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Writer's pictureSylvain Lupari

BIOME: Essence (2021) (FR)

Un excellent album de musique ambiante ayant quelque chose à dire qu'est cet Essence du Biome

1 Occulus 12:58

2 Agartha Awakens 7:22

3 Naturale Waves 5:52

4 Walk Among the Crystal Tides 10:07

5 Return to the Source 11:19

6 Shangri-la Nexus 9:42

(DDL/CD-r 57:22)

(Ambient, Pacific School)

Ça fait un bail que je n'ai écouté du Alpha Wave Movement. Ou si vous préférez, la musique de Gregory Kyryluk! Biome est un projet datant de 2018 avec la parution de The Shores of Temenos. Et contrairement à la vision acoustique de cet album, ESSENCE est un album bien en phase avec une essence cosmique qui s'en dégage tout autour de ses 57 minutes. Un album plus près des frontières de AWM, ESSENCE est résolument ambiant avec des rythmes analogues sculptés de façon à donner ces élans sans efforts si plaisant que nous avons l'impression de flotter littéralement avec les différents mouvements d'un album qui sait disperser ses bijoux afin de maintenir notre intérêt jusqu'à la toute fin.

Occulus étend sa musicalité avec des vapeurs d'ondes, imitant ces fumées de cigarettes qui apparaissent et s'évaporent comme des mirages sans encres de fond. Très ambiante, la musique tourne autour de soyeuses nappes de synthé dérivant après avoir dérober nos songes. Des éléments cosmique se greffent momentanément et ornent cette réflexion paradisiaque qui trouve écho dans des gongs, des tintements de cloches et ces lignes grivoises qui sautillent dans son décor. Les arrangements transportent notre état velléitaire dans ce très beau mouvement ambiant qui flirte avec cette vision de musique céleste que Gregory Kyryluk a su transposer au-delà des limites de Alpha Wave Movement. Une séquence excite légèrement nos sens abouliques, sculptant un rythme fantôme qui agrémente plus nos visions que nos neurones. Biome connait les limites de AWM et sait comment les ajuster, avec juste un léger filet d'émotivité qui étend son ombre noire avec l'effet croissant d'une ligne de basse stimulant l'effet vibrionnaire des nappes et leur agencement dramatique. Occulus présente un décor parfait avec la vision sibylline de son sens qui se démène comme une proie des ombres dans une musique ambiante héritant d'un mélange d'influences entre les univers de Steve Roach et celui de Michael Stearns. Vient ensuite Agartha Awakens qui étend une nappe ondoyante où respirent le lent battement d'une basse caressée lentement par un archet. Des pétillements éclatent de partout, simulant une pluie d'éléments percussifs qui s'éclatent en tombant sur cette lourde nappe se dandinant avec innocence. Un rythme ambiant s'est frayé une route pour rejoindre cette nappe dérivante et l'accoste avec la ferme intention d'y rester. Nourri de séquences et de riffs percussifs, qui forment un tandem aux élans giratoires, il reçoit l'appui d’arrangements orchestraux par la présence de violon sculpteur de staccatos. D'ambiant, le rythme devient certitude dans un climat séraphique qui fait penser aux meilleurs moments de Patrick O'Hearn.

Une splendide berceuse, alliant le chant des étoiles filantes à ceux de nos roitelets huppés, s'attache au passage de Naturale Waves. Nous sommes au cœur des charmes de cet album avec le très beau Walk Among the Crystal Tides qui suit la beauté innocente de Naturale Waves. Des accords de clavier pensifs sortent d'entre les vagues océaniques pour danser et folâtrer avec une ligne de basse. Leur chorégraphie aérée se lie avec les chants prismatiques des synthés, imitant ces voix de sirènes qu'il nous est interdit de voir. Un mouvement mou s'extirpe dans une vision ascendante reconnue et autorisée par des percussions résonnantes. Nous sommes en mode rythme pour les neurones avec deux phases bien distinctes qui font front contre une pesanteur astrale qui finit par retourner Walk Among the Crystal Tides sur le chemin de son retour. Un grand titre sur cet album qui pourrait jeter de l'ombre sur Return to the Source dont les lumineuses ondes de synthé flottent avec paisibilité. Ces nappes ont une ombre de voix qui, à fort volume, joue avec ces fils de l'âme pourvoyeurs de frissons de chagrin. Une figure de rythme se dessine avec des battements laiteux qui enivrent des battements plus tribaux, sculptant une danse métaphorique sous le feu jaillissant des ondes de synthé. Un rythme élastique sur un lit de feu, il épouse avec un léger retard l'intensité des ambiances jusqu'à ses derniers battements, un peu après la 6ième minute. Les issshhh et les woosshh ne meurent pas eux! Ils propulsent les dernières cendres de Return to the Source qui renait tel un phœnix avec des battements plus accélérés dans une dimension qui transcende les paisibles structures de ESSENCE. L'eau filtre entre nos orteils pour accueillir les sombres ondes d'un synthé dont l'autre bout du spectre fait tinter clochettes et vibrer voix. Il arrive un point où ces fredonnements de voix absentes se mêlent aux nappes de synthé dont l'union forge une intensité d'où nait un splendide mouvement éthéré du séquenceur. Des arpèges se faufilent sur ce rythme astral. Des miroitements inégaux avec des tonalités acuités qui scintillent sur une masse musicale portée par de bons mouvements orchestraux, guidant Shangri-la Nexus vers ces cavernes où l'eau suintait, les brises caverneuses chantaient et les clochettes du nouvel Eden tintaient.

Un excellent album de musique ambiante ayant quelque chose a raconté que ce ESSENCE de Biome et surtout de Gregory Kyryluk. Je n'ai pas trouvé de moments faibles, juste quelques-uns où mes oreilles devaient petit à petit s’ajuster, voire s’adapter à des changements de phases. Signe d’un album bien pensé et surtout bien travaillé. Et Biome n’aura jamais sonné plus que Alpha Wave Movement que sur ESSENCE. À entendre, à découvrir et à apprivoiser de bout en bout!

Sylvain Lupari (20/03/21) ****½*

Disponible au Biome Music Bandcamp

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