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Writer's pictureSylvain Lupari

BOUVETOYA: Blue Planet Talisman (2016) (FR)

“Un étrange album avec une musique plutôt difficile à saisir mais qui on finie par faire son œuvre et séduire”

1 Cosine 3:56 2 Blue Planet Talisman 10:07 3 New Wave Factor 4:45 4 Black Sea of Trees (remix) 4:02 5 Moon Annexe 6:04 6 Timeslip 6:40 7 Townland 6:30 8 64 Lightshow 3:22 9 Element 115 3:32 10 Sine 3:28 SynGate CD-r MJ04

(Cd-r/DDL 52:26) (Cosmic, filmic and Berlin School)

L'onde sonore qui s'évapore rayonne comme ces cercles d'une eau noire qu'un doigt à percé. Multipliant ses tons, elle s'éparpille en multitude d'ondes soniques qui flottent comme de paisibles drones dormant pour orner le paysage plutôt méditatif de Cosine. Des nappes d'une orgue aux sombres harmonies sibyllines ponctuent les cieux tandis que des woosh, et leurs particules iodées, convergent paresseusement vers la pièce-titre. Les premiers claquements de BLUE PLANET TALISMAN se répercutent d'un haut-parleur à un autre. Ces claquements feutrées pétillent entre les ombres des ondes, étendant un halo nickelé où s'accrochent de timides accords hésitants qui roucoulent paisiblement. Cette série de boucles harmoniques, un tantinet ésotériques, éveilleront chez certains d'entre nous des souvenirs des premières année d'Ashra. Et lorsque le clopinement d'autres accords, un peu plus dans le ton de percussions, suggèrent à nos neurones de danser un cha-cha ambiant, nos oreilles respirent alors les parfums des rythmes organiques de Steve Roach. Inspiré par le dessin de Martin Millar, qui recouvre la pochette de ce premier opus de Bouvetoya dans la division SynGate Wave, BLUE PLANET TALISMAN est un album de MÉ hybride mis en boîte avec une dizaine de compositions improvisées en studio auxquels Michael Jones a ajouté le minimum de réenregistrements. Le musicien Irlandais voulant ainsi recréer en studio l'effet d'un concert. MÉ hybride? Absolument! Loin des terres de la Berlin School et de la musique ambiante traditionnelle, ce dernier opus de Bouvetøya respire tout de même ces vieux parfums des années d'éther mais dans une ambiance plus cinématographique, plus visuelle, avec des rythmes insondables qui sont assez intrigants pour se mériter une toute nouvelle division du label allemand SynGate. Un pari audacieux qui souligne qu'il y a encore des créateurs qui cherchent encore à innover, même dans une enveloppe ténébreuse. Et alors que l'on peut sentir des influences de Steve Roach, de Manuel Gottsching et de Klaus Schulze, la musique de BLUE PLANET TALISMAN reste insaisissable avec une empreinte unique où le drame et la mélancolie servent de toiles de fond à une musique qui dépeint avec justesse la vision et les ambiances du dessin de Martin Millar.

Cosine et Blue Planet Talisman sont soudés ensemble et si ça ne serait pas d'un mauvais fade-out, on pourrait en dire autant de New Wave Factor qui marche sur les traces de la pièce-titre avec un genre de marche militaire. Les roulements des percussions sont tout autant feutrés, alors que des impulsions de basse tissent un canevas dramatique d'où se détache des lignes qui rampent comme des vers résonnants et qu'une délicate mélodie est soufflée par un synthé qui subdivise ses lignes en harmonies flûtées. Plus le titre avance et plus un genre d'anarchie s'installe, créant un savoureux paradoxe entre la quiétude initiale et une finale plus effervescente. Si on aime, et on va aimer, Timeslip qui est sculpté dans le même tissu sonique alors que les ambiances d'un bleu épouvante saisissent les 53 minutes de BLUE PLANET TALISMAN. Black Sea of Trees est un remixe d'un titre de Bocuma. Et les ambiances, et les harmonies et le rythme, qui s'appuie sur de constants pétillements, seraient des doubles ou des ombres de New wave Factor que l'on ne serait pas surpris. C'est un beau titre, sans vraiment de structure de rythme enlevante mais très efficace, avec une belle mélodie qui hante le cerveau. Moon Annexe est plus violent avec un rythme ambiant électronique qui tambourine assez sourdement dans de larges nappes de synthé aux arômes iodés de Klaus Schulze, période Timewind. Après le surprenant Timeslip, Townland nous amène dans les rythmes mous qui sont inspirés des ambiances arabiques. Ça fait très pharaonique, tant par la riches des ambiances que par le rythme qui rappellent ces longues caravanes et leurs chars allégoriques traînés par des esclaves. Toujours maculé par cette fascinante sensation de poussière bleue qui inonde la musique de BLUE PLANET TALISMAN, 64 Lightshow est un titre ambiant lourd et plein de mystères où se niche une délicate berceuse morphique. Element 115 offre une belle ballade, quasiment un down-tempo morphique, noyé par des nappes d'orgue. Comme dans le temps de Procol Harum. Les percussions/pulsations imitent un cœur en peine alors que le synthé aux chants philharmoniques jettent une aura très mélancolique. Il y a beaucoup d'émotions dans ce titre qui pourrait aussi bien servir à la musique de finale d'un film de western intergalactique. Sine boucle la boucle avec une approche ambiante qui nous ramène à Cosine, concluant un fascinant album qui fait l'étalage de tout le talent de Bouvetoya pour rendre en musique ce que son regard assimile. Il y a du très bon matériel dans cet album qui, au départ, vous fera sourciller mais qui à la longue saura vous amadouer. J'ai mieux aimé l'expérience de BLUE PLANET TALISMAN avec un bon casque d'écoute.

Sylvain Lupari (21/03/16) ***½**

Disponible au SynGate Bandcamp

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