“Ancré dans les panoramas de Moonquake, la musique ici voyage entre ses paysages lunaires et ses impulsions pour les modèles Berlin School et Psybient”
1 Musica Universalis 13:12
2 Harmonic Spheres 4:57
3 Sonic Pythagoras 13:36
4 Interplanetary Polyphony 10:04
(CD-r/DDL 41:49) (Ambient)
La géométrie mis en musique! C'est dans une pochette aussi sobre que son contenu que Bouvetøya nous présente son dernier album, distribué en CD-r et en téléchargement par le label SynGate et sa division Wave. Ancré dans les derniers panoramas de Moonquake, la musique de GEOMETRIUM voyage entre ses paysages lunaires et ses impulsions pour le modèle Berlin School tout en profitant d'une fissure entre les deux univers pour flirter avec le modèle Psybient. C'est un album que j'aurais vu dans la division Luna, considérant son approche ambiante progressive dont les poussières forment des down-tempo plus ou moins convaincant.
Des effets électroniques d'outre-monde libèrent GEOMETRIUM du silence. Une longiligne onde nasillarde aux tonalités de Farfisa serpente cet horizon sonore devenu soûl d'éther. Très tôt, elle subdivise son effet avec une onde de chant sans voix, sauf pour un lointain gémir qui lui donne une apparence spectrale. C'est dans un paysage d'ambiances lugubres, de la période Picture Music de Klaus Schulze, que Musica Universalis nous introduit à un album qui m'a laissé sur mon appétit Une ombre de basse lâche un premier souffle un peu après les 3 minutes. C'est d'ailleurs après un de ces souffles que des battements intensifient une présence rythmique qui est accompagné du langage de cymbales. L'onde devenue plus musicale rayonne avec des impulsions qui enrichissent sa portée et qui s'accroche plus à un down-tempo dans un panorama de psybient, comme les univers de Solar Fields et Carbon Based Lifeforms. Une ligne de riffs et des harmonies très espacées du synthé donnent plus de relief à cette structure qui flirte même dans son dernier tiers avec une brève phase plus animée. Ainsi est Musica Universalis et ainsi sont Harmonic Sphères, qui épouse sensiblement le même pattern sans l'éclosion rythmique, et Sonic Pythagoras qui est sans doute le titre-phare de GEOMETRIUM.
Un bon titre, intense comme dans les bons moments de Moonquake, ses 6 premières minutes sont tissées dans la rêverie avec des arpèges tintant, et dont l'écho dessine une très belle mélodie lunaire. Par la suite, une ligne spasmodique couche une structure nerveuse et statique qui sert d'assise au synthé et à ses décorations filiformes et twistés. Une ligne d'oscillations se joint au rythme qui déploie aussi une ligne de séquences nerveuses. Cette structure sans but s'accroche à une ligne de basses séquences, aidant Sonic Pythagoras à rejoindre une structure plus Berlin School qui cherche constamment ses repères dans le royaume du Psybient. Et c'est dans cette vision de rythme statique que le titre égrène ses derniers moments qui s'étirent un peu trop. Mais l'ouverture est géniale! Interplanetary Polyphony termine l'album avec un long corridor d'ambiances empruntées aux vestiges de Musica Universalis. Et contrairement à ce titre, il n'y aura point de rythme ici. Juste des ambiances riches de ces tonalités vintages où les synthés de Klaus Schulze avaient ce petit côté nasonnant qui leur donnait une tonalité bien distincte. Une douce mélodie, un brin lugubre mais tout de même assez efficace, se forme à l'intérieur de cette multiplicité des ondes sonores. Donnant ainsi ce petit coup de pouce pour que GEOMETRIUM se hisse à la barre des albums acceptables. Il y a eu mieux, comme il y a eu pire! Tant de Michael Jones que dans les sphères de la MÉ en général.
Sylvain Lupari (28/10/19) *****
Disponible au SynGate Bandcamp
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