlin School sur WORLD GONE MAD. Ils le font avec style, créativité, notamment dansPleasant Challenge, et panache dans l'art de créer des mélodies rythmiques qui s'accrochent aux oreilles et embrasent la banque de nos souvenirs.

Sylvain Lupari (24/07/23) *****

Disponible chez Groove nl

(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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